Les IAE (instituts d’administration des entreprises) se sont affirmés comme les écoles de management des universités. Mais, comme leurs consœurs, leur univers est tout sauf homogène. Si la plupart ne reçoivent des étudiants qu’à partir du master, un tiers le fait dès le bac. Certains, comme à Paris, sont des acteurs importants en formation continue quand d’autres se concentrent sur la formation initiale. Alors que beaucoup d’écoles de management doutent de leur modèle, existe-t-il un modèle IAE ?
IAE vs. écoles de management ?
Présidente de l’Université Grenoble Alpes, Lise Dumasy se veut ouverte : « Notre IAE est la school of management de l’université. Mais cela n’empêche pas à que nous travaillions aujourd’hui au rattachement de Grenoble EM à la Comue. Nous pensons qu’il vaut mieux travailler tous ensemble que laisser faire chacun de son côté ». Le modèle de coopération le plus abouti dans ce contexte est celui de l’EM Strasbourg, à la fois école de management et IAE. « Nous travaillons main dans la main avec notre université. Cette entente nous a permis d’augmenter d’un tiers le nombre de nos professeurs et de multiplier par deux les postes administratifs », assure Isabelle Barth, sa directrice.
Loin d’être seulement des rivales, écoles de management et IAE font partie d’un écosystème commun, celui des formations en gestion qui regroupe pas loin de 20% des étudiants français. « Un secteur en profonde transformation, marqué par des fusions et l’entrée de nouveaux acteurs privés suite au désengagement des chambres de commerce et d’industrie », souligne Jérôme Rive, président d’IAE France, inquiet de voir certains « lancés dans une sorte de « fuite en avant » avec le développement de nouvelles formations comme les bachelors ».
Des univers poreux
A la différence des écoles de management, les IAE délivrent essentiellement des diplômes nationaux – dont le plus fameux est MAE (Management et administration des entreprises). L’IAE Lyon propose par exemple pas moins de treize grands masters différents qui débouchent sur près d’une cinquantaine de parcours. « En master, nos effectifs doublent entre la première année et la seconde année de master », remarque Virginie de Barnier, directrice de l’IAE Aix Marseille université, qui ne propose que des formations post licence (jusqu’au MBA et au doctorat) et recrute beaucoup dans les business schools, notamment en bachelors : « A l’entrée en première année de master, 37% de nos étudiants possèdent un bachelor, 33% une licence et les autres ont enchaîné leur diplôme d’IUT par un DUETI », liste Virginie de Barnier. « Ce sont des flux nouveaux mais tous les bachelors ne se valent pas. La CEFDG (Commission d’évaluation des formations de gestion) garantit la qualité des diplômes des opérateurs privés. Ses certifications (visa, master) sont un critère de choix clé pour les familles », reprend Jérôme Rive.
Un bon retour sur investissement
Universitaires, les diplômes des IAE sont facturés à leurs étudiants au même prix que les autres, c’est à dire 184€ par an en licence et 256€ en master. « Dans le choix d’un IAE plutôt qu’une école de management y a d’abord une question de prix qui peut faire la différence pour des produits de valeur proche à la qualité certifiée », analyse Jérôme Rive.
Dans cet univers l’IAE Aix-Marseille Université a la particularité de proposer à ses étudiants de passer à la fois un master et un MSc. Payant – de l’ordre de 4000€ par , ce dernier permet de passer six mois à l’étranger en séjour académique ou en stage. « La plupart de nos étudiants le financent grâce à un contrat d’apprentissage », remarque Virginie de Barnier, fière également de rappeler que son master a été distingué dans le dernier classement du Financial Times comme le 19ème meilleur au monde (et 1eren France) sur le critère du « retour sur investissement ».
Faire naître un « esprit IAE »
Ce qui manque à la plupart des IAE encore pour se mesurer aux meilleures écoles de management ? Au-delà des accréditations internationales, apanage de l’IAE Aix-Marseille avec Equis et Lyon avec l’Epas pour l’un de ses masters, sans doute un enracinement international plus important – peu envoient tous leurs étudiants à l’étranger quand c’est obligatoire dans les écoles de management possédant le grade de master -, et un réseau d’anciens bien constitué. Mais ils y travaillent ! « Avec IAE France nous organisons des rencontres « afterwork » pour nos alumni dans toute la France », explique Jérôme Rive. Pour faire vivre cet « esprit IAE » dès l’école IAE France organise une Coupe de France des IAE qui mobilise chaque année plus d’étudiants sportifs.