Enjeu majeur pour la réussite économique d’un pays selon tous les économistes, l’enseignement supérieur n’est pas au cœur de la campagne électorale présidentielle 2012. Si François Hollande a mis « la jeunesse au premier rang de ses engagements dans cette campagne présidentielle » on a le sentiment que, pour les deux principaux candidats, l’effort doit maintenant plus porter plus sur le primaire et le secondaire que sur l’université. C’est très clair dans le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 28 février à Montpellier quand il dit qu’il a « pendant les cinq années qui viennent de s’écouler, donné la priorité à l’université et à la recherche » et que, s’il est réélu, « pendant les cinq années qui viennent, c’est à l’école, de la petite enfance jusqu’au bac, qu’il faut donner la priorité ».
François Hollande compte lui organiser, s’il est élu, des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche dès 2012 et, sur les 60 000 postes d’enseignants dont la création est prévue, en réserver 5 000 au supérieur. Invité par le Bondy Blog, il a proposé le 26 mars qu’un quota d’élèves de terminale allant en classe préparatoire soit institué : entre 5 et 6%.
Le 14 avril dans un entretien à l’Aef, Vincent Peillon, le responsable de l’éducation dans l’équipe de François Hollande, remettait en cause l’existence de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres). « Nombreux sont les chercheurs – y compris parmi les meilleurs – pour qui l’évaluation, telle qu’elle est faite par l’Aeres, pose problème », estimait le probable futur ministre de l’Éducation et de l’enseignement supérieur d’un François Hollande président avant de constater qu’il n’était « pas possible de faire progresser les chercheurs et les unités de recherche avec un système d’évaluation qui n’est pas reconnu par la communauté ».
Le cabinet HEADway Advisory a interrogé les candidats sur leur vision de l’avenir de l’enseignement supérieur. Voici un résumé de leurs positions sur quelques points clés.
- Vous pouvez aussi savoir de quel candidat vous êtes le plus proche en matière d’enseignement supérieur en allant sur le test mis en ligne par HEADway.
- Les candidats : Nathalie Arthaud, François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nicolas Sarkozy
LA FISCALITÉ
La suppression de la demi-part fiscale accordée aux familles qui élèvent des enfants et à son remplacement par d’autres dispositifs, tel le crédit d’impôt remboursable, fait partie des principales pierres d’achoppement entre les candidats. Si, à la suite du think tank Terra Nova et de l’économiste Thomas Piketty, François Hollande a pris un temps des positions allant dans ce sens, il se limite aujourd’hui à « limiter le plafond du quotient familial de 2300 à 2000 euros » et de préconiser un accroissement d’un quart du montant de l’allocation de rentrée scolaire.
Nicolas Sarkozy est en tout cas violemment contre toute remise en cause des avantages accordés aux familles élevant des enfants, et ceci quel que soit leurs revenus, et continue à agiter la menace de « la suppression du quotient familial ». Même son de cloche à droite chez Nicolas Dupont Aignan : « Le quotient familial, un dispositif simple et compris par tous, doit rester à l’abri. Il faut donc augmenter les avantages financiers et fiscaux pour la naissance du deuxième enfant et pérenniser la carte famille nombreuse. Les dispositifs de politique familiale – quotient familial, allocations de rentrée scolaire – seront de leur côté rationalisés avec deux objectifs : développer l’offre de crèches et le salaire parental ». Marine Le Pen indique elle que la demi-part fiscale en est un bon instrument, notamment pour les familles des classes moyennes ».
L’AUGMENTATION DES FRAIS D’INSCRIPTION
Si là encore Terra Nova a pu ouvrir le débat, tous les candidats se prononcent contre toute augmentation. Dans le camp Hollande on nous répond ainsi que « le financement de l’Université doit être envisagé de manière globale. Il s’inscrit dans le cadre des moyens dégagés par la réforme fiscale que nous préconisons ». Eva Joly veut même que les frais d’inscription soient diminués avec comme objectif « la gratuité dans l’enseignement supérieur ».
Marine Le Pen estime elle que « les universités doivent d’autre part créer des fondations universitaires et des fondations partenariales pour récolter des financements privés ». Nicolas Dupont Aignan regrette que nous assistions à « une transformation de notre système d’enseignement supérieur avec un renchérissement du coût des études et une stagnation du niveau d’accès aux études supérieures autour de 25% contre 40 % dans beaucoup d’autres pays. »
LA SÉLECTION
Là il n’y a pas beaucoup de débat. Presque tout le monde est contre. Marine Le Pen fait même remarquer que « beaucoup d’étudiants ne révèlent leurs aptitudes réelles qu’après leur entrée à l’université. Des dispositifs d’aide à la réussite, comme le contrat de réussite dont je préconise la création, peuvent y contribuer ».
