ECOLE D’INGÉNIEURS

« Les étudiants de l’ECE sont les bienvenus dans de grands laboratoires ! »


Christophe Baujault et Lamia Rouai sont directeur général et directrice générale deléguée d’ECE Paris, école d’ingénieurs. Depuis trois ans ils mettent l’accent sur le développement de la recherche et leurs étudiants sont particulièrement impliqués.

Lamia Rouai et Christophe Baujault

Olivier Rollot (@O_Rollot) : On ne le mesure pas forcément bien mais la recherche a pris une place importante à l’ECE Paris. Pourquoi ?

Lamia Rouai : Après un important travail de structuration, nous venons de tenir notre premier conseil scientifique pour fédérer un projet autour de trois thématiques : les nanotechnologies (Laboratoire des interfaces complexes et de l’organisation nanométrique), les mathématiques appliquées (Laboratoire de mathématiques appliquées et ingénierie financière) et le contrôle de systèmes complexes (Laboratoire d’analyse et contrôle des systèmes complexes). Pour mieux s’investir dans la recherche, nos 35 enseignants-chercheurs et 9 doctorants ont vu leur charge de travail remodelée : leurs 400 heures annuelles de cours en face à face se sont réduites de moitié au profit d’une centaine d’heures consacrées à la recherche et autant à l’encadrement des projets des élèves.

Christophe Baujault : Nous voulons créer des vocations pour la recherche chez nos étudiants. Un ingénieur doit être ouvert à l’innovation pour intégrer aujourd’hui une entreprise. Avec une tête plutôt bien faite que trop pleine ! Cela correspond à la fois aux recommandations de la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) et aux axes de de notre contractualisation avec l’Etat.

O. R : Aujourd’hui vous travaillez avec les meilleurs laboratoires de recherche?

L. R : Notre laboratoire de nanotechnologies travaille avec le laboratoire national de diffusion neutronique du CEA, l’Institut des nanosciences de Paris (UPMC) ou encore l’Institut Laue-Langevin (ILL) du CNRS. Nos enseignants-chercheurs ont leur bureau là-bas parce que ces instituts savent les compétences qu’ils peuvent leur apporter. La direction générale de l’armement (DGA) nous propose aujourd’hui de former ensemble des thésards.

O. R : Innovants vos ingénieurs sont-ils aussi des créateurs d’entreprise ?

C. B : Dix entreprises sont en permanence reçues au sein de notre incubateur. Nous travaillons également avec l’incubateur des Arts et Métiers ParisTech pour monter en compétences. Nos étudiants ont vraiment de plus en plus cet esprit « créateur ». Cette année nous avons même vu un étudiant de première année arriver avec un projet très abouti d’une application « HYPE » consacrée aux lieux tendances. A nous de faire vivre cet esprit avec des espaces ouverts et de créer l’alchimie qui donne confiance et permette le déploiement de leur créativité !

O. R : La réforme du lycée de 2010 a considérablement fait baisser le niveau en sciences des bacheliers. En ressentez-vous les effets ?

L. R : Le niveau s’est effectivement effondré en maths et physique. Pour y remédier, nous organisons des séminaires de remise à niveau en maths et physique pour nos bacheliers à la rentrée. Trois semaines intensives de « préparation aux études supérieures » pendant lesquelles nous leur apprenons également les méthodes de travail nécessaires.

O. R : Pour motiver vos étudiants, vous travaillez beaucoup en mode projet et avez même été récompensés pour cela par l’Etat.

C. B : Nous proposons à nos étudiants de travailler sur des projets concrets dès la première année et ils adhèrent totalement au concept. C’est dans ce contexte que nous avons été labellisé « Idefi » (initiative d’excellence en formations innovantes) par l’Etat en 2012 pour notre programme de « Valorisation des Projets des Etudiants ». Un programme dans lequel 90 de nos étudiants sont par exemple allés soutenir leurs articles scientifiques dans des congrès.

L. R : Des étudiants de première année de master qui vont défendre leur point de vue dans des congrès qui regroupent des professeurs tous titulaires de PhD ! Quand on leur demande de se préparer à aller à Oxford s’exprimer dans un congrès consacré aux drones ils comprennent vraiment pourquoi on leur demande de s’intéresser à la dynamique des fluides. Les étudiants veulent donner du sens à leur travail !
C. B : L’un d’entre eux a même été chairman lors d’une conférence. Maintenant il faudrait que nous puissions théoriser cette démarche d’apprentissage.

O. R : On parle beaucoup de transdisciplinarité. Vos étudiants peuvent se former au management par exemple ?

C. B : Nous avons la chance d’être sur un campus, le campus Eiffel, qui possède également des formations au management et avons ouvert un bi-cursus avec l’Esce. En y consacrant une année de plus, nos étudiants pourront ainsi obtenir son diplôme en plus du nôtre dès l’année prochaine. A la rentrée 2017 ce sera également possible pour ceux de l’Esce possédant un excellent niveau en sciences. Nous les préparerons dès leur troisième année. Pour nous ce n’est pas totalement nouveau car nous avons déjà des partenariats avec Audencia.

O. R : Il est également possible d’obtenir un diplôme à l’université en plus de celui de l’ECE ?

C. B : Oui en effet, pendant leur cursus à l’ECE Paris, certains de nos étudiants suivent un bi-cursus dans d’excellents masters 2 (UPMC, ParisSud…) en parallèle de leur dernière année.

O. R : La dimension associative est très présente à l’ECE ? 

C. B : Oui et elle peut même se conjuguer avec la recherche. Deux étudiants de l’association ECEpace sont ainsi impliqués dans un projet de l’Agence spatiale européenne qui va déboucher sur l’envoi de petits satellites (1dm3). Comme ils sont en 5ème année ils s’apprêtent à passer le relais à des étudiants de 4ème et ainsi de suite.

O. R : Tout cela c’est ce qui fait la différence avec d’autres écoles ?

C. B : Nous formons à un métier, pas comme les prépas qui permettent certes de réfléchir plus longtemps à son projet mais ne donnent la possibilité de sortir rapidement du cadre scolaire en montant des projets tangibles. Ce qui est encore plus le cas depuis que nous avons monté notre Fablab, l’ « ECE makers ».

L. R : A moins de viser le top 5 des écoles d’ingénieurs publiques, les écoles postbac sont aujourd’hui une très belle alternative aux prépas. D’autant que nos étudiants bénéficient d’une véritable ouverture internationale avec un semestre obligatoire à l’étranger et la possibilité de repartir en 5ème année. En tout nous avons passé 136 accords avec 106 partenaires dans 45 pays. Nous veillons de plus à que ces accords débouchent sur un enseignement concret. Nous ne voulons pas que nos étudiants suivent de simples semestre de découverte !

O. R : Question très triviale. Combien coûtent les études à l’ECE ?

C. B : 9000€ par an en moyenne. 30% de nos étudiants sont boursiers et nous consacrons chaque année 200 000€ à des bourses de 1700€ par an fondées sur les revenus des parents.

O. R : Avec au bout une bonne insertion professionnelle ?

L. R : Nos diplômés touchent en moyenne 39 000€ par an hors prime dans leur premier emploi. 70% sont recrutés pendant leur stage et 98% de ceux qui en cherchent ont un emploi avant leur diplomation en janvier. Car nous avons également de l’ordre de 20% qui continuent leurs études ou font une thèse pour se spécialiser dans un domaine technique. On les retrouve à CentraleSupélec mais aussi à l’étranger, à Montréal ou en Ecosse. Ils sont les bienvenues dans de grands laboratoires !

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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