Face aux mutations écologiques, énergétiques et technologiques, Centrale Lille redéfinit son rôle et son modèle. Son plan stratégique « Impact 2035 » trace une feuille de route sur dix ans, avec l’objectif clair de « former les talents capables d’ingénier la transition industrielle ». « La transformation du monde industriel dépasse la simple décarbonation : elle redéfinit la place même de l’industrie dans la société. Trois piliers guident cette mutation – la décarbonation, la souveraineté industrielle et l’accessibilité énergétique », définit Mathias Povse, président du Conseil d’Administration de Centrale Lille, directeur régional du groupe EDF et directeur commerce EDF Nord-Ouest. Dans un contexte où la France doit à la fois réindustrialiser et décarboner, les besoins en ingénieurs explosent : plus de 400 000 recrutements sont attendus d’ici 2040 : « Cette mutation nécessite des compétences hybrides et transversales, ancrées dans les réalités technologiques et économiques ».
« Empowering Talents, Engineering Transition ». Née en 1854 sous le nom d’Institut industriel du Nord, l’école entend aujourd’hui rester fidèle à sa vocation : former par et pour l’industrie. « La signature du plan résume sa philosophie : donner du pouvoir aux talents pour accélérer les transitions. L’école veut former des ingénieurs ancrés dans les écosystèmes industriels, capables de penser la durabilité et d’agir à l’échelle internationale », signifie le directeur de l’école, Thomas Maurer. D’ici 2035, les effectifs passeront de 2 200 à 3 000 étudiants, grâce à la montée en puissance de la formation continue, de l’apprentissage et de l’executive education.
Trois ambitions structurent le nouveau plan stratégique. La première est d’être reconnue comme un acteur de référence en Europe du Nord dans la formation, la recherche et l’innovation au service d’industries soutenables. La deuxième consiste à renforcer l’adossement entre formation et recherche, grâce à sept laboratoires couvrant l’énergie, la chimie, l’environnement, le génie civil, le numérique et la santé. La troisième ambition est d’affirmer une responsabilité sociétale exemplaire, intégrée à toutes les orientations : parité, ouverture sociale, développement durable et internationalisation.
Quatre grandes orientations stratégiques. La première orientation du nouveau plan stratégique vise à développer une expertise unique sur la connaissance des entreprises industrielles et de leurs écosystèmes. « L’école veut être un interlocuteur clé des acteurs économiques, en structurant ses relations avec les entreprises et en renforçant la formation continue sur mesure », insiste le président.
La deuxième consiste à intensifier la synergie entre formation et recherche. Centrale Lille revendique une expertise « industrie 360 degrés », de la métallurgie à l’intelligence artificielle. « L’intégration de l’École nationale supérieure de chimie de Lille renforce ce positionnement sur la décarbonation. L’objectif est de créer des parcours hybrides et interdisciplinaires associant ingénierie, management et numérique », spécifie le directeur.
La troisième orientation vise à accroître l’attractivité et l’ouverture internationale. L’école ambitionne de recevoir 33 % d’étudiants internationaux et une trentaine de professeurs associés d’ici 2030. Elle mise sur des partenariats ciblés – Europe du Nord, Japon, Asie – et sur des formations en anglais, comme le bachelor international développé avec SKEMA.
Enfin, la quatrième orientation porte sur les conditions de réussite du plan. L’établissement engage un choc de simplification de son organisation, modernise ses outils et renforce son pilotage stratégique et financier. Son budget global doit passer de 45 à 69 millions d’euros d’ici 2035, en diversifiant ses ressources à travers la recherche, la fondation et la formation continue.
Une école ouverte et responsable. La féminisation et la diversité sociale constituent des priorités majeures : Centrale Lille vise 40 % de femmes dans ses promotions d’ici 2035 et développe, via sa fondation, des bourses pour renforcer l’ouverture sociale. L’école se veut exemplaire dans sa gouvernance, avec une direction paritaire et une implication accrue des étudiants dans la stratégie.
Centrale Lille doit enfin apprendre à « apprendre à apprendre » dans un établissement capable d’évoluer au rythme des transformations industrielles et sociétales. « L’intelligence artificielle, le numérique et la transition énergétique bouleversent les compétences ; l’école veut préparer ses étudiants à ce monde en mutation, tout en réaffirmant une conviction forte : l’industrie est porteuse de solutions aux grands défis écologiques et sociaux », conclut Thomas Maurer.