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Etudier aux Etats-Unis ? 10 questions à se poser…

Les élections américaines viennent d’avoir lieu et ont pu donner envie de partir étudier là bas, comme les quelques 8000 étudiants français qui vont chaque année suivre un cursus aux États-Unis. Mais avant de passer la douane US il leur faut prendre le temps de comprendre ce qui les attend… «Les étudiants français n’ont généralement aucune idée de ce qu’est le système universitaire américain. Ils sont par exemple persuadés que le LMD (licence-master-doctorat) s’applique comme en Europe», commente Céline Ouziel qui reçoit plusieurs centaines d’étudiants chaque année à la Commission franco-américaine, l’organisme paritaire franco-américain qui assure la promotion des échanges transatlantiques.

Le campus d’Harvard vu du ciel (photo Greg Hren)

1. Les diplômes sont-ils les mêmes qu’en Europe ?

Eh non, les Américains n’ont pas adopté le LMD. Tout au contraire les universités délivrent d’abord un diplôme qui dure 4 ans après la fin des études secondaires: le Bachelor’s Degree (diplôme de bachelor), le plus souvent en Sciences ou en Arts. Il est ensuite possible de s’inscrire dans des Master’s Degree qui durent 1, 2 et même parfois 3 ans selon la spécialité et l’université choisies.

Comme en France, ces Masters peuvent être axés sur la recherche (Research Master’s Degree, qui comprennent le plus souvent la rédaction d’un mémoire) ou plus professionnels (Professional Master’s Degree dont les plus connus sont le Master of Science et le Master of Arts). On parle de cycles Undergraduate (avant la licence) et Graduate (le master).

Vu le coût des études, la plupart des étudiants américains inscrits en masters ont déjà commencé à travailler avant de revenir à l’université pour s’y spécialiser.

Enfin, les élèves peuvent s’inscrire en PhD, un doctorat qui dure au moins 5 ans et peut démarrer dès l’obtention du Bachelor, le Master en faisant alors intégralement partie, ou démarrer après l’obtention d’un Master. Dans certaines matières, comme le droit, il existe des doctorats moins longs menant à la pratique juridique.

2. A quel niveau partir?

Les étudiants français présents sur le sol américain se répartissent à peu près équitablement entre ceux qui partent en cycles Undergraduate et Graduate. Partir dès le bac est donc possible au bémol près que les universités américaines, uniquement publiques, favorisent plus les étudiants de leur Etat en premier cycle. Elles sont nettement plus motivées par la réception d’étudiants internationaux en master.

3. Comment faire reconnaître son diplôme?

Si votre bac français est facile à faire valider par les universités américaines, tout se complique si vous avez commencé des études supérieures. Notamment si vous êtes titulaires d’un BTS ou d’un DUT. Les élèves de prépas risquent eux de souffrir de la faiblesse des notes que leur accordent chichement leurs professeurs. Les démarches seront nettement plus faciles dès l’ordre que vous aurez obtenu un premier diplôme de niveau licence et plus. Si un master 1, voire un master 2 à UCLA par exemple, sont normalement demandés pour intégrer un Master’s Degree, un tiers des universités – pas forcément les moins prestigieuses – acceptent des titulaires de licence. Dans tous les cas, vous devrez faire traduire vos bulletins en anglais afin de faire valider vos crédits. Lorsque vous partez après le bac, l’université susceptible de vous accueillir regardera jusqu’à vos notes de 3ème.

4. Quand se préparer?

Si la mobilité européenne est très bien organisée, il est en revanche plus compliqué – et plus coûteux – d’aller outre-Atlantique. Alors que les grandes écoles de commerce ou Sciences Po ont rendu obligatoire une expatriation allant de six mois à un an et possèdent des systèmes bien rodés, c’est loin d’être le cas dans les écoles d’ingénieurs et à fortiori dans les universités. Vous devrez donc vous préparer longtemps à l’avance, 1 an et demi avant votre départ au moins, et même dès la seconde si vous voulez partir après le bac. Ce n’est en effet pas en terminale que vous aurez le temps de résoudre tous les problèmes de choix d’université, visas, logement, etc.

5. Y a-t-il des examens à passer ?

Il n’existe pas de bac aux Etats-Unis et, pour être quand même sélectives, les universités ont missionné des organismes privés afin d’organiser des examens qui en tiennent lieu : le SAT et l’ACT. Vous aurez à les passer si vous voulez partir après le bac. La quasi-totalité des universités examinent à la loupe les résultats des candidats qui bachotent pendant des années pour être reçus dans les meilleures universités. Pensez à regarder le niveau moyen des étudiants reçus sur les sites des universités.

Des sessions écrites sont organisées six fois par an dans le monde et dans une dizaine de villes en France. Vous pouvez passer indifféremment le SAT (http://sat.collegeboard.com/home) ou l’ACT (http://www.actstudent.org. Ces tests sont bien évidemment payants et le passage de l’ACT en France coûte par exemple 73$ (53 euros).

