ECOLES DE MANAGEMENT

Quand la RSE s’impose dans les business schools

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) devient peu à peu un enjeu clé pour les entreprises. Réunis au sein du programme Principles for Responsible Management Education (PRME) de l’ONU des enseignants-chercheurs issus de près de 700 business schools dans le monde (dont 32 en France) travaillent depuis 2007 à en faire émerger les principes dans leurs programmes. Les principaux contributeurs se réunissaient cette année à Audencia.

Transformer les mentalités. L’ONU poursuit des objectifs globaux en RSE : 17 « Global Goals » qui vont de la disparation de la pauvreté à une éducation de qualité en passant par une eau de qualité pour tous ou une action sur le climat. Considérant que « les écoles de commerce jouent un rôle clé dans l’élaboration des mentalités et des compétences des futurs dirigeants, et peuvent être de puissants moteurs de la durabilité des entreprises » elle a monté le PRME. « La demande est forte car c’est aussi une façon pour tous les membres de s’internationaliser en comprenant les nouvelles attentes des entreprises », assure Jonas Haertle qui dirige le programme. Pour étendre son influence, PRME commence également à travailler avec des écoles d’ingénieurs.

Toutes les business schools membres délivrent des cours liés à la RSE dans la gestion et le management et recrutent une partie de leurs professeurs en fonction de leur intérêt pour la fonction. Ce que fait maintenant Audencia BS depuis plusieurs années avec un laboratoire « Business and Society » qui rassemble 25 professeurs, soit un quart de la faculté, et qu’a rejoint cette année un excellent professeur de finance qui souhaitait s’impliquer dans le sujet au sein d’une communauté de chercheurs unique en France. « Nous ne donnons plus de cours 100% dédiés mais nous cherchons des professeurs qui ont un véritable intérêt pour le sujet, que ce soit pour un cours de finance, de comptabilité, de marketing ou de RH », confie André Sobczac, directeur académique de l’école et titulaire de la chaire RSE depuis 2012. En tout 10% des cours d’Audencia sont liés à la RSE. Une implication telle qu’elle a donné lieu, en 2010, à la signature d’un partenariat avec le World Life Fund.

Des jeunes investis. Le développement de la RSE reste subordonné à une prise de conscience globale. « Les jeunes « millenials » veulent comprendre pourquoi ils travaillent, qu’est-ce que leur apporte telle ou telle entreprise et comment elle se comporte vis à vis de son environnement comme des pratiques sociales », affirme Jonas Haertle. « Beaucoup de nos diplômés veulent aller plus loin que seulement bien gagner leur vie et cherchent des entreprises qui donnent du sens », confirme André Sobczac.

Un intérêt qu’un test permet de mesurer. Créé par un chercheur français de Kedge, Jean-Christophe Carteron, le Sulitest est aujourd’hui une sorte de TOEFL de la RSE que passent par exemple aujourd’hui tous les étudiants de Télécom EM. « C’est une superbe outil qui intéresse également beaucoup les entreprises. Il faut que la RSE soit partout. Pas seulement une fonction à part mais une exigence transversale », remarque Jonas Haertle.

Répondre à la demande. Les recherches entreprises aujourd’hui dans le domaine permettent de constater que de plus en plus de consommateurs privilégient des produits locaux pour lesquels on respecte les conditions de travail. « A profil égal les entreprises seront de plus en plus intéressées par le recrutement de diplômés ayant une fibre RSE. Parce que sans RSE on disparaît tout simplement ! Même des traders peuvent appliquer des normes RSE», constate André Sobczac.

Très en pointe sur le sujet la mairie de Nantes favorise même les entreprises qui respectent pas moins de 35 critères RSE qu’Audencia a contribué à lister et à mesurer. Cela va des émissions de CO2 aux accidents du travail en passant par la diversité, les conflits sociaux, les amendes. « Il faut être responsable au sens large, durable, et c’est compliqué à estimer mais pas impossible », conclut André Sobczac, satisfait de voir que le gouvernement réfléchit aujourd’hui à faire évoluer les critères de réussite des entreprises, au-delà de la seule rentabilité.

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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