ECOLES DE MANAGEMENT

« Les diplômés de Télécom EM sont des spécialistes de la transition numérique »

Basée à Evry, Télécom Ecole de Management (TEM) se singularise par une forte synergie avec sa voisine ingénieur Télécom SudParis mais aussi par des frais de scolarité modestes et une excellente insertion professionnelle de ses étudiants. Egalement président de la Commission développement durable et RSE (responsabilité sociale des entreprises) de la Conférence des Grandes Ecoles son directeur, Denis Guibard, revient sur les enjeux actuels des écoles de management.

Olivier Rollot : D’après la dernière enquête de la Conférence des grandes écoles, Télécom EM se place au-dessus de la moyenne des écoles sur la plupart des indicateurs. Comment obtenez-vous ces résultats ?

Denis Guibard : D’abord quelques chiffres : 93,1% des diplômés 2016 de TEM ont obtenu un poste en CDI, soit près de 11% de plus que la moyenne des diplômés des grandes écoles de management françaises (82,2%). Les jeunes diplômés de TEM sont aussi plus de 9 sur 10 à avoir trouvé un emploi dans les deux mois suivant l’obtention de leur diplôme (8 sur 10 en moyenne dans les grandes écoles concurrentes) et 73% ont trouvé cet emploi avant même de terminer leur scolarité. Enfin leur salaire moyen à l’embauche en France est de 40 540 € (primes comprises) quand la moyenne des écoles est de 40 269 €.

Le grand atout des diplômés de TEM c’est d’être des spécialistes de la transition numérique qui ont eu l’occasion de travailler avec les ingénieurs de Télécom SudParis avec lesquels ils partagent un campus commun. Le 4 septembre prochain nous accueillerons en même temps les 300 étudiants de chaque école qui auront ensuite en commun des cours de langue, de SHS, de développement durable ou encore d’éthique du numérique.

O. R : Cela rend vos étudiants particulièrement innovants ?

D. G : Depuis 17 ans nous organisons chaque année un Challenge Projets d’Entreprendre® commun pour les étudiants de deuxième année des deux écoles. Pendant une semaine ils travaillent en commun sur des projets. Certains choisissent d’intégrer la majeure entrepreneuriat en 3ème année et peuvent ensuite intégrer notre incubateur commun. Ils créent des entreprises comme Recommerce, le leader européen de la collecte de téléphones portables recyclés ou Auticiel, spécialisé dans les applications destinées aux personnes atteintes de troubles cognitifs et mentaux.O

O. R : Vos droits de scolarité sont les plus bas parmi les grandes écoles de management. Vous n’allez pas les mettre au même niveau que vos écoles concurrentes dans les années à venir ?

D. G : Ils augmentent cette année de 300€ mais restent les plus bas à 6650€ par an. De plus 50% de nos étudiants sont boursiers (bourses financées par l’IMT mais accordées selon les critères du Crous) en première année et ne payent absolument rien. Nous sommes une école publique qui a une mission d’ouverture sociale. Comme le souligne le Financial Times chaque année dans son classement nous sommes les premiers pour la valeur ajoutée (salaire à la sortie/coût total de la scolarité) apportée à nos étudiants ! Et encore ce classement ne prend en compte que le coût de scolarité affiché de 6 650€/an, or avec notre politique sociale, le coût moyen porté par les étudiants et leurs familles dans le programme grande école est d’environ 3 300€/an.

O. R : Qu’est-ce que vous apporte le fait de faire partie de l’Institut Mines Télécom ?

D. G : Nous sommes la business school de l’IMT et nous ne demandons qu’à travailler avec les autres écoles membres, notamment les écoles des Mines comme nous le faisons par exemple avec Mines Albi sur un master commun. L’IMT est un acteur central du projet « industrie du futur » et nous permet d’en faire partie.

O. R : Vos effectifs sont relativement modestes – 1500 étudiants dont 1100 environ uniquement pour le programme grande école -, peuvent-ils augmenter à l’avenir ?

