EXPERIENCE ETUDIANTE

RETOUR SUR LE SALON DE L’EXPERIENCE ETUDIANTE : L’expérience étudiante, un levier stratégique qui bouscule l’enseignement supérieur

Sébastien Vivier-Lirimont, président de HEADway Advisory, ouvre le Salon de l’expérience étudiante avant une conférence animée par Olivier Rollot qui réunit les principaux partenaires du salon : Laurent Champaney – Président de la Conférence des Grandes Écoles, Joël Cuny – Président de l’UGEI, Philippe Dépincé – membre de la commission permanente de la Cdefi, Virginie Laval – Présidente du Conseil de la Formation, de la Vie Étudiante et de l’Insertion professionnelle de France Universités, Stéphanie Lavigne – vice-présidente de la Cdefm et Anil Benard-Dende – 3E Les Entreprises Éducatives pour l’Emploi

La première édition du Salon de l’Expérience Étudiante, organisée les 19 et 20 novembre à la Cité Internationale Universitaire de Paris par le cabinet HEADway Advisory et la société RPI, a réuni près de 50 entreprises exposantes, plus de 50 conférenciers et plus de 1 200 visiteurs. Cet événement illustre à quel point la thématique de l’expérience étudiante est devenue cruciale pour les établissements d’enseignement supérieur. Ainsi, directeurs, présidents et responsables institutionnels s’accordent sur un constat : il ne s’agit plus seulement d’apporter une formation académique, mais de créer un environnement global favorisant le bien-être, l’engagement et la réussite de chaque étudiant.

Nous vous proposons cette semaine un retour sur la conférence inaugurale du salon. Chaque mois nous vous présenterons l’un des thèmes traités lors des conférences jusqu’au prochain Salon de l’expérience étudiante.

  • Le prochain Salon de l’expérience étudiante aura lieu à Paris les 25 et 26 mars 2026.

Plonger au cœur de l’expérience étudiante

« L’expérience étudiante a trouvé sa réalité la plus vivace au moment où elle s’est dérobée », souligne Sébastien Vivier-Lirimont, fondateur du cabinet HEADway Advisory. À l’heure de la crise sanitaire, chacun a compris l’importance de la vie de campus, des relations sociales et du sentiment d’appartenance.

Mais cette notion d’expérience étudiante dépasse largement la salle de classe : elle englobe la candidature, la vie associative, les échanges internationaux, l’insertion professionnelle et va même jusqu’à l’expérience alumni. Il suffit qu’un seul de ces volets soit défaillant pour fragiliser la perception globale de la formation.

Un levier gagnant-gagnant pour étudiants et établissements

Offrir une expérience étudiante de qualité constitue un véritable atout, aussi bien pour la réussite des étudiants que pour le rayonnement des établissements. Pour Virginie Laval, présidente du Conseil de la Formation, de la Vie Étudiante et de l’Insertion professionnelle de France Universités et de l’Université de Poitiers, « un étudiant qui réussit son diplôme est un étudiant qui se sent bien, qui dort bien, qui fait du sport et peut s’engager ». Il s’agit donc de créer les conditions d’une réussite pérenne : restauration, infrastructures sportives, accompagnement psychologique… Tout concourt à renforcer la confiance et la motivation des étudiants.

Dans cette même optique, Laurent Champaney, président de la Conférence des Grandes Écoles (CGE) et directeur général des Arts & Métiers, estime qu’offrir une expérience étudiante de qualité permet de « mettre sa patte sur un diplôme ». Autrement dit, chaque établissement peut ainsi affirmer sa singularité et accroître son attractivité.

Enfin, dans les Grandes Écoles, la vie associative et les projets de groupe font partie intégrante de la formation. Les étudiants y développent des compétences managériales, qu’il s’agisse de leadership ou de gestion de projet. Cette expérience extra-académique devient alors un atout décisif pour leur future employabilité.

Alternance et international : relever le défi de la continuité

Avec le développement des stages longs, des échanges à l’étranger ou de l’alternance, une part croissante de la formation se déroule hors du campus. « Cela pose la problématique de la discontinuité », estime Anil Benard-Dende, Directeur général d’Ynov Campus et représentant de l’association 3E Les Entreprises Éducatives pour l’Emploi.

