Quentin Leroux, président de l’Association de promotion des classes préparatoires voie technologique (Adeppt)
Les classes préparatoires économiques et commerciales voie technologique (ECT) c’est aujourd’hui 1200 élèves en première année et 1 000 en deuxième dans 46 classes. S’y ajoutent cinq classes dites ECP recevant des bacheliers professionnels. Toutes ont le vent en poupe cette année comme nous l’explique le président de l’Association de promotion des classes préparatoires voie technologique (Adeppt), Quentin Leroux.
Olivier Rollot : L’année 2024-2025 semble bonne pour l’ensemble des classes préparatoires. Qu’en est-il pour les classes préparatoires économiques et commerciales voie technologique ?
Quentin Leroux : Les chiffres sont mêmes excellents pour notre filière. Si j’en crois les chiffres que la DAC vient de publier la hausse serait de 12% en première année et de 6% en deuxième. Avec une légère contraction en première année en Ile-de-France mais une hausse de 23% en régions avec plusieurs classes qui dépassent les 40 élèves à Niort, Rouen, Orléans, Cergy, etc.
Et je n’oublie pas la filière ECP, réservée aux élèves issus de bacs professionnels, dont deux élèves sont entrés cette année à HEC !
O. R : Comment expliquez-vous cette hausse record après une quasi-stagnation de vos effectifs l’année dernière ?
Q. L : D’abord par le travail de terrain impressionnant auquel se livrent nos professeurs en étant présents dans les salons et en faisant vivre des réseaux. Ce retour vers les prépas correspond au message donné par les professeurs sur ce qu’est aujourd’hui une classe préparatoire (loin des images d’Épinal qui décrivent des lieux de souffrance et de compétition) et comment elles donnent accès à des formations solides dans un enseignement supérieur souvent considéré comme un maquis difficilement compréhensible.
Nous sommes en capacité de faire réussir nos élèves et de leur donner accès à d’excellentes formations. Des formations que plus de la moitié poursuivent ensuite par la voie de l’apprentissage dont le développement joue donc un rôle majeur dans la santé de notre filière.
O. R : Vous devez donc être très attentif à la façon dont le financement de l’apprentissage va évoluer !
Q. L : C’est une grosse inquiétude. Aujourd’hui nous pouvons expliquer à nos futurs élèves qu’ils pourront financer leur cursus en école de management en étant apprentis. Ce que ne savent pas nos gouvernants c’est à quel point l’apprentissage permet à des jeunes, qui n’ont ainsi pas de frein financier, d’entrer dans des filières qui leur permettent de se projeter dans un meilleur avenir. Aujourd’hui, la majorité de nos élèves sont des boursiers, jusqu’à 85% dans certaines classes. Avec l’apprentissage ils savent qu’ils vont pouvoir intégrer des écoles dans lesquelles ils n’auront qu’une année à financer avant de suivre leurs deux années de master en alternance.
O. R : Vous avez le sentiment que c’est un message qui n’est pas encore passé dans les ministères?
Q. L : Nos gouvernants ont une certaine méconnaissance des vrais bénéfices de l’alternance. S’ils veulent réformer son financement il ne faut surtout pas y aller à la serpe. Il faut agir aller dans la finesse du grain pour voir qui en bénéficie. Que feraient nos élèves en ECT sans les financements de l’apprentissage ? Une diminution drastique des financements porterait atteinte à l’un des plus importants ascenseurs sociaux de l’éducation nationale !
O. R : Qu’est-ce qu’apporte aujourd’hui de particulier aux écoles la filière ECT ?
Q. L : La filière est très bien reconnue par les écoles en apportant à la fois un enseignement du management, de l’économie et du droit très approfondi et des compétences solides en mathématiques, culture générale et en lanues vivantes. Nos élèves viennent déjà de bacs dans lesquels il y a beaucoup de management et l’approfondissent pendant deux ans dans nos classes. Ensuite ils ont beaucoup d’énergie à consacrer aux activités associatives une fois dans les écoles.
O. R : Ils se mêlent bien aux élèves des autres classes préparatoires ?
Q. L : Absolument, avec même des situations réjouissantes, comme lorsque les autres étudiants viennent leur demander des conseils pour préparer leur partiel de finance ou de marketing ! Au bout d’un an, la question de la filière d’origine a disparu des esprits, plus personne ne se la pose.
O. R : Comment les sélectionnez-vous ? Ils sont tous issus de bacs technos STMG ?
Q. L : Oui, la prépa ECT est réservée aux bacheliers STMG, avec toutefois quelques élèves issus d’autres bacs technologiques, par exemple de la filière hôtellerie restauration. En ECP, les élèves proviennent des filières professionnelles, très majoritairement tertiaires (bacs MCV, AGORA, Métiers de l’accueil et Logistique). La sélection se fait sur des critères académiques et comportementaux, comme dans toutes les classes préparatoires.