CLASSES PREPAS, ECOLES DE MANAGEMENT

« Les oraux sont le seul moment où une école peut vraiment montrer qui elle est »

Classée première pour son accueil des candidats par le site Major Prépa depuis 2 ans, Burgundy School of Business (BSB) est une experte en passage des oraux. Les explications d’un directeur très impliqué : Stéphan Bourcieu.

Olivier Rollot : Votre progression au Sigem, le système d’affectation des élèves de prépas après les concours, a été tout à fait remarquable en 2016. Elle pourrait l’être encore cette année ?

Stéphan Bourcieu : Nous avons en tout cas enregistré une hausse de 15% des inscriptions cette année avec 3250 demandes et nous sommes l’école qui progresse le plus. Si j’en crois les statistiques de l’année dernière nous devrions avoir 2500 admis et environ 1600 devraient se déplacer pendant les deux semaines que durent les oraux. Après on ne peut pas présager combien nous rejoindrons ou nous choisirons plutôt que les trois écoles qui nous précèdaient dans le Sigem en 2016 : Montpellier BS, l’EM Strasbourg et Télécom EM. D’autant que nous avons cette année obtenu l’accréditation Equis qu’elles n’ont pas.

O. R : Qu’attendez-vous de vos candidats aux oraux ?

S. B : Nous faisons passer un entretien de personnalité. Les écrits donnent un seuil académique. L’objectif est ensuite de savoir si les personnalités correspondent à l’école, à ceux que nous voulons voir nous rejoindre. Cela peut être quelque peu décorrélé des notes quand nous avons affaire à quelqu’un qui présente une personnalité très intéressante et dont on pressent qu’il ira loin. A l’inverse nous pouvons ne pas avoir du tout envie de recruter un candidat pourtant très bien noté.

O. R : Cela reste stressant pour les candidats ? Après tout ils sont certains d’être pris dans au moins une école…

S. B : Ce stress vient du fait qu’ils ont, à raison, pour ambition d’atteindre l’objectif le plus élevé, au plus haut de leur potentiel, voire au-delà. C’est d’ailleurs la même chose pour nos Ecoles : nous cherchons à recruter des candidats qui sont également admis dans des écoles considérées comme au-dessus.

O. R : Pensez vous faire évoluer la façon dont vous faites passer les oraux ?

S. B : Nous avions prévu de les révolutionner cette année mais nous restons finalement très classiques. Un groupe y travaille. Nous recevons de très bons candidats, qui savent très bien s’adapter à notre modèle d’oraux actuels : il faudrait renforcer le degré d’incertitude pour les faire sortir de leur zone de confort et recréer de la spontanéité chez eux.

O. R : Vous comprenez que cela décontenance quelque peu les professeurs de prépas de voir les écoles inventer chacune leur propre méthode de passage alors qu’elles n’ont guère de moyens pour faire passer les oraux ?

S. B : Certaines écoles, la nôtre notamment, leur proposent justement de recevoir des chargés de promotion qui viennent expliquer comment se préparer aux oraux, se présenter, ce qu’il faut dire, etc. Un certain paradoxe je l’admets quand on attend de la spontanéité des candidats…

Concernant les prépas il y a une vraie disparité entre des prépas qui proposent de se préparer largement aux oraux et d’autres qui ne s’y intéressent réellement qu’une fois les écrits passés. Deux ans de préparation d’un côté, 1 mois de l’autre.

O. R : BSB est depuis deux ans l’école qui propose le meilleur accueil des étudiants lors des oraux selon le site Major Prépa. Quelle est votre méthode ?

S. B : Nous sommes dans une activité de service. Il est donc difficile pour les candidats de comparer les écoles sur la qualité de service une fois qu’ils ont intégré. Les oraux sont le seul moment où une école peut vraiment montrer qui elle est aux candidats, quels services elle offre. Il faut faire vivre l’école aux candidats en leur montrant comment nous sommes montés en gamme en matière de qualité de services. Les oraux font partie des marqueurs de montée en gamme, au même titre que la cérémonie de remise des diplômes par exemple.

Tout le souci est d’être ensuite à la hauteur de la promesse et c’est là qu’un bon accueil tire encore plus BSB vers le haut pour démontrer ce que nous avons promis. Si nous avons progressé de quatre places dans le Sigem en 4 ans c’est en partie parce que l’école sait accueillir ses candidats.

O. R : Les admisseurs jouent un rôle central dans cet accueil !

S. B : Ils sont 60 quand 200 postulent parmi les 300 étudiants de 1ère année. Aujourd’hui les étudiants se battent pour être dans les équipes d’admisseurs, tant c’est considéré comme une expérience enrichissante, quand il y a quelques années c’était plutôt une solution pour ceux qui n’avaient pas trouvé de stage.

Ces 60 admisseurs vont être nos premiers prescripteurs. L’accueil dure six semaines. C’est long. On ne peut pas transmettre son enthousiasme sur une durée aussi longue si on n’est pas vraiment convaincu par son école. C’est un cercle vertueux : si vous donnez aux étudiants ce qu’ils attendent, ils transmettront leur satisfaction à d’autres.

O. R : Cette année votre film admissibles est justement consacré aux admisseurs. En 5 ans ce sont devenus des classiques qu’on attend chaque année. Comment vous en est venu l’idée ?

S. B : En 2012 nous avons eu des mauvais résultats au concours BCE et nous avons réfléchi à comment revoir de fond en comble notre concours. Ce film, que nous diffusons le matin avant mon discours aux candidats, y participe en donnant le ton de toute la journée. Il ne s’agit pas simplement de faire des vues sur YouTube ! Il faut raconter une histoire qui transmette nos valeurs même si cette année nous avons plutôt joué un ton décalé.

De plus les tournages sont un vrai « team building » pour les admisseurs qui affrontent des conditions pas toujours faciles : cette année le froid en tee shirt sur une base de l’armée, une autre année nous avons tourné une grande partie de la nuit et je peux vous garantir que quand on partage des paquets de Haribo à 3 h du matin on crée un vrai esprit entre nous ! Nous formons une véritable équipe.

O. R : Vous donnez aux candidats qui restent dormir une nuit – à peu près la moitié – un spectacle chaque soir. Jusqu’au faut-il aller dans le côté festif ?

S. B : Nous recevons chaque soir entre 50 et 100 candidats auxquels nos admisseurs proposent un spectacle. Il faut des moments de détente mais d’abord de sérieux : nous sommes avant tout une école et on vient chez nous pour travailler même si on veut aussi profiter de ces années pour s’amuser.

O. R : Vous êtes le directeur d’école de management le plus présent dans les classes prépas mais aussi pendant les oraux. Est-ce cela qui explique votre progression ?

S. B : Je fais effectivement une tournée de 30 à 40 classes prépas chaque année pour parler avec les élèves non pas de l’école mais de sujets plus larges comme « La France dans la mondialisation », le sujet de mon livre, « Une école de management et après ? » ou encore « Le dirigeant d’entreprise ».

Pendant les oraux je suis présent chaque jour, parfois pour remobiliser les admisseurs quand je vois qu’ils se laissent un peu aller, souvent pour discuter avec un candidat que j’ai rencontré dans sa classe auparavant. Quand on fait ce métier il faut être proche des élèves, sinon quel intérêt !

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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