Seul Nicolas Dupont Aignan prône que, pour éviter les problèmes d’orientation, soit instituée « une vraie sélection au mérite à l’entrée de l’université pour les filières qui ont des problèmes de débouchés ». Mais pour autant il considère que le bac doit rester le seul examen à l’entrée dans l’enseignement supérieur.
LA LRU ET L’AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS
Parvenir à réformer l’université est la grande fierté de Nicolas Sarkozy. En prononçant ses vœux au monde enseignant au début de l’année il s’en félicitait ainsi : « Quatre ans après le vote de la loi LRU, la quasi-totalité des universités sont autonomes ! En 2007, le simple mot d’autonomie mettait des milliers de gens dans la rue, lesquels étaient complètement sincères, mais manipulés. Les universités peuvent désormais créer des fondations, recruter selon leurs besoins, devenir propriétaires et même gestionnaires de leur patrimoine. » Pour autant, il estime que la réforme des universités n’est pas achevée. Et « milite pour un système universitaire qui se réformerait en continu ».
Une loi LRU qui n’a été que mollement attaquée au début de la campagne par François Hollande. À tel point qu’Anne Fraïsse, l’emblématique président de l’université Montpellier 1 et vice-présidente de la Conférence des présidents d’université (CPU), s’en est émue. François Hollande considère pourtant que « la LRU est pour le moment une loi de déconcentration des moyens. Il s’agit pour nous de réellement donner les moyens de leur autonomie aux universités et de leur permettre d’avoir une gouvernance plus collégiale et démocratique ». L’ensemble des « textes contestés depuis plusieurs années de gouvernement de droite » sera donc remis à plat. Une LRU améliorée accompagnée d’une « révision des investissements d’avenir du Grand emprunt et le plan Campus » et du renforcement de l’autonomie par « de nouveaux contrats d’objectifs et de financement », voilà qui devrait quand même satisfaire la plupart des universités. La plupart se disent en effet à la fois autant heureuses d’avoir acquis leur l’indépendance que dépitées de ne pas en avoir les moyens financiers. Après avoir élaboré une loi de programmation pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation avec « l’ensemble des acteurs du milieu scientifique, universitaires et étudiants », François Hollande entend aussi lancer un plan pluriannuel de recrutement pour rejoindre les standards internationaux et « assurer un avenir aux jeunes chercheurs ».
Dans le même esprit, Jean-Luc Mélenchon entend abroger la loi LRU dont il considère qu’elle mène à un « désengagement massif de l’État qui mènera à terme à un système à deux vitesses, celui des « grands pôles » investis par les financements privés, et des petites universités qui, mises face à la nécessité de trouver des sources de financement, devront notamment augmenter les droits d’inscription et supprimer les filières non rentables. » Comme François Hollande, il souhaite organiser des assises de la recherche. Une position qui est également celle d’Eva Joly qui remplacera la loi LRU par une « loi élaborée avec la participation de tous les acteurs » et est contre la concurrence qu’elle induit. François Bayrou entend lui « allouer les moyens aux universités de manière plus transparente et moins rigide au travers d’un contrat de cinq ans qui fera l’objet d’une véritable négociation avec l’Etat et en liaison avec les collectivités locales qui le souhaitent ».
Chez Marine Le Pen on est anti LRU au point de vouloir purement et simplement la supprimer : « Contrairement à ce que cette loi suggère, les universités ne sont pas des entreprises mais des services publics. La présidence managériale qu’elle institue est une erreur ; elle est d’ailleurs mal vécue par les universitaires. En outre, la gestion de la masse salariale doit être restituée à l’Etat ; son transfert aux universités s’avère être un piège financier pour bon nombre d’entre elles ». Nicolas Dupont-Aignan estime lui que « la loi sur l’autonomie des universités a eu l’avantage d’ouvrir les universités aux financements privés et à la réalité du monde professionnel ». Mais il considère aussi que « cette loi qui s’inscrit dans la ligne idéologique des traités européens aboutit notamment à un trop grand désengagement de l’Etat ».
Enfin, Philippe Poutou déclare refuser la « transformation des établissements et des universités en entreprises mises en concurrence ou l’abandon du monopole d’État quant à la délivrance des diplômes et à la délimitation des qualifications ».
LE RAPPROCHEMENT GRANDES ÉCOLES ET UNIVERSITÉS
Si on a pu entendre Vincent Peillon, responsable des questions d’éducation au sein de l’équipe Hollande, demander la suppression des grandes écoles en son temps, le candidat François Hollande est plus prudent : « Il faut travailler à leur rapprochement, notamment en matière de convergence des coûts. Plusieurs pistes complémentaires existent : créer des formations en double cursus, des laboratoires mixtes de recherche et effectuer des rapprochements au sein des PRES ».
A l’exception d’Eva Joly, qui a déclaré vouloir « supprimer les grandes écoles » qui, si elles « sont la fierté de la République, forment une élite qui a perdu de vue l’intérêt général » (entretien en mai 2011 à l’AEF), tous les candidats sont d’ailleurs un sur la même longueur d’onde. François Bayrou veut ainsi « engager un rapprochement des universités et des grandes écoles » et « repenser l’organisation et le rôle respectif des différentes filières – licence, DUT, classes préparatoires – pour offrir à chaque étudiant une formation adaptée à ses besoins ». Marine Le Pen déclare ainsi: « Il faut pousser les grandes écoles et les universités à se rapprocher, notamment en les incitant à intégrer des PRES ou encore à aménager des passerelles pour leurs étudiants. Il est important de casser l’image d’un système d’enseignement supérieur coupé en deux ». Par contre il n’est pas question de les supprimer : « Ce serait un séisme dont l’enseignement supérieur n’a pas besoin. L’intégration dans des PRES est une solution plus douce qui mérite d’être explorée ».
Même s’il reconnait que « supprimer d’un trait les grandes écoles ou les intégrer immédiatement au sein de l’université satisferait certes le ressentiment que l’on peut avoir contre elles », Jacques Cheminade veut « d’abord reformer le contenu des concours et la conception du diplôme », car supprimer les grandes écoles « aggraverait le problème de notre enseignement en y introduisant un chaos contre-productif, sans résoudre la question des hommes occupant les positions de pouvoir dans les institutions, car on ne peut les faire partir tous d’un claquement de doigts. » Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il se fait un farouche défenseur du système actuel : « Cette spécificité française concourt à la formation de nos forces vives. La France a sa culture et son Histoire propre, et elle peut se vanter d’un nombre de médecins, intellectuels, chercheurs, informaticiens… assez vaste pour ne pas avoir à envier les pays qui l’entourent. Nous n’imposerons notre modèle à personne, et personne n’a à nous imposer le sien ».
L’AVENIR DES CLASSES PRÉPARATOIRES
Le débat sur les prépas a été vif cette année ces derniers mois suite à l’article « Prépas, l’excellence au prix fort » de Marie Desplechin paru dans Le Monde en février. Chez François Hollande, on remarque que « les principales critiques portent sur un système qui repose sur la maturité d’un jeune de 18 ans à supporter ou non cette pression et sur le manque de démocratisation. Ce sont les deux directions vers lesquelles il va falloir travailler ». De la même façon, si le candidat du PS n’est pas favorable à l’intégration des classes préparatoires aux universités, il préconise de « travailler à leur rapprochement dans le cadre d’un schéma des formations de 1er cycle sur un territoire ».
Marine Le Pen va plus loin en préconisant une intégration des classes prépas dans les universités en arguant que « les universités ont vocation à accueillir les filières d’excellence de l’enseignement supérieur public. Cela favoriserait en outre les réorientations et les passerelles. Mais je n’envisage pas de le faire sans une concertation préalable. Un accord entre universités et lycées devrait être recherché, notamment pour faire bénéficier les premières de l’expérience et de l’apport pédagogique des enseignants des seconds ».
Toujours très conservateur, Nicolas Dupont-Aignan défend lui de classes prépas qui « ont fait leurs preuves et apportent au système pédagogique à la mode depuis 20 ans la preuve que le travail et l’effort sont les garantis d’une bonne réussite scolaire ». Néanmoins, une réforme s’avèrerait nécessaire pour lui dans un objectif de justice sociale. Il va jusqu’à estimer que « le filtrage doit se faire aux concours préparés plus qu’à l’entrée de la classe prépa car des lycéens, même de niveau moyen, peuvent trouver dans le rythme des prépas l’encadrement et l’engouement nécessaire à la réussite de leurs études ». Ouvrir les classes prépas à tous sans sélection, pour le coup cela serait révolutionnaire !
LE MONTANT DES BOURSES D’ÉTUDES
François Bayrou entend « réformer le système de bourses pour qu’elles profitent aussi aux étudiants issus des classes moyennes » et « créer un système d’aide unique comprenant l’aide au logement et la bourse ». La création d’une allocation d’études pour les jeunes en formation fait partie des propositions du candidat Hollande « dans le cadre de la réforme fiscale que nous préconisons ». Ce qu’on a pu appeler un « salaire étudiant » a souvent été évoqué ces dernières années mais son coût prohibitif a toujours rendu la mesure impossible à mettre en œuvre. Qu’en sera-t-il là ?
Marine Le Pen souhaite elle augmenter le montant des bourses afin de « favoriser la remise en marche de l’ascenseur social ». Si elle est élue, elles seront augmentées de 10% dès la première année de son mandat. Enfin Philippe Poutou demande lui une « allocation d’autonomie de 1700 € net pour tous les jeunes de 18 à 25 ans. »
L’OUVERTURE SOCIALE DES FILIÈRES D’EXCELLENCE
Quota ou pas quotas ? Là la réponse de François Hollande est claire : « La méthode des quotas n’est pas la bonne. Nous préférons développer, en plus des concours, des passerelles après un diplôme de l’enseignement supérieur ». De plus, le PS considère que le « niveau 0 est en quelque sorte un niveau fictif qui ne doit pas être pris en compte dans les statistiques d’ouverture sociale ». Or dans ce cas, l’objectif de 30% de boursiers dans les grandes écoles s’éloigne à grands pas. D’autant qu’au PS on n’entend pas baisser le niveau des concours par quelque artifice que ce soit : « Pour nous, les deux grandes filières d’accès aux grandes écoles restent le concours et la passerelle après le niveau licence ».
Quant à Nicolas Sarkozy, sa position n’a plus varié depuis début 2010, et le grand débat qui agitait alors le monde de l’enseignement supérieur, il veut « 30% de boursiers dans les grandes écoles » mais sans quota imposé. Il n’acceptera « jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu’ils sont boursiers, au détriment d’autres candidats plus méritants » et privilégie donc le développement des admissions parallèles.
Marine Le Pen est également défavorable aux quotas parce qu’elle « croit à l’égalité et que je ne veux pas enfermer les individus dans des catégories. Instaurer des quotas de boursiers serait stigmatisant pour ceux-ci et fondamentalement contraire à l’élitisme républicain. Je suis pour l’égalité des chances et non pour les discriminations « positives ». » Dans le même esprit, s’il faut réformer les concours d’entrée aux grandes écoles, ce n’est sûrement pas en supprimant la culture générale selon elle.
Nicolas Dupont-Aignan estime lui que « les quotas n’obéissent pas aux valeurs primaires du républicanisme » qu’il défend. « L’effort, car un effort est nécessaire, doit se faire au niveau des études primaires et secondaires. Aujourd’hui, 1 jeune de 15 ans sur 5 ne sait pas lire correctement… les quotas ne l’aideront pas. Il faut se concentrer sur le primaire, garantir les savoir fondamentaux, comme c’était le cas avant que le pédagogisme ne vienne faire son entrée à l’école, et qu’à ce moment-là, l’ouverture sociale des grandes écoles se mette curieusement à diminuer ».
Seul Jacques Cheminade défend l’idée de quotas mais estima que « cela ne suffira pas » car « le système actuel est tout à fait capable de prodiguer une éducation qui intègre bien dans le système dominant ceux qui ont les moyens de payer et que l’on destine à constituer la classe dirigeante de demain. En bref, c’est une éducation taillée sur mesure pour satisfaire les besoins de l’économie de marché et de ceux qui la dirigent, et dont il nous faut sortir de toute urgence ».
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PRIVÉ
Ce n’est pas une surprise, si François Hollande n’est pas contre l’enseignement supérieur privé c’est à condition qu’il entre dans les normes du public : « Il faut qu’il ait le même niveau d’exigence que le public notamment en termes d’évaluation. Il faut également que l’accès de tous puis être garanti, que la sélection ne se fasse pas par l’argent ». Jean-Luc Mélenchon dénonce lui « les marchands d’éducation qui s’affairent pour substituer des certifications payantes et périssables aux qualifications durables assurées gratuitement par le service public. »
Quant à Philippe Poutou, il va beaucoup plus loin en « refusant l’organisation de l’apprentissage par les chambres de commerce » et en demandant que Tous les organismes de formations professionnelles soient nationalisés, gratuits pour les élèves et débouchent sur des diplômes nationaux permettant des négociations salariales claires ».
Au FN on botte en touche avec une Marine Le Pen qui considère que « l’enseignement supérieur privé est très diversifié. Il est tantôt bon tantôt mauvais. Son existence me paraît normale dans la mesure où je suis attachée à la liberté de l’enseignement. Mais je privilégie bien entendu l’enseignement supérieur public ». Elle demande également que soient plafonnés les frais de scolarité de l’enseignement supérieur privé, car ils ont « augmenté ces dernières années dans des proportions déraisonnables, voire scandaleuses ».
L’ORIENTATION
L’orientation est le serpent de mer préféré de tous les acteurs de l’enseignement supérieur : on crée des services d’orientation mais on ne les voit jamais. Pour ne pas être en reste, François Hollande veut « construire un service public de l’orientation pour accompagner les étudiants dans leurs choix ». Même son de cloche au FN où Marine Le Pen juge « le système actuel balkanisé et globalement inefficace » et préconise la création d’un grand service public national d’orientation qui « devra notamment instituer la mise en ligne, pour chaque formation de chaque université, de tests d’aptitude permettant aux lycéens d’apprécier ce qu’on attend d’eux et leurs chances de réussite ».
Nicolas Dupont-Aignan considère lui que « le système tel qu’il apparaît aujourd’hui ne répond pas aux règles d’égalité et tend à favoriser certaines catégories de population mieux renseignés que d’autres. L’information doit être égale pour tous et ne doit plus rester à la connaissance de petits groupes ».
LA RÉUSSITE DES JEUNES
L’objectif d’amener 50% d’une classe d’âge à être diplômée de l’enseignement supérieur paraît louable aux candidats. Chez François Hollande on insiste déjà sur le bac : « Environ 64 % d’une classe d’age est titulaire du bac. Parmi elle, 50 % des bacheliers ont obtenus un bac général soit 32 % d’une classe d’âge. Notre effort doit donc principalement porter sur les titulaires des bacs professionnels et technologiques. » La volonté de François Hollande d’« améliorer la transition avec l’enseignement secondaire pour accroître les chances de réussite dans l’enseignement supérieur » fait partie des idées les plus novatrices en matière de réussite des jeunes. Cette transitions suppose d’ailleurs le retour à un super ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (et pourquoi pas de la Jeunesse puisque le champ d’action de Vincent Peillon l’inclut dans le cadre de la campagne). À l’université, François Hollande compte également renforcer « l’encadrement pédagogique et administratif pour mieux accueillir et accompagner les étudiants » mais surtout « réformer profondément la licence pour enrichir les parcours et améliorer l’insertion professionnelle ». Enfin, il « veut réserver aux bacheliers des filières technologiques et professionnelles des formations dans le supérieur qui étaient prévues pour ces lycées et qui ont été captées, on le sait, par d’autres lycées. »
François Bayrou veut également refonder l’articulation entre enseignement secondaire et enseignement supérieur et « améliorer la vie étudiante par l’ouverture nocturne des équipements universitaires, bibliothèques, installations sportives et lieu de vies, assurée par des étudiants bénéficiant d’une bourse à cet effet ». Ancien ministre délégué à l’Enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon entend que l’investissement de l’État y soit « augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques, professionnels et généraux soient d’égale qualité ».
Nicolas Sarkozy insiste lui sur les débouchés plutôt que sur le nombre de diplômés : « Un diplôme qui ne débouche pas sur un emploi ne mérite pas son nom de diplôme. C’est un mensonge de dire à des étudiants qui s’engagent dans certaines voies qu’ils auront un diplôme s’il ne débouche pas sur une place ». Quant à Jacques Cheminade il est impératif pour lui de « donner aux étudiants des premiers cycles universitaires un encadrement comparable à celui qui existe dans les classes préparatoires ou les IUT. Un semestre de transition doit être prévu entre le lycée et l’enseignement supérieur avec des modules de méthodologie, de soutien et de définition du projet professionnel. Ce tutorat permettra de rattraper l’absence d’expression écrite ou orale des étudiants, avant que ma refondation du primaire et du secondaire ne porte ses fruits ».
Olivier Rollot (@O_Rollot)
- La méthodologie : Nous avons interrogé par courrier et par e-mail l’ensemble des candidats. Pour certains qui n’ont pas répondu, ou répondu de manière partielle, nous sommes allés rechercher leurs opinions sur les différentes thématiques telles qu’ils les ont exprimées dans leur programme ou dans leurs déclarations officielles.
- Pour aller plus loin : François Hollande et Nicolas Sarkozy ont chacun déjà consacré un grand discours à l’éducation dans le cadre de la campagne présidentielle 2012. Ils sont accessibles sur leurs sites respectifs.
- Les autres programmes : Nathalie Arthaud, François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont Aignan, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nicolas Sarkozy