Après trois années très difficiles dont le Céreq se fait l’écho, le front de l’emploi des jeunes connaîtrait-il une embellie? C’est en tous cas l’analyse de TNS Sofres concernant des étudiants des grandes écoles qui, du côté du management, ont été touchés comme tous les étudiants par la crise ces dernières années. Ceux qui sont effectué un séjour Erasmus semblent en tout cas s’en sortir mieux que les autres selon la Commission européenne
Des étudiants de grandes écoles plus confiants en 2014
L’édition 2014 du Baromètre annuel Grandes Écoles de TNS Sofres indique que la confiance en la capacité à trouver un emploi se stabilise chez les ingénieurs et connait une très légère remontée en commerce après la « panique » de 2013. Depuis 2011, la courbe de confiance des étudiants sur la perspective d’une première embauche accusait en effet une chute vertigineuse, jusqu’à atteindre l’an passé le « niveau de pessimisme le plus élevé depuis plus de 20 ans en écoles de commerce ». 2014 marque un léger rebond sans pour autant rattraper le niveau de 2012 : ils sont 29% à penser qu’il leur sera facile de décrocher un premier emploi, pour 24% l’an passé et 32 % en 2012. L’optimisme des étudiants ingénieurs se stabilise depuis un an et demeure toujours très supérieur à celui des étudiants en commerce. Comme en 2013, ils ne sont plus que 53% à penser qu’ils décrocheront facilement un premier emploi alors qu’ils étaient encore 61% en 2012.
Résultat de ce regain d’optimisme, le niveau d’exigence salariale annuel brut des élèves d’écoles de commerce repasse la barre des 30K€ avec 32.200 € en moyenne soit le niveau exigé en 2012 (32K€) tandis qu’en 2013, l’exigence était passée en deçà du seuil des 30K€ (29 500 euros). De leur côté, les élèves ingénieurs aspirent pour leur premier emploi à un salaire brut annuel de 34.400 € en moyenne (+ 2 000 euros vs 2013), soit le même niveau qu’en 2002. On reste donc encore loin des exigences de 2012 (35 100 euros) et 2011 (36 100 euros). À noter que les femmes qui, depuis 2011, diminuaient plus vite leurs prétentions salariales, renouent avec les prétentions de 2012 (31.200 euros contre 34.600 € pour les hommes) augmentant même leurs exigences plus vite que les hommes. Ce phénomène est plus net en écoles de commerce. Les entreprises dans lesquelles ils disent spontanément vouloir travailler sont Google, LVMH et E & Y dans les écoles de commerce et Airbus, EDF et Safran chez les ingénieurs
La difficile insertion professionnