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La gestion des anciens au coeur de l’économie des grandes écoles: entretien avec Laurent Allard, directeur général d’HEC Alumni

L’Association des anciens d’HEC, HEC Alumni, qui vient de fêter ses 130 ans, est l’une des plus puissantes associations d’anciens élèves de France. Son directeur général, Laurent Allard, revient sur les enjeux nouveaux qu’elle rencontre aujourd’hui avec la montée en puissance des réseaux sociaux et la mondialisation.

 Allard Laurent (HEC Alumni) webOlivier Rollot : L’Association des anciens d’HEC, HEC Alumni, est-elle aujourd’hui la plus puissante de France?

Laurent Allard: Avec 15 000 adhérents pour 48 000 diplômés nous sommes en tout cas parmi les plus puissantes. Je ne vois guère que l’association des anciens des Arts et Métiers avec ses traditions anciennes, fortes et ancrées pour être encore plus soudée que nous ne le sommes. Il y a une vraie «fibre» HEC qui se concrétise par une adhésion chez nos diplômés c’est de plus en plus vrai à mesure que les années passent.

Schématiquement un diplômé commence par s’installer, trouve un emploi puis, au bout de deux expériences professionnelles, voit tout l’intérêt d’une démarche réseau et solidaire, et se tourne vers l’association  autour de 35 ans. Mais nous constatons aussi, qu’alors que 60% des étudiants d’HEC étaient adhérents à la fin de leur cursus, ce sont aujourd’hui 60% qui adhérent dès la première année.

O. R : Avec la montée des réseaux sociaux sur Internet et le départ de plus en plus nombreux à l’étranger des anciens, vous devez répondre à deux grands défis aujourd’hui.

L.A : C’est un moment incroyable et plein d’opportunités. Nous avons aujourd’hui 8000 anciens qui travaillent à l’étranger et qu’il faut toucher. Quand on sait qu’aujourd’hui 40% des étudiants d’HEC, tous programmes confondus, sont étrangers, on peut imaginer qu’autour de 40% des diplômés en général partent aujourd’hui travailler à l’étranger et on mesure quels bouleversements nous sommes en train de vivre.

Bernard Ramanantsoa [le directeur général d’HEC] a conçu une stratégie gagnante qui a transformé une école 100% française et ouverte aux élèves de prépas en un acteur mondial. Quand une école a 800 anciens qui sont implantés en Chine, 1300 à Londres ou encore 800 à New York, on peut vraiment y travailler un réseau. Dix ans après que l’école se soit vraiment internationalisée, l’association est à son tour à un moment charnière de son histoire.

O. R : Mais comment faites-vous pour concurrencer les réseaux sociaux ?

L.A : Nous avons implanté dans notre nouveau site Internet de nouvelles fonctionnalités proches de celles des réseaux sociaux dont nous sommes complémentaires. Avec 18000 membres de notre groupe sur Linkedin nous sommes le quatrième groupe le plus actif, tous sujets confondus. Nous sommes également présents sur Facebook ou Twitter. Nous venons de recruter un community manager pour être encore plus présents sur tous ces réseaux.

O. R : L’association compte beaucoup de bénévoles ?

L.A : Énormément d’anciens – aux alentours de 1500 – animent 48 groupements professionnels, 28 groupes en région et 75 dans le monde entier mais également 25 clubs « loisir » et quatre groupes thématiques comme HEC Au Féminin, qui a été le premier dans une association de grande école et a depuis essaimé un peu partout. Le groupe HEC bénévolat fait lui  le lien entre les HEC qui ont du temps à consacrer et d’autres associations.

Nous avons également 300 délégués pour toutes nos promotions (grande école, MBA, mastères spécialisés etc.) qui organisent régulièrement des événements festifs. Nous estimons à plus de 1000 les événements organisés chaque année par les diplômés bénévoles dans le monde entier.

O. R : Votre budget provient à 100% des cotisations ?

L.A : Essentiellement (70%) mais pas uniquement. Nous sommes une PME qui gagne sa vie avec aujourd’hui dix-sept permanents. Nous avons développé certains des services payants à grande valeur ajoutée pour les diplômés quel que soit leur parcours et nous vendons aussi des pages de publicité dans nos différentes publications.

O. R : Donc, vous ne dépendez en rien d’HEC ?

L.A : L’association a toujours beaucoup tenu à son indépendance. Nous n’en collaborons pas moins de très près avec l’Ecole et la Fondation HEC, qui ont d’ailleurs chacun un siège à notre comité depuis maintenant 1 an. 60% des donateurs de la dernière campagne de levée de fonds de la Fondation HEC, qui a rapporté 112 millions d’euros, sont des particuliers et quasi tous des anciens. Aujourd’hui un tiers du bulletin d’adhésion de l’association est réservé à l’appel de don pour la Fondation. Nous sommes le premier niveau d’action de la fondation car nous faisons vivre le lien d’HEC avec ses anciens .

O. R : Justement, comment faites-vous pour faire vivre ce lien ?

L.A : Nous avons quatre grands axes. Le premier c’est bien évidemment le soutien l’accompagnement dans la carrière de nos anciens. Nous faisons ainsi passer plus de 550 entretiens individuels chaque année. Nous organisons également des « ateliers carrière », par exemple avec deux heures consacrées aux basiques du réseau, comme de véritables séminaires de trois jours sur des thèmes comme « Devenir indépendant » ou « Bilan projet». L

es réunions « Synergies-Carrières AVARAP » permettent elles à une douzaine de cadres de travailler ensemble sur leur carrière dans la durée (chaque semaine pendant 8 mois), redéfinir leur projet et bénéficier d’un réseau et d’entraînement. Et pas seulement à des d’HEC mais aussi à beaucoup  de diplômés issus d’autres grandes écoles qui ont entendu parler de notre service.

O. R : Vous insistez beaucoup également sur la notion de « mentoring ».

L.A : C’est une logique de parrainage avec aujourd’hui quelque 1200 mentors qui sont prêts à aider un ancien qui cherche à se repositionner, créer une entreprise, s’installer au Japon, etc. Notre site propose un outil qui permet de matcher les futurs couples de mentor/mentoré qui seront ensuite appelés à travailler ensemble pendant six mois au rythme qui leur conviendra. Beaucoup de jeunes de 30/35 ans sont aujourd’hui à la fois mentors et mentorés en fonction de leur expertise et de leurs besoins. Mais c’est aussi un moyen très efficace d’aider les jeunes diplômés et environ la moitié des mentors suivent des jeunes qui sont encore étudiants.

O. R : Évidemment l’association produit de l’information en ligne et dans votre magazine.

L.A : En ligne nous publions même aujourd’hui un magazine qui propose des articles différents de la version papier, plus axés sur l’international, avec encore plus d’articles en anglais. Cela complète notre revue « classique » qui est publiée six fois par an.

O. R : Pour faire vivre l’association, vous organisez également de nombreux événements.

L.A : Nous organisons notamment « Les Matins HEC » avec « Challenges », où sont régulièrement invités des dirigeants du CAC 40, ou « L’Heure H » où des acteurs de la vie économique, civile ou associative viennent présenter leur vision. Nous avons pu y recevoir des personnalités comme Bernard Attali, Stéphane Hessel ou encore Matthieu Ricard. Ce sont autant d’occasion d’entretenir le lien entre les anciens diplômés et de faire rayonner la marque HEC.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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