Les Assises de l’Enseignement supérieur et de la recherche qui viennent d’avoir lieu semblent uniquement avoir été celles de l’université et de la Recherche, pas des grandes écoles et encore moins des entreprises. À peine y a-t-on entendu un seul chef d’entreprise s’y exprimer, et dans la salle, pas sur l’estrade. Christian Lerminiaux, président de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs), le regrette : « Les milieux socio-économiques ont été les grands silencieux de ces débats. Les régions et les collectivités locales se sont un peu manifestées, mais les entreprises ont très peu fait entendre leur voix ».
Un sentiment partagé par Ingénieurs et scientifiques de France qui s’inquiète de « l’absence d’initiatives visant à favoriser l’échange entre les entreprises et les établissements d’enseignement à travers notamment la présence d’experts de l’entreprise ». Julien Roitman, président d’Ingénieurs et Scientifiques de France, suggère donc que les universités s’inspirent du succès des écoles d’ingénieurs, dont la réussite « au-delà d’un cursus fondé sur un socle de vastes connaissances scientifiques et techniques et ne rechignant pas à l’évaluation, repose très largement sur une proximité délibérée avec les entreprises ».
Christian Lerminiaux s’inquiète également de voir la gouvernance des universités ramener à la loi de 1984 : « Avant d’attacher à un conseil d’administration deux autres conseils (le conseil des études et le conseil scientifique) qui auraient leur légitimité propre, leur capacité propre et qui affaibliraient la gouvernance centrale, il faut y réfléchir à deux fois » juge-t-il.
Quant à la « grande université » qui a largement été prônée, la CDEFI se déclare plutôt pour la vision d’une « université confédérale où chaque établissement garde son entière légitimité et son statut légal et il y a une dévolution au besoin, petit à petit en fonction des accords passés entre les acteurs pour donner à cette organisation territoriale quelques rôles opérationnels ». Et d’enfoncer le clou : « Le terme Grande Université ne convient pas, nous serions plutôt dans un modèle système universitaire comme celui de Californie ». Enfin, sujet central des débats, Christian Lerminiaux revient sur les évaluations : « On ne peut pas se passer d’évaluation comme l’ont suggéré ces Assises ! Que l’Aeres ne soit pas parfaite, sans doute, elle peut être améliorée. Mais une agence d’évaluation qui évalue à la fois la formation, la recherche et l’établissement, nous paraît nécessaire et indispensable ».
Olivier Rollot (@O_Rollot)