CLASSES PREPAS, ECOLES DE MANAGEMENT

Bientôt un nouveau certificat « Arts libéraux » pour les élèves de prépas ECG: les explications d’Alain Joyeux, président de l’Aphec

La création en 2025 d’un certificat en « Arts libéraux » ,obtenu une fois dans une école de management, est une grande avancée pour les élèves de classes préparatoires. Les explications d’Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC).

Olivier Rollot : La Conférence des directeurs des écoles françaises de management (Cdefm) crée un certificat dit de « arts libéraux » qui sera remis à l’ensemble des élèves des écoles de management françaises issus de classe préparatoires, ECG, ECT comme littéraires et D1/D2. Que va apporter ce certificat à vos anciens élèves ?

Alain Joyeux : L’idée qui sous-tend la création de ce certificat est de rendre plus visible la notion de continuum entre les classes préparatoires et les écoles de management. Aujourd’hui une cohorte de diplômés d’une école est passée par différentes voies et rien ne différencie nos élèves des autres. il ne s’agit pas de dire qu’ils sont meilleurs que leurs camarades qui ne sont pas passés par une classe préparatoire mais de les identifier. Beaucoup d’entreprises valorisent le fait d’être passé par une classe préparatoire et il importe de mieux le leur montrer.

De plus c’est une éternité pour nos élèves d’avoir à attendre cinq ans avant de recevoir un premier diplôme ou certificat. Avec ce certificat nous pouvons leur dire qu’ils auront une reconnaissance qui leur sera remis en M2 en même temps que leur diplôme. C’est rassurant pour nos élèves comme pour leurs familles.

Alain Joyeux (APHEC)
Alain Joyeux

O. R : Quelles sont les compétences dont va attester ce certificat ?

A. J : D’abord des connaissances particulières que cultivent nos élèves en prépas puis, de plus en plus, dans leurs écoles qui délivrent également des cours de géopolitique ou de philosophie en pré-master. Il s’agit de montrer la cohérence des parcours de nos élèves sur cinq ans loin de clichés qui font encore croire que les prépas ne sont qu’académiques et les écoles uniquement centrées sur la pratique. Il y a par exemple beaucoup de technique en classe préparatoires ECT !

Ce certificat attestera également de compétences acquise en classes préparatoires telles la capacité à hiérarchiser une argumentation, à problématiser, à réaliser des analyses complexes, à s’organiser face à une masse de travail, à respecter des échéances, à avoir une expression orale et écrite de qualité.

O. R : Pourquoi choisir un nom inspiré des universités anglo-saxonnes et particulièrement américaines ?

A. J : Il fallait trouver un élément d’identification à mettre en avant pour être compris par les entreprises à l’international. Liberal arts est un terme qui parle partout dans le monde. C’est d’autant plus important pour nos anciens élèves que des entreprises, notamment aux Etats-Unis, s’interrogent parfois de comment ils peuvent avoir obtenu un master sans être passés par la case bachelor.

O. R : En fait il y aura deux certificats différents. L’un pour les élèves issus de classes préparatoires ECG, ECT, D1 et B/L, un autre pour les élèves d’A/L.

A. J : Qui s’appellera « humanités » car les cours sont différents en A/L où il n’y a, par exemple, pas d’enseignement de géopolitique.

O. R : L’Aphec avait également souhaité que les élèves issus de prépas obtiennent un grade de licence après leur première année dans une école. C’est une idée oubliée ?

A. J : C’est une demande qui a été retoquée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui demandait ce que cette licence représentait exactement. Et certaines écoles n’en voulaient pas non plus de peur de perdre après un an des élèves qui auraient pu se réorienter après ce premier diplôme obtenu. Ce certificat est une première étape vers l’obtention d’un diplôme intermédiaire à bac+3 pour lequel les conditions ne sont à ce jour pas réunies.