Pour maintenir un fil rouge cohérent, il suggère une pédagogie centrée sur l’acquisition de compétences : les expériences internes ou externes deviennent des occasions d’apprentissage à part entière. L’étudiant, cocréateur de son parcours, est encouragé à valoriser chaque moment vécu, que ce soit en entreprise ou à l’étranger.

Un cadre réglementaire en pleine évolution

L’importance grandissante de l’expérience étudiante s’illustre aujourd’hui par des réglementations spécifiques, qui visent à encourager et valoriser l’engagement des étudiants dans la vie de leur établissement. La loi relative à l’égalité et à la citoyenneté (2017), ainsi que la circulaire parue en septembre de la même année, invitent les établissements à reconnaître les activités associatives et sportives, notamment via l’attribution de crédits ou l’aménagement des parcours.

Comme le souligne Philippe Dépincé, directeur de Polytech Nantes et membre de la commission permanente de la Cdefi, la Commission des titres d’ingénieur inclut dorénavant l’expérience étudiante dans ses critères d’évaluation. Les établissements doivent donc démontrer comment ils soutiennent la qualité de vie, l’engagement et l’accompagnement de leurs étudiants. Cette évolution fait de l’expérience étudiante un paramètre déterminant dans l’obtention des accréditations.

L’atout territoire : quand la ville devient un critère de choix

« Le jeune choisit avant tout une ville », souligne Stéphanie Lavigne, vice-présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm) et directrice générale de TBS Education. Conscientes de cet enjeu, les municipalités rivalisent d’initiatives pour séduire les étudiants en améliorant notamment la vie locale, la mobilité et l’offre culturelle, afin de se positionner comme « meilleure ville étudiante ».

Dans le prolongement de cette dynamique, l’expérience étudiante ne peut se concevoir sans un travail conjoint de multiples acteurs. Pour Virginie Laval, « l’expérience étudiante est à l’interface de plusieurs partenaires ». À Poitiers, par exemple, l’Université et le CROUS ont mis en place un guichet social unique, tandis que le Fonds de Solidarité et de Développement des Initiatives Étudiantes (FSDIE) soutient la vie associative. De même, des actions coordonnées facilitent l’accueil des étudiants internationaux dès leur arrivée en gare, illustrant ainsi la nécessité d’une collaboration étroite entre établissements, collectivités et autres parties prenantes.

Quand le campus devient un écosystème de vie

Les projets de nouveaux campus reflètent l’essor de l’hybridation. « Nous ne développons plus des campus, mais des coins de quartiers », explique Anil Benard-Dende. Ces espaces incluent salles de cours, logements, incubateurs, co-living et lieux de détente, favorisant l’interaction entre étudiants, jeunes actifs et entrepreneurs.

Stéphanie Lavigne insiste sur la nécessité de disposer d’espaces de sport, de restauration, de bien-être, pour transformer le campus en véritable lieu de vie quotidienne. Ce modèle, plus inclusif et complet, accompagne l’évolution des attentes étudiantes : diversité, pratiques sportives, engagement citoyen, mobilité, etc.

Vers l’ère de l’étudiant-acteur

Devenue un élément stratégique, l’expérience étudiante façonne désormais la réputation d’un établissement et la satisfaction de ses apprenants. Les acteurs de l’enseignement supérieur mettent en place des directions dédiées (comme la « Direction RÊVE » de l’ESTP), nouent des alliances avec leurs territoires, et réinventent l’organisation de leurs campus.

La crise sanitaire a accentué cette dynamique : privés de campus, étudiants et établissements ont ressenti l’urgence de repenser des dispositifs qui offrent plus que de simples cours. Au-delà de la réussite académique, il s’agit de forger des parcours globalisés, enrichis, et coconstruits.

L’étudiant n’est donc plus un simple récepteur de connaissances : il devient un co-acteur, engagé dans sa formation et sa vie de campus. Cette évolution, portée par des attentes croissantes, s’enracine dans les politiques publiques et les évaluations officielles, tout en répondant à un réel besoin de bien-être et de reconnaissance. Sans nul doute, l’expérience étudiante est appelée à rester au cœur de la transformation de l’enseignement supérieur pour les années à venir.

  • Juliette Lebeau et Juliette Berardi
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