«Eklore-ed doit être pionnière dans les usages et les pratiques pédagogiques liées à l’intelligence artificielle»: Loïc Harriet, directeur général de Eklore-ed

by Olivier Rollot

+15 % d’augmentation des effectifs depuis la fusion en année 2023, plus de 50 % des étudiants en alternance, 63 % d’étudiants internationaux ou encore une insertion professionnelle à 6 mois supérieure à 84 %. Née de la fusion de l’ESC Pau et du CNPC Sport en 2023 Eklore-ed fait un premier bilan et présente son plan stratégique « Impacts & Ambitions 2023-2027 » : devenir la référence de l’enseignement hybride. Entretien avec Loïc Harriet, son directeur général.

Olivier Rollot : Pouvez-vous nous résumer les grands axes du plan stratégique « Impacts & Ambitions 2023-2027 » que vous avez conçu pour Eklore-ed ?

Loïc Harriet : Notre objectif avec ce plan n’est pas de nous projeter au temps long – c’est de de plus en plus difficile aujourd’hui – mais de poser des valeurs. Et d’abord l’audace, celle d’oser avancer dans un monde incertain. Également l’agilité de s’adapter pour ne surtout pas être un partisan du « c’était mieux avant ». Mais aussi l’ancrage et la fidélité à notre territoire. Ce que nous sommes dans un monde guidé par les algorithmes. C’est dans ce cadre que nous entendons consolider notre statut de Grande École avec l’obtention d’une accréditation internationale de façon à accroître notre rayonnement international dans les pays émergents.

O. R : Cette stratégie a-t-elle un impact sur votre pédagogie ?

L. H : Peu d’écoles parlent de ce qu’est un cours et la façon d’enseigner. Nous avons développé une philosophie KAI inspirée du « Kaizen » japonais qui est le fait d’apprendre de façon permanente.

Aujourd’hui, il faut redéfinir ce qu’est un cours. Ce n’est plus une simple transmission magistrale. Un cours, c’est un moment collectif, rythmé, incarné, loin du modèle où chaque étudiant travaille isolément sur son écran. Nous avons un objectif clair : redonner du sens au collectif. L’enseignement n’est plus la transmission abrupte de connaissances, mais le partage d’un état d’esprit et l’apprentissage d’une méthode ».

Dès la rentrée de septembre 2025, cette vision se traduira par une évolution des contenus : introduction renforcée des sciences humaines, exploration de la pop culture, mise en débat de sujets transversaux comme le rapport au travail, afin d’ancrer les apprentissages dans le réel et stimuler une lecture critique du monde. De nouveaux formats innovants seront également déployés : études de case studies en musique, en vidéo, partagés en open access.

O. R : Quelle place allez-vous donner aux IA ?

L. H : Eklore-ed doit être pionnière dans les usages et les pratiques pédagogiques liées à l’intelligence artificielle. Nous entendons ainsi co-construire des cours avec les étudiants en leur demandant par exemple de définir ce qu’est le management avec Chat GPT. Puis de chercher une autre définition.

L’intégration progressive et raisonnée de l’intelligence artificielle dans les programmes pédagogiques — via des outils comme Plaud Note — permettra aux étudiants de bénéficier de cours personnalisés et unique selon leur rythme et leurs besoins cognitifs, de feedbacks automatisés et réguliers, de synthèses intelligentes des contenus ainsi que d’un accompagnement individualisé tout au long de leur formation.

O. R : Comment définiriez l’identité d’Eklore-ed ?

L. H : Eklore-ed est la résultante de deux écoles créées par la chambre de commerce et d’industrie de Pau et qui en sont toujours deux services intégrés. La convergence de leurs projets c’est le dépassement de soi, l’universalisme du sport et de l’éducation. De plus le secteur du sport est très porteur aujourd’hui d’un point de vue économique et de communication : les sportifs sont de véritables leaders d’opinion. Des sportifs de haut niveau nous les recevons également dans l’école comme une dizaine de joueurs de la Section paloise en rugby.

C’est dans cet esprit que nous proposons dorénavant en master une spécialité sport que devrait être un élément de reconnaissance du point de vue international. La structure Eklore Sports and Technics forme quant à elle des ski men comme des techniciens du cycle. Nous voulons également créer des synergies avec les formations diplômantes.

Nous nous appuyons pour cela sur la ville de Pau. Pau est une ville ultra sportive avec de grands clubs dans plusieurs sports. Récemment a organisé un éklore-ed « Sports, loisirs et territoires » à Pau qui a attiré des professionnels du sport du monde entier.

O. R : Encore plus précisément, comment caractériseriez-vous votre master Grande école ?

L. H : Nous proposons un cycle complet en deux ans post licence qui correspond à la réalité du marché. C’est un non-sens économique et pédagogique qu’un programme Grande école en trois ans avec, en première année, à peine trois ou cinq étudiants internationaux. Un cycle hors protocole de Bologne. C’est beaucoup plus cohérent de travailler en deux ans pour obtenir un diplôme grade master.

Ce cycle comprend beaucoup d’humanités et de géopolitique pour un public qui n’est pas issu d’une CPGE (classe préparatoire aux grandes écoles). Sa première rentrée sous ce format deux ans a eu lieu en 2024 et il est encore trop tôt pour définir quels est précisément le profil des candidats parmi les 200 de chaque promotion. Ceux qui nous ont déjà rejoint proviennent de licences en économie-gestion, gestion mais aussi LEA (lettres étrangères appliquées). Ces derniers bénéficient d’une remise à niveau en gestion.

O. R : On le sait la question du financement des formations en apprentissage est en baisse. Que représente l’apprentissage dans vos formations ?

L. H : 70% de nos étudiants sont apprentis et même 80% dans le programme Grande école. En revanche nous ne proposons plus l’apprentissage dans les deux premières années de nos bachelors.

Il faut admettre que l’apprentissage dégrade la qualité des études avec des périodes très intenses de cours. Un étudiant classique suit 20 à 25 heures de formation pas semaine quand un apprenti en suit 35 heures toutes les deux semaines, rentre chez lui et ne voit pas ses amis.

Un étudiant classique fait au contraire la différence avec sa vie sportive et culturelle. Eklore-ed propose ainsi un module, E-klosion, qui valide les projets individuels. Un CV doit se différencier au-delà du grade master et c’est beaucoup plus facile en formation classique d’habiller son CV.

O. R : Le niveau de prise en charge (NPEC) de vos apprentis par France Compétences est-il suffisant ?

L. H : Ce n’est pas un souci aujourd’hui avec 13 500€ par an et par apprenti plus un reste à charge que prennent les entreprises.Le souci c’est que les alternants coutent très cher à gérer, sont très exigeants et… pas toujours très motivés. C’est tout le problème de la valeur perçue d’un diplôme qu’on ne paye pas.

O. R : Vous avez insisté sur le caractère très palois d’Eklore-ed. Envisagez-vous d’autres implantations ?

L. H : Plus qu’envisager ! Nous ouvrons à la rentrée une implantation à Paris, au métro Saint Denis Pleyel pour être précis. 900 m2 dans un quartier en plein devenir où nous allons nous axer sur le développement international dans les pays émergents.

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