O. R : Quand ce certificat sera-t-il remis pour la première fois ? Et par qui ?

A. J : A la prochaine diplomation par la communauté des écoles réunies au sein de la Cdefm, donc en 2025. Nous avons tenu à que ce soit une collectivité qui porte ce certificat plutôt que chaque école.

 

LES LIBERAL ARTS AUX ETATS-UNIS

Aux États-Unis, les liberal arts désignent un modèle d’enseignement centré sur une formation généraliste et pluridisciplinaire. Contrairement aux systèmes d’enseignement spécialisés, les liberal arts mettent l’accent sur une large base de connaissances dans les sciences humaines, sociales, naturelles et les arts. Les étudiants suivent des cours dans plusieurs disciplines (philosophie, histoire, littérature, mathématiques, sciences naturelles, etc.) plutôt que de se concentrer uniquement sur une spécialité dès le début.

Développement des compétences critiques. L’objectif des liberal arts est de développer des compétences essentielles comme la pensée critique, la résolution de problèmes, la communication, l’analyse et la créativité. Un type d’éducation qui vise à former des individus capables de s’adapter à diverses situations professionnelles, intellectuelles et personnelles.

Le modèle encourage la connexion entre plusieurs domaines de connaissances. Par exemple, un étudiant peut étudier à la fois la biologie et la littérature pour mieux comprendre comment les questions scientifiques sont représentées dans la culture et les arts.

Cette éducation est souvent perçue comme une voie vers une grande variété de carrières, car elle permet aux étudiants d’acquérir des compétences transférables et de s’adapter à divers domaines professionnels. Beaucoup de diplômés en liberal arts se retrouvent dans des secteurs comme l’administration, l’éducation, le journalisme, les services sociaux, ou encore des études post-universitaires comme le droit ou la médecine.

Les Liberal arts colleges. Les établissements qui adoptent ce modèle sont appelés liberal arts colleges. Ils se distinguent par de petites tailles de classes, un apprentissage axé sur l’interaction avec les enseignants et un environnement propice à la réflexion et à la créativité. Les étudiants n’y sont pas formés uniquement à des compétences techniques, mais aussi à devenir des citoyens éclairés et actifs.

Il y a environ 200 à 300 liberal arts colleges reconnus aux États-Unis, mais ce nombre peut varier selon les critères. Les institutions varient en taille, allant de quelques centaines à quelques milliers d’étudiants. Selon le Classement annuel du site US News les liberal arts colleges les plus renommés sont Williams College, Amherst College et Swarthmore College.

Les liberal arts colleges sont souvent le plus souvent privés, ce qui signifie que leurs frais de scolarité peuvent être relativement élevés par rapport aux universités publiques. En 2023, le coût moyen annuel de la scolarité peut varier entre 40 000 et 70 000 dollars par an. Cependant, beaucoup de ces institutions offrent des bourses d’études et de l’aide financière.

Leurs étudiants obtiennent généralement un diplôme de Bachelor of Arts (B.A.) ou de Bachelor of Science (B.S.), selon leur spécialisation. Ces diplômes couvrent un large éventail de disciplines, y compris les sciences humaines, les sciences sociales, les sciences naturelles et parfois les arts ou les sciences appliquées. Après avoir obtenu leurs bachelor leurs étudiants poursuivent pour la plupart leurs études à l’université en master dans des graduate schools prestigieuses.

Les 7 arts libéraux : une histoire qui remonte à l’antiquité. Les arts libéraux constituent un programme d’enseignement depuis l’antiquité. Au moyen âge, on distinguait 7 arts libéraux : Grammaire, Rhétorique, Philosophie, Arithmétique, Géométrie, Astronomie et Musique. Les trois premiers formaient le cercle d’études appelé Trivium ; les quatre autres, le Quadrivium.  Ces arts sont dits « libéraux » car réservés à l’origine aux hommes « libres » ou permettant de les « libérer », par opposition aux « arts » mécaniques qui ont une utilité pratique.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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