Entrée cette année dans le top 5 des écoles postbac dans plusieurs palmarès, l’ICD (Paris et Toulouse) se veut une école à taille humaine (promotions de 280 étudiants) clairement spécialisée dans le commerce qui accueille de nombreux alternants. Entretien avec son directeur, Tawhid Chtioui.
Olivier Rollot : La progression de l’ICD dans les classements est impressionnante. Vous vous y attendiez après un peu plus d’un an à la direction de l’ICD ?
Tawhid Chtioui : C’est un super résultat qui salue nos fondamentaux et récompense le travail accompli à tous les niveaux. Maintenant, nous avons la pression de la notoriété qui s’installe avec des étudiants fiers de cette progression à qui nous expliquons qu’il faudra maintenant en être dignes.
O. R : La possibilité de suivre son cursus en alternance fait partie de ces fondamentaux ?
T. C : La dernière année de notre cursus en 5 ans doit forcément s’effectuer en alternance, soit en contrat d’apprentissage soit en contrat de professionnalisation. Beaucoup d’étudiants qui nous rejoignent en quatrième année sont d’ailleurs auparavant passés par d’autres formations du groupe IGS en alternance. Mais nous allons plus loin que la plupart des autres écoles. Parce que nous nous appuyons sur les CFA propres au groupe IGS, nous pouvons proposer une pédagogie totalement adaptée et cohérente sur l’ensemble du cursus d’études que nous mettons au point ensemble dans le cadre d’une filière « Commerce-Distribution-Marketing-Services » globale qui s’appuie principalement sur les diplômes de l’ICD. On ne peut pas enseigner à un jeune en alternance comme à celui qui n’a effectué que des stages.
O. R : Cette alternance vous permet également de recevoir des étudiants qui n’auraient pas forcément les moyens de venir étudier s’ils devaient payer les frais de scolarité.
T. C : Quand 90% de vos étudiants sont en alternance dans le cycle master vous pouvez revendiquer une diversité et une capacité à être un ascenseur social qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Quand un cursus nous revient à plus de 13 000 € par an et que les coûts de scolarité sont inférieurs à 10 000€, la taxe d’apprentissage nous permet de compenser la différence. L’alternance nous permet de réduire les coûts d’études, voire en les rémunérant s’ils suivent leur cursus en alternance, des étudiants qui seraient perdus sinon à l’université car ils ne trouveront pas l’encadrement et l’accompagnement que nous leur offrons.
O. R : Quels sont les autres fondamentaux de l’ICD ?
T. C : C’est d’abord son positionnement en commerce et marketing qui caractérise l’ICD. Nous sommes quasiment aujourd’hui la seule école à se revendiquer clairement « de commerce » et pour le commerce et à former avant tout des business developers capables de relever les défis d’un environnement économique dont la seule frontière est l’international. Nous sommes également la seule école dont tous les étudiants partent à l’étranger, sur notre campus de Dublin, dès leur première année (après bac). Une vraie école de maturité selon les parents d’autant que la moitié de ceux qui partent là-bas enchaînent leur séjour par un stage. C’est ainsi aussi qu’on crée un « esprit de promotion ».
O. R : Vous êtes également l’école délivrant un diplôme « grade master » dont les promotions sont les moins importantes.
T. C : Dans les deux premières années nos étudiants sont effectivement seulement moins de 100 à Paris et 30 à Toulouse, ce qui nous donne une vraie proximité avec eux. Ensuite nous faisons plus que doubler ce nombre pour arriver cette année à 283 diplômés avec tous ceux qui nous rejoignent en admissions parallèles notamment en apprentissage. Dans le cadre de partenariats avec la BNP et la Société Générale nous recevons par exemple 60 étudiants pour former les commerciaux dont les agences bancaires ont besoin.
O. R : Vous voulez également faire évoluer les pédagogies.
T. C : Quand on reçoit 100 étudiants tout de suite après le bac ils ont des profils très différents. Ce n’est pas comme après une classe préparatoire où leur niveau dans une même école est relativement homogène grâce à la procédure de répartition SIGEM. C’est proprement inimaginable de délivrer à tous exactement le même programme !
A la rentrée prochaine, suite à une série de tests, nos étudiants de première année suivront 15 heures de cours en commun et autant de différenciés selon 3 axes : la langue, la logique numérique et la personnalité. Cela rassure beaucoup les étudiants et les parents de savoir qu’ils seront suivis d’une façon adaptée, ce qui devient indispensable tant les différences de niveau entre les bacheliers sont de plus en plus notables.
