- Tout l’été nous vous proposons de retrouver des grands entretiens publiés sur ce blog en 2014-2015 et qui présentaient des stratégies d’établissements.
Le pôle universitaire Léonard de Vinci c’est trois écoles sur un même site à La Défense aux portes de Paris : une école d’ingénieurs, l’ESILV, une école de management, l’EMLV, et une école d’Internet l’IIM. Une multidisciplinarité dont ses président et vice-présidente, Pascal Brouaye et Nelly Rouyrès, entendent bien faire leur marque de fabrique. Notamment avec un Fablab consacré aux objets connectés qui réunit tous les étudiants dans des projets communs.
Olivier Rollot : Il y a maintenant deux ans que vous avez pris la tête du pôle universitaire Léonard de Vinci. Quelle grande direction voulez-vous lui donner aujourd’hui ?
Pascal Brouaye : Tout le monde se demande aujourd’hui comment surmonter les défis de l’hybridation et de la transdisciplinarité et nous avons justement la chance de posséder trois écoles très complémentaires. Cette orientation n’est pas un effet de mode : parce qu’elles travaillent de plus en plus vite à l’ère digitale, les entreprises ne veulent plus séquencer leurs travaux et ont besoin de professionnels capables de travailler avec des profils différents.
Nelly Rouyrès : Aujourd’hui, ce sont déjà 1200 de nos 3000 étudiants qui sont confrontés au quotidien à l’hybridation dans le cadre de projets en équipes. En travaillant sur des thèmes relatifs au monde de l’entreprise, les étudiants de nos trois écoles sont réunis par groupes de six. Ils suivent également ensemble des enseignements de langue et de sport et se rendent ainsi compte de combien leurs approches sont parfois différentes. L’hybridation se retrouve également dans les parcours. Par exemple, les élèves des écoles d’ingénieur et Internet peuvent obtenir un double diplôme en management dans le cadre d’un parcours « Entreprendre ».
Pascal Brouaye : Dès l’an prochain ce sont 20% des cours qui seront dispensés en commun. Il s’agira en particulier, de ce qu’on appelle les « soft skills », c’est-à-dire des cours de créativité, d’innovation, de gestion de projet… tout ce qui permet de former un cadre amené à prendre des responsabilité de projet.
O.R : Avez-vous des objectifs particuliers pour chaque école ?
P.B. : Si notre école d’ingénieurs bénéficie aujourd’hui des accréditations et reconnaissance nécessaires (CTI, EURACE, CGE, UGEI,…), nous travaillons à ce que notre école de management dont le diplôme Bac+5 est visé par l’Etat, puisse décrocher le grade de master dans un futur proche. Dans ce cadre, nous renforçons les équipes d’enseignants chercheurs sous l’orientation d’un comité scientifique présidé par Patrice Fontaine, directeur de recherche au CNRS.
Quant à notre Institut de l’internet et du multimédia (IIM), c’est une école généraliste dans les métiers du numérique qui prépare aussi bien à la communication digitale qu’à la communication graphique et au design interactif avec des titres RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) de niveau I et II bien reconnus par les professionnels. Celui-ci a vocation à développer sa dimension « design » et sa dimension internationale, notamment en Asie.
O.R : Vous êtes également bien présents dans la formation continue ?
P. B : Notre filiale formation continue se développe avec des MBA part et full time dans plusieurs secteurs dont l’Internet, le marketing digital et la santé. En tout notre chiffre d’affaires en formation continue est de 3 millions d’euros sur un total de 25. Nous délivrons surtout des formations qualifiantes qui débouchent sur des titres RNCP.
O.R : Vous allez bientôt être totalement indépendants en ne dépendant plus des subventions du conseil général ?
P. B : Nous nous dirigeons effectivement rapidement vers l’autonomie financière puisque la subvention du Conseil général est passée de 27% de notre budget en 2012-2013 à 3% cette année. La transformation de notre modèle économique s’appuie sur la croissance de nos effectifs étudiants et sur la restructuration de nos coûts. En particulier, nous avons été amenés à réduire certaines aides accordées aux étudiants. Ces aides ne sont pas supprimées et nous permettent néanmoins d’accueillir un nombre important d’étudiants boursiers.
N. R : C’est dans notre culture d’être autonomes financièrement et cette autonomie donne beaucoup de libertés. Nous avons de bonnes formations, délivrées au sein d’infrastructures de qualité et nous allons le démontrer.
O.R : Pensez-vous demain adopter le nouveau statut dit d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (Eespig) ?
P. B : Cette question fait effectivement partie de nos réflexions avec notre Conseil d’Administration. Nous ne sommes pas dans l’urgence car notre contrat avec l’Etat court jusqu’en 2019 et la priorité semble donnée aux établissements dont le contrat doit être renouvelé.
O.R : Vous avez de nouveaux projets ?
N. R : On manque énormément de développeurs informatiques dans les entreprises et nous nous proposons d’en former qui soient directement opérationnels pour travailler aussi bien sur l’Internet que dans les mobiles ou les jeux vidéo. Dans ce cadre, nous lançons donc à la rentrée prochaine la Dev School ®, une formation de niveau bac+2 pour former des développeurs. Ouverte à tous les profils de niveau bac, sa pédagogie sera fondée sur le travail en projet. Ceux qui le souhaitent pourront ensuite poursuivre en bachelor au sein de l’IIM. Autre projet, un double diplôme entre l’IIM et l’EMLV pour former en 2 ans après un bac+3 des managers possédant une véritable compétence digitale avec de bonnes bases techniques. Mettre le management au service de la transformation digitale des entreprises est un de nos axes stratégiques pour les années à venir.