ECOLE D’INGÉNIEURS

« Pour réussir une fusion il faut travailler dans une démarche de co-construction » Sophie Commereuc (Sigma Clermont)

L’école d’ingénieurs SIGMA Clermont est née cette année de la fusion de deux écoles clermontoises, l’ENSCCF (chimie) et l’IFMA (mécanique) et compte 942 étudiants cette année. Sa directrice, Sophie Commereuc, trace le portrait d’une école qui veut maintenant se faire un nom.

Olivier Rollot (@ORollot) : CentraleSupélec, Mines Nantes et Télécom Bretagne ou encore CPE Lyon qui se rapproche des Mines Saint-Etienne, l’époque semble être aux fusions dans les écoles d’ingénieurs. Comment avez-vous procédé pour rapprocher vos deux écoles ?

Sophie Commereuc : Nous avons commencé à travailler ensemble début 2013 et les conseils d’administration ont approuvé la fusion en juin 2014. Un an de plus aura ensuite été nécessaire pour présenter un projet abouti et encore un an pour que l’école naisse. Il faut du temps pour réaliser une fusion car il faut que toutes les parties prenantes s’emparent du projet et se l’approprient. Les personnels, les étudiants mais aussi les alumni et les entreprises partenaires, tout le monde était convaincu de la pertinence du projet.

O. R : Il faut du temps mais pas seulement. Comment réussit-on une fusion ?

S. C : Il faut vraiment travailler ensemble dans une démarche de co-construction et surtout pas dans un rapport de force. Alors qu’une des deux écoles, l’ENSCFF, était un peu plus petite que l’autre nous avons travaillé pour que les responsables de l’école fusionnée viennent à parité des deux écoles. Et bien, quelques mois après, on n’entend déjà plus les personnels dire « On faisait comme ça à X ou Y ». Non ils se sont vite pleinement appropriée la nouvelle marque. C’est d’autant plus facile que les deux campus sont distants de 600 mètres et que c’est très simple d’y implanter les différentes directions.

O. R : Vous allez délivrer un seul diplôme ?

S. C : La Commission des titres d’ingénieurs (CTI) a évalué les deux diplômes en 2014 et leur a accordé une habilitation pour six ans. SIGMA Clermont va donc délivrer deux diplômes, l’un en « chimie », l’autre en « mécanique avancée ». Plus un diplôme en « mécanique et génie industriel » par la voie de l’apprentissage. Les diplômes et les spécialités demeurent donc mais cela ne nous empêche pas de proposer des formations mixtes aux étudiants (en management international, culture, société, entreprise, etc.) pour développer leur adaptabilité et leur ouverture d’esprit. La création de ces enseignements en commun transverses (30% du cursus ingénieur) nous a demandé un travail de fond  en donnant notamment un poids important à l’apprentissage des langues.

O. R : Comment recrutez-vous vos étudiants ?

S. C : SIGMA Clermont recrute essentiellement ses étudiants en classes préparatoires par le biais de deux concours adaptés aux viviers d’étudiants que nous visons, mais aussi, en chimie, par le biais des classes préparatoire intégrées (CPI) de la Fédération Gay-Lussac.

O. R : Quelle est la proportion de filles. On imagine qu’elle était bien supérieure dans l’école de chimie par rapport à la mécanique.

S. C : Effectivement cette année nous recevons même 67% de filles dans la filière chimie et 15% en mécanique quand, ces dernières années, la proportion était plutôt de 55% et 20%. Au total nous recevons 31% de filles. Cela correspond à une question de représentation que la société a des métiers de la chimie et de la mécanique, et que nous nous appliquons à faire évoluer. Mais j’insiste aussi sur l’implication très forte de ces filles qui sont souvent en premières lignes dans les activités associatives.

O. R : Vous parliez de l’enseignement de l’anglais. La dimension internationale est-elle importante dans une région qui est portée par la notoriété d’entreprises internationales comme Michelin ou Limagrain, quatrième semencier mondial ?

S. C : C’est une dimension qui va croitre avec notre nouvelle structure mais nous proposons déjà par exemple 12 doubles diplômes aux Etats-Unis, Canada, Brésil et Mexique et bientôt en Allemagne et Chine. Sans passer plus de temps ni débourser d’argent en plus, ce sont 40 étudiants qui ont soumis cette année leur candidature pour ces double-diplômes et seront, sélectionnés selon leur niveau ici mais aussi par l’université qui les reçoit.

Dans l’autre sens, ce n’est pas forcément facile de faire venir des étudiants à Clermont, et les grandes entreprises expriment les mêmes préoccupations d’attractivité. Nous nous appuyons sur les étudiants étrangers qui sont venus et dont certains sont même restés dans la région. Cette année nous recevons 50 étudiants étrangers parmi une promotion de 250 étudiants entrants. Pour promouvoir la région le monde de l’enseignement supérieur, les entreprises et les collectivités se sont même réunies pour donner naissance à une association de promotion, Auvergne Nouveau Monde.

O. R : Beaucoup d’étudiants d’autres régions viennent également à Clermont-Ferrand.

S. C : La région est belle, les loyers très modérés et les formations de premier rang. L’Auvergne Rhône Alpes est la 2ème région économique française. De plus il est facile de relier toute la France, grâce à un nouveau réseau de bus, prisé des étudiants, qui permet de rallier les aéroports internationaux. Après une première rentrée réussie, à nous maintenant de faire encore mieux connaître la nouvelle école et de rendre la nouvelle marque visible. Ce sera notre grand chantier de l’année à venir.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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