6. Comment prouver son niveau en anglais ?

Quel que soit votre niveau de départ, il vous faudra prouver votre niveau minimum en anglais déterminé par des tests payants dont les plus courants sont le TOEFL (Test of English as a Foreign Language http://www.ets.org/toefl) et l’IELTS (International English Language Testing System http://www.ielts.org). Les étudiants en économie-gestion pourront être amenés à passer un test spécifique: le GMAT (http://www.mba.com/mba/thegmat). Même si les étudiants n’ayant pas le niveau peuvent bénéficier de courts d’anglais intensifs, ayez de toute façon conscience que vous n’allez pas aux Etats-Unis pour y apprendre l’anglais mais pour y suivre des cours comme n’importe quel étudiant.

7. Cela coûte vraiment si cher ?

Eh oui. Comptez de l’ordre de 40 000$ (28 000 euros) par an pour aller à Harvard et 108000$ (79000 euros) pour suivre un MBA (master of business administration) à Harvard. Résultat, si 72% des étudiants américains reçoivent des bourses, ils n’en sont pas moins de plus en plus obligés de s’endetter pour suivre leur cursus. La moyenne des universités américaines estimée par l’organisme College Board (http://about.collegeboard.org/what) est de:

  • 2 700 $ par an (2 000 euros) dans les Community Colleges ;
  • 19 600$ par an (14 350 euros) dans les universités publiques ;
  • 27 200$ par an (20 000 euros) dans les universités privées ;

Si on y ajoute, les frais de logement, de nourriture, d’assurances santé ou encore de transports sur place, on arrive à une moyenne de:

  • 28 100$ par an (20 500 euros) dans les universités publiques ;
  • 37 000$ par an (27 000 euros) dans les universités privées.

8. Y a-t-il d’autres établissements que les universités ?

20% des étudiants français qui partent en cycles Undergraduate optent aujourd’hui pour les Community Colleges. Un peu comme en France en BTS ou en DUT, on y suit en deux ans après l’équivalent du bac un cursus à finalité professionnelle qui débouche sur des Certificates (diplômes professionnels) ou des Associate’s Degree. Passer par un Community College peut permettre, sous réserve d’avoir validé des cours de culture générale, de poursuivre ensuite ses études dans des universités.

Avantage : ils sont beaucoup moins chers que les universités avec des frais de scolarité annuels qui oscillent aux alentours de 5000$ pour les étrangers. Ils sont d’ailleurs aujourd’hui pris d’assaut par des Américains qui ont de moins en moins les moyens de payer pendant 4 ans les frais de scolarité exorbitants des universités. Seul bémol, tous les Community Colleges n’ont pas encore l’habitude de recevoir des étudiants étrangers. Choisissez donc plutôt un dans une des régions où cela se pratique plus comme la Californie ou la Floride. Il existe également des Colleges indépendants des universités qui délivrent uniquement des Bachelors.

9. Comment savoir si une université est de bonne valeur?

Sur un peu plus de 8000 universités seulement 4937 sont accréditées par les organismes d’accréditation – privés – mandatés par le gouvernement américain. D’abord accrédités régionalement, les universités et facultés peuvent ensuite l’être par des organismes nationaux. C’est par exemple le cas des meilleures facultés d’économie gestion qui sont auscultées par l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business). (http://www.aacsb.edu/).

Pour retrouver toutes les universités accréditées, allez sur le site du Council for Higher Education Accreditation (http://www.chea.org/) où vous trouverez quantité d’informations utiles. Le tout étant de ne pas vous faire embringuer dans ce qu’on appelle des «diploma mills», des «usines à diplômes» qui délivrent de beaux parchemins sans aucune valeur.

10. Comment se déroulent les cursus?

Pas question ici de s’engouffrer dès le bac en médecine ou en droit! Les deux premières années de bachelor universitaire sont très libres. Loin de se spécialiser tout de suite comme en France, les étudiants américains piochent dans les cours parmi toutes les matières dont seulement quelques unes sont obligatoires. Sciences, littérature, arts, ils se construisent un parcours à la carte avant d’opter pour des spécialisations en troisième année. Même un non scientifique doit avoir validé des cours de sciences qui leur sont d’ailleurs spécifiquement destinés.

Olivier Rollot (@O_rollot)

  • La Commission franco-américaine
  • La Commission franco-américaine facilite les échanges entre la France et les Etats-Unis grâce à un budget qu’elle reçoit principalement des gouvernements français et américain mais aussi de certains conseils régionaux et de partenaires privés. Elle organise cette année trois journées de rencontre avec les étudiants – les 5 avril, 11 mai et 5 juin de 10h à 16h – dans ses murs à Paris. Les frais d’inscription sont de 5 euros. Plus d’infos sur son site.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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