CLASSEMENTS / PALMARES, ECOLE D’INGÉNIEURS, Non classé

Comment va fonctionner le « portail des données certifiées presse » de la Cdefi : les explications de Jean-Louis Billoet

La Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieur (Cdefi) vient de lancer un « portail des données certifiées presse » qui donne accès aux journalistes qui préparent des palmarès aux données chiffrées (nombre d’étudiants, poids de la recherche, salaires à l’embauche, etc.) des écoles d’ingénieurs. L’ouverture officielle du portail s’est déroulée lors du colloque annuel de la CDEFI qui s’est tenu à Lille les 2 et 3 juin derniers. Explications de son promoteur, Jean-Louis Billoet, directeur de l’Insa Rouen.

Jean-Louis Billoet

Olivier Rollot : Pourquoi créer ce portail ?

Jean-Louis Billoet : Ce portail a été créé dans le but de rationaliser le temps de traitement des différentes enquêtes de la presse (palmarès de l’Étudiant, l’Usine Nouvelle, enquêtes Onisep, etc.) en permettant aux médias d’accéder à des données globales liées à l’activité des écoles d’ingénieurs. Nos établissements doivent se concentrer sur leur métier, la formation et la recherche, et ne pas passer leur temps à répondre à des multiples sollicitations non coordonnées.

Avec ce portail l’ensemble des écoles d’ingénieurs est également en capacité d’offrir à la presse des informations globales qui vont au-delà des seules problématiques de classements. Comme le faisait déjà le groupe Insa, nous pouvons fournir des indicateurs généraux des écoles d’ingénieurs et exprimer ce que nous sommes collectivement. Enfin l’ouverture de ce portail en ce moment répond à une question de calendrier : juin-juillet est le bon moment pour donner ces données alors qu’en septembre nous devons gérer la rentrée universitaire de nos établissements comme toute une série de sollicitations politiques dans nos écosystèmes territoriaux.

O. R : Toutes les écoles sont prêtes à entrer leurs données dans le portail ?

J-L. B : Tout le monde n’est pas encore convaincu mais 90% des écoles vont participer. Un premier test d’édition des données nous a montré que 80 écoles avaient commencé à saisir leurs données après une semaine d’ouverture. Celles qui hésitaient avaient des réticences à l’idée que les médias puissent y puiser sans

limite. Or notre portail permet aux écoles de choisir à qui elles veulent ou pas répondre : soit à toute la presse, soit sous condition d’être informé, soit à tel ou tel média. Si de nouveaux médias veulent avoir accès à notre portail, ils doivent le demander à la Cdefi.

O. R : Toutes les écoles souhaitent-elles diffuser ces données ?

J-L. B : Les écoles doivent être fières de leurs données. Pour se faire une idée de cette transparence, elles vont recevoir un mail où elles auront une présentation de l’ensemble des données communiquées par l’INSA Rouen. A partir du moment où en reçoit de l’argent public et qu’on assume une mission de service public on se doit d’être transparent.

O. R : Ce portail repose sur la confiance dans les données apportées par les écoles. Ne faudrait-il pas les contrôler ?

J-L. B : Il peut y avoir pour certains la tentation d’épaissir le trait dans un environnement fortement concurrentiel. Il n’y a pas d’organe de contrôle mais on a tous à gagner à travailler ensemble sur des données certifiées.

Chaque directeur d’école signe un engagement sur l’honneur relatif à ses données certifiées.

O. R : Avez-vous pu résoudre tous les problèmes de définition des données. On sait qu’il n’est pas facile d’estimer le périmètre des écoles internes à des universités par exemple.

J-L. B : Les écoles internes ne donnaient pas jusqu’ici aux médias des données consolidées au niveau de leur université. Notre portail livrera toutes les données dont celles de l’université de rattachement qui représente un environnement extrêmement riche. Le vade-mecum du portail a été testé par plus de 20 établissements et nous avons convergé question par question. Nous voulons surtout éviter les erreurs d’interprétation. Par exemple sur la question des boursiers nous fournissons un pourcentage sans les étudiants étrangers ni les apprentis, qui n’ont pas accès aux bourses, pour donner le vrai taux.

O. R : Vous avez pu résoudre le cas des INP (Bordeaux, Grenoble, Lorraine, Toulouse) qui estiment que leur recherche ne peut pas être dispatchée par école (ils en comptent 30) car globale ?

J-L. B : Les INP pourront à la fois répondre sur des données par école puis par structure. Cela pourrait être possible dès l’année prochaine pour d’autres structures comme par exemple HEI/Isa/Isen.

O. R : Tous les médias adhérent au dispositif ?

J-L. B : Nous nous sommes inscrits dans un dialogue entre la Cdefi et les différents organes de presse. Ce que nous voulons c’est un dispositif gagnant/gagnant pour produire des données très bien informées. Cela devrait à terme être apprécié. Cela n’empêche pas que les écoles puissent encore être interrogées sur certains points comme le fait cette année l’Etudiant en posant une dizaine de questions supplémentaires. Mais avec notre dispositif un média a accès en 1 clic aux données de toutes les écoles.

O. R : Les palmarès ne vous paraissant pas trop réducteurs pour juger de la qualité d’une école ?

J-L. B : L’intelligence collective doit prévaloir. Les doivent peuvent aller dans les écoles et analyser les données. Des indicateurs ne sont jamais suffisants. Etre dans une école à Paris ou Perpignan ne donnera pas les mêmes salaires. Un exemple : l’Insa que je dirige, Rouen, possède un pourcentage d’étudiants qui vont travailler ensuite sur Paris supérieur aux autres Insa. Cela nous donne une légère plus-value salariale par rapport à ceux-ci mais ne reflète en rien une différence de qualité. Un autre exemple relatif à  l’Insa Lyon a de son côté un taux important d’emploi dans les PME comparé à une école parisienne. Si on raisonne stricto sensu sur la seule rémunération on a une différence de 1000 ou 2000 € par an à l’embauche mais qu’est ce qui est le plus important pour la nation ?

On pourrait aussi ajouter les écoles qui favorisent la création d’entreprises qui génère de fait des rémunérations très souvent très faibles.

O. R : La rémunération cela reste un élément crucial pour le choix d’un étudiant…

J-L. B : Nous avons d’ailleurs ajouté une question « combien de personnes ont répondu ». Si on ne veut pas fausser les données en mettant en avant 1 ou 2 étudiants qui sont entrés dans une multinationale à l’étranger une année alors que d’autres ont choisi le secteur caritatif l’année suivante, il faut être honnête et enlever les salaires les plus hauts et bas. A ce titre le salaire médian (qui indique que la moitié des salariés interrogés gagne moins et l’autre moitié gagne plus) est le plus précis mathématiquement que le salaire moyen.

Par ailleurs, on devrait plus s’intéresser à l’emploi occupé à 5 ans (salaire et fonctions occupées) que le simple premier salaire.

O. R : Quels sont les premiers classements qui vont voir le jour avec vos données ?

J-L. B : L’Usine nouvelle devrait faire un nouveau classement à la rentrée avec les nouvelles données du portail. Suivra l’Etudiant. Nous attendons les demandes d’autres médias comme Le Figaro.

Previous ArticleNext Article
Avatar photo
Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Send this to a friend