Gobelins, c’est l’une des écoles françaises les plus connues dans le monde pour la qualité de ses formations à l’animation. Gobelins c’est également des formations au design graphique, au design interactif, à la photographie ou aux industries graphiques. Gobelins c’est enfin une école de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France. Le directeur des Gobelins, Yves Portelli, nous trace les contours d’une école finalement pas si bien connue que ça.
Olivier Rollot : Tout le monde connaît les Gobelins pour la qualité de ses formations à l’animation, avec des diplômés qui travaillent souvent dans les grands studios d’Hollywood
Yves Portelli : Nous sommes effectivement considérés comme les leaders en France pour l’animation et nos étudiants ont la chance de pouvoir choisir entre des projets aux États-Unis, au Japon comme en France. Ceci n’a rien à voir avec une quelconque fuite des cerveaux mais évolue simplement en fonction de l’intérêt des projets. Les jeunes diplômés reviennent bien souvent en France au terme d’un projet à l’étranger.
O. R : Mais les Gobelins c’est beaucoup plus qu’une école d’animation ?
Y. P : En effet, Gobelins est une école qui va bien au-delà de l’animation. En formation initiale nous proposons aussi bien des formations en photographie, en design graphique, en jeu vidéo, qu’en design interactif ou communication et industries graphiques. En formation continue nous sommes présent aussi dans la vidéo, le son, le digital, etc. Au quotidien, les équipes enseignantes maintiennent un très haut niveau de qualité.
O. R : Combien d’étudiants recevez-vous?
Y. P : En tout nous recevons 700 étudiants en formation initiale dont 380 suivent leur cursus en apprentissage, une autre de nos caractéristiques, à laquelle nous tenons beaucoup. Les formations démarrent après le bac, un bac+3 mais également à l’issue d’une classe de 3ème ou de seconde pour le bac pro industries graphiques. Nous sommes très attachés aux métiers de l’industrie graphique. On le sait peu Gobelins est également le premier centre de formation d’apprentis de France dans ces métiers en pleine évolution actuellement.
O. R : On pense high tech mais les Gobelins c’est aussi le crayon et la gomme…
Y. P : Tous nos étudiants apprennent d’abord à dessiner avec un crayon : le graphisme est dans l’ADN de l’école et nous y ajoutons ensuite toutes les techniques du numérique pour libérer la créativité. Ce que nous voulons aussi c’est former les « honnêtes hommes du XXIème siècle », qui pourront évoluer et changer de poste quand ils le souhaiteront. Pour cela nous voulons développer leur esprit critique autant que leur créativité. D’où l’importance que nous donnons par exemple aux cours d’histoire de l’art.
Nous accompagnons également beaucoup nos étudiants, parce que nous pensons constamment à l’emploi qu’ils doivent trouver ensuite. Pendant le Festival international du film d’animation d’Annecy par exemple, auquel nous participons chaque année, l’ensemble des studios français et étranger sont présents pour rencontrer nos étudiants au cours de speed dating. Chaque année nous organisons également des rencontres avec les professionnels en juin pour découvrir les projets de fin d’études et les professionnels sont au rendez-vous. Un chiffre important pour nous, le placement des étudiants au bout de 6 mois et plus de 80% le sont.
O. R : Vous ouvrez aussi cette année une prépa postbac. Il s’agit de ne pas laisser la place aux mises à niveau en arts appliqués (MANAA) qui se multiplient dans le secteur ?
Y. P : Nous avons constaté que les étudiants faisaient souvent une prépa pour entrer à Gobelins sans avoir une connaissance des métiers auxquels ils se destinent. Nous avons décidé de créer une prépa très professionnelle puisque nous voulons que les étudiants y préparent trois disciplines (animation, photo et design graphique) avec un stage d’application d’une semaine pour chacune. Ils prépareront ainsi leur futur en connaissant les métiers et pourront présenter de nombreux concours dont celui de Gobelins.
O. R : Le recours au travail en équipe est une autre caractéristique majeure des Gobelins.
Y. P : Comment gérer une série d’informations pour les rendre lisibles, comment créer la meilleure application pour préparer sa visite du musée Picasso, quelle ergonomie pour les objets connectés… autant de sujets qui demandent de travailler en équipes et c’est ce que nous faisons dans toutes les formations mais notamment en design interactif où nos 20 graphistes et nos 20 développeurs travaillent ensemble sur des projets.
O. R : Vous développez également beaucoup de synergies avec d’autres écoles.
O. P : C’est essentiel cette « fertilisation croisée ». En animation, nous travaillons cette année avec les étudiants de l’école Louis-Lumière pour le son. Nous venons aussi de monter une formation de photos culinaires avec Ferrandi, qui est comme nous une école de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France. Avec le CNAM et l’Enjmin, nous développons un MS en jeux video.
Nous avons une licence professionnelle en gestion de production audiovisuelle avec l’université de Marne-la-Vallée en apprentissage. L’université apporte son avoir faire en audiovisuel et nous en animation. C’est un vrai succès.
O. R : Cela doit coûter cher de rester toujours au niveau dans des métiers aussi techniques ?
Y. P : Nous nous devons d’être toujours à la pointe de l’équipement informatique. Si la 2D et 3D irriguent depuis longtemps l’animation… la 3D s’impose partout aujourd’hui… Peut-on être photographe sans avoir fait de la vidéo ? Sans-cesse la technique nous challenge mais les étudiants challengent la technique. Récemment nos étudiants ont développé tout un concept visuel pour Guerlain dans le cadre de l’exposition sur « la petite robe noire » avec une qualité de l’image incroyable non pas 4K mais 3 fois 4K, c’était un vrai défi. Cela a été possible car nous n’avons pas souhaité avec nos partenaires limiter dans la créativité des étudiants. S’adapter continuellement aux outils professionnels, ça aussi c’est l’ADN des écoles de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France.