Le premier groupe bénéficiera d’un programme spécifique en langues et techniques de rédaction adapté à son niveau de départ tout en ne privant pas les autres d’un apprentissage leur permettant d’optimiser leur progression.
Le deuxième groupe, issu principalement de sections non scientifiques sera accompagné spécifiquement pour développer la capacité de compréhension et d’analyse des données numériques, ce qui est très important dans les métiers auxquels nous préparons.
Enfin, le troisième groupe aura besoin d’un accompagnement plus important sur la personnalité et travaillera plus intensément l’aisance orale, la confiance en soi…
Nous souhaitons amener chaque étudiant à progresser, quelle que soit ses aptitudes et son niveau de départ, de limiter les abandons et de créer chez les jeunes plus d’engagement et de plaisir d’apprendre.
O. R : Enfin vous insistez beaucoup sur la dimension humaine des enseignements.
T. C : Nous poussons nos étudiants à s’intéresser aux humanités et à la culture, avec des cours mais aussi des expositions sur le campus même, et à suivre au moins un stage dans une ONG ou une organisation non lucrative à partir de l’année prochaine.
Nous avons également créé un « laboratoire d’événementiel », un terrain d’expérimentation dédié à nos étudiants du Bachelor Event Management. Les métiers de l’événementiel s’apprenant également sur le terrain, les étudiants sont amenés à mettre en application leurs acquis théoriques dans le cadre d’un laboratoire d’application où ils travailleront à raison de 6h par semaine sur des missions confiées par des entreprises et agences partenaires et sur de vrais projets évènementiels.
O. R : Ce n’est pas si courant que ça dans les écoles, vous avez monté un massive online open course (MOOC). Pourquoi ?
T. C : Nous avons lancé un MOOC consacré au Commerce omnicanal pour nous rendre plus visibles en tant que référence dans le domaine du marketing et du commerce. Ce MOOC est une première étape dans la production de contenus. D’autres viendront ainsi qu’un blog de vulgarisation de notre recherche. Nous pensons également à mettre en avant les mémoires de nos étudiants qui passent deux ans dans une entreprise et en ressortent avec beaucoup de données qu’on peut mettre en avant. La vente est une problématique totalement ignorée par les grandes écoles et il n’existe même pas de revue de recherche qui lui soit consacrée en France. Nous voulons être une référence dans ce domaine.
O. R : L’ICD c’est aussi d’autres formations que la grande école ?
T. C : Oui nous proposons également deux bachelor en 3 ans – au terme desquels 80% des diplômés vont sur le marché de l’emploi – et en lançons un en 4 ans à la prochaine rentrée avec une école d’ingénieurs, l’EPF. Il aura pour ambition de former des managers des ventes technologiques et complexes, une spécialité dans laquelle les entreprises recherchent des centaines de profils. Les étudiants suivront alternativement deux jours de formation à l’ICD et deux jours à l’EPF. Nous proposons également neuf MBA qui sont calqués sur les options de la dernière année du cursus grande école.
O. R : Ces MBA peuvent être suivis en formation continue. Quelle part représente-t-elle à l’ICD ?
T. C : C’est très intéressant pour nos étudiants de rencontrer des profils plus âgés – même de 50 ou 55 ans – qui apportent de l’expérience et sont portés par le dynamisme des jeunes promotions. Pour le reste, l’ICD développe et met en œuvre son offre de formation continue par le biais du pôle Formation continue du groupe IGS, ce qui nous permet d’avoir une offre complète et être ainsi plus visibles pour les entreprises.
O. R : Vous êtes une structure associative. Pourriez-vous postuler pour les statuts d’EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) ?
T. C : Dans l’esprit oui mais il faudrait travailler notre gouvernance qui est aujourd’hui largement partagée avec le groupe IGS et nous permet de développer nombre de synergies. Nous sommes par ailleurs éligibles au label Epas et menons une stratégie d’amélioration qualitative des programmes et du service à l’étudiant. Nous élargissons nos réseaux et travaillons sur de nouvelles accréditations. Ces processus d’accréditation sont très intéressants car ils sont également un moyen de conduire le changement.
O. R : Vous êtes également la seule école accréditée par le Parlement. Pourquoi avoir obtenu cette accréditation ?
T. C : Parce que les dimensions sociétales font partie de l’ADN de nos établissements. Nous voulons avoir un impact sur certaines décisions et être sollicités lorsque sont présentés des projets de loi qui portent sur le commerce ou le marketing.