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Grandes écoles : une insertion professionnelle qui se maintient

La Conférence des Grandes écoles a publié ce mardi 16 juin les résultats de l’enquête insertion 2015 portant sur l’intégration professionnelle des deux dernières promotions de diplômés des grandes écoles. Alors que, ces trois dernières années, les ingénieurs semblaient mieux tirer leur épingle du jeu que les managers, le mouvement semble s’inverser cette année.

Baisse des CDI

Si le taux net d’emploi de la promotion 2014 reste stable par rapport à 2013 (autour de 80% et 93% pour l’avant dernière promotion), si le salaire moyen connaît une légère hausse (+358€ par rapport à 2014), la part des diplômés recrutés en CDI tend à diminuer : -2.5 points sur l’ensemble de la promotion 2014. Cette baisse est surtout forte chez les ingénieurs où le taux de CDI baisse de 76,6% à 72,9% en un an. Et encore plus prononcée chez les femmes : plus souvent en recherche d’emploi que les hommes, les femmes travaillant en France obtiennent moins souvent un CDI au début de leur carrière, surtout chez les ingénieurs. Parmi ces derniers, une femme sur trois est en CDD (33,6 %) pour un homme sur cinq (19,2%). Avec le recours de plus en plus facile au CDD que promet Manuel Valls, on peut imaginer que le taux de CDI est encore appelé à diminuer à l’avenir.

Une insertion qui reste rapide

60% des élèves souhaitant trouver un travail ont été recrutés soit avant leur sortie de l’école, soit 2 mois après. Il faut néanmoins souligner l’augmentation du nombre de diplômés qui sortent des écoles sans emploi : il passe de 16% en 2014 à 16,6% en 2015. Cette augmentation concerne principalement les nouveaux ingénieurs (+3,2% entre 2013 et 2015).

Les stages de fin d’études restent la voie privilégiée d’accès à l’emploi : 29,8% des nouveaux diplômés ont été embauchés via ce biais. Cette tendance est d’autant plus marquée pour les ingénieurs : un tiers d’entre eux a décroché un emploi par ce moyen. Les deux autres voies qui ont été les plus efficaces pour décrocher un emploi sont les sites internet spécialisés dans l’emploi et les relations personnelles (respectivement 14,2% et 8,7% des nouveaux diplômés). On remarquera que les moyens fournis par l’université (Réseau alumni, Service emploi et Forums) ont permis à seulement 8% des diplômés d’accéder à un emploi.

La principale difficulté rencontrée par les jeunes diplômés en quête d’un emploi est le manque d’expérience professionnelle. L’accès difficile aux offres d’emploi, la mise en valeur des compétences et le salaire insuffisant constituent également des freins importants dans leur recherche.

Quel lieu de travail ?

Les comportements des managers et des ingénieurs sont très différents lorsqu’il s’agit de choisir un lieu de travail. En effet, alors que 50% des ingénieurs favorisent un début de carrière en province, les managers ne sont que 21% à choisir cette voie et privilégient à 56% de débuter en Île-de-France.

En 2015, plus d’un jeune diplômé sur six a décidé de travailler à l’étranger. Le Royaume-Uni, la Suisse et l’Allemagne restant les trois pays qui attirent le plus. Comme les années précédentes, les managers s’exportent plus que les ingénieurs à l’étranger. Il faudra toutefois noter l’accroissement de 4 points du nombre d’ingénieurs travaillant à l’étranger, passant ainsi de 11% en 2014 à 15% en 2015. Bernard Ramanantsoa, président de la commission aval de la CGE et directeur général d’HEC, tient à préciser qu’ « il ne faut pas interpréter cette hausse du nombre d’ingénieurs travaillant à l’étranger comme une fuite des cerveaux. Les ingénieurs sont simplement en train de rattraper leur retard ».

Une rémunération en très légère hausse

La rémunération brute annuelle moyenne (hors primes et avantages des nouveaux diplômés est de 35 055€ soit une hausse de 358€ par rapport à 2014.

Mais en dépit de cette légère hausse, l’évolution des rémunérations en euros constants (qui prend en compte l’inflation) nous indique que les rémunérations moyennes des managers ont baissé de 7% et celles des ingénieurs de 2% entre 2005 et 2015.

Des inégalités persistantes hommes/femmes

Bernard Ramanantsoa le souligne, « les femmes sont encore largement défavorisées en ce qui concerne  le taux net d’emploi, le type de contrat de travail, le salaire, le statut cadre… mais l’écart se resserre légèrement ». En effet, 66,8% des femmes décrochent leur premier emploi en CDI alors que c’est le cas pour 78,2% des hommes. De même, les femmes ont en moyenne moins accès au statut cadre que les hommes, qu’elles soient managers ou ingénieurs (11 points de différence). Enfin, bien qu’elles se réduisent légèrement, les différences salariales subsistent : une femme gagne en moyenne 3 607€ de moins qu’un homme si l’on considère le salaire brut annuel moyen avec primes.

Il existe également des inégalités entre les groupes des managers et ingénieurs. Par exemple, un manager-homme diplômé en 2014 reçoit en moyenne 1 000 € de plus hors primes qu’un ingénieur-homme. De même, les ingénieurs obtiennent moins souvent des CDI que les managers : 72,9% contre 76,5% en 2015.

Juliette Berardi

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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