D. G : Nos effectifs représentent effectivement un tiers de la taille moyenne des écoles membres du Chapitre des écoles de management de la CGE. Nous sommes une école à taille humaine, qui souhaite le rester et il nous serait impossible de croître significativement avec nos infrastructures actuelles. Ce ne serait possible que si on changeait de modèle pédagogique en donnant moins d’heures en présentiel. Mais je ne crois pas pour autant à l’école 100% numérique. Les étudiants ont besoin d’interactions avec les professeurs et entre eux.

O. R : Avant de devenir directeur de Télécom EM en 2014 vous étiez auparavant directeur du développement durable chez Orange. Vous êtes aujourd’hui président de la Commission développement durable et RSE (responsabilité sociale des entreprises) de la Conférence des Grandes Ecoles. Comment peut-on développer ces dimensions dans les écoles de management ?

D. G : Notre monde doit faire face à la limitation des ressources naturelles disponibles, au u changement climatique, à la transition numérique ou encore à des fractures sociales croissantes et on ne peut pas imaginer que les futurs cadres que nous formons ne comprennent pas tous ces enjeux. Il ne s’agit pas pour autant créer des diplômes dédiés – il n’y a pas assez de postes à prendre dans les entreprises – mais d’irriguer l’ensemble des cursus, en finance comme en ressources humaines, avec ces dimensions. Nous ne sommes plus comme il y a dix ans quand la fonction développement durable et RSE permettait essentiellement aux entreprises d’avoir bonne conscience. Aujourd’hui la transformation de nos modes de consommation et de production doit être traitée par l’ensemble des grandes écoles.

O. R : La Conférence des grandes écoles et la Conférence des présidents d’université se sont d’ailleurs dotées d’outils dédiés.

D. G : Tous les établissements d’enseignement supérieur doivent établir un plan de « développement durable et responsabilité sociétale » (DDRS) mais ils sont allés plus loin en créant une sorte de « TOEFL de la durabilité », le Sustainability Literacy Test (Sulitest), maintenant mondial. Toutes les promotions entrantes de TEM passent aujourd’hui mais aussi de plus en plus d’entreprises qui voient leur intérêt à apparaître comme des acteurs responsables.

Mais nous travaillons également sur des questions éthiques sur le Big Data et la protection des données en lançant cette année un programme spécialisé (le processus d’accréditation Mastère Spécialisé est en cours auprès de la CGE) « Data Protection Management » pour former des experts de la « Data Protection ». Des experts que devront avoir bientôt chaque entreprise si elles ne veulent pas payer des amendes importantes (jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires mondial !).

O. R : Un des sujets du moment est la « dépressurisation » que connaîtraient certains élèves de prépas en intégrant une école de management. Est-ce un phénomène qu’on rencontre également à Télécom EM ?

D. G : Ce phénomène reste marginal à TEM. Cela tient sans doute à plusieurs facteurs : comme je le disais nous sommes une école à taille humaine, avec des promotions qui évitent l’anonymat. D’autre part la mixité des populations entre les différentes filières de recrutement et le fait que tous les étudiants de première année ont la possibilité de loger sur le campus, favorisent un sentiment d’encadrement. Les enseignants-chercheurs savent aussi repérer les étudiants qui vivent cette transition pédagogique avec plus de questionnements, et les accompagnent de manière adaptée.

O. R : Vous recrutez essentiellement vos étudiants en classes prépa ? Avec quelles modalités à l’oral ?

D. G : Les étudiants issus des classes préparatoires sont majoritaires en première année puis ils sont un peu minoritaires pendant les deux années de master du fait de la diversité de nos filières de recrutement. Sous forme d’entretiens de motivation nos oraux sont classiques et permettent surtout d’établir si les candidats sont bien en adéquation avec le profil de l’école et ses caractéristiques propres et notamment autour des enjeux des technologies.

O. R : La forme de vos oraux pourrait évoluer dans les années à venir ?

D. G : On a commencé à y réfléchir mais rien n’est décidé.

O. R : Les accréditations sont de plus en plus importantes pour les business schools. Où en êtes-vous ?

D. G : Nous venons d’être réaccrédités par l’Amba et l’AACSB et nous réfléchissons à la meilleure stratégie à adopter pour obtenir Equis, passer ou non par Epas d’abord. Si nous faisons les deux cela signifie mettre l’école sous tension pendant 4 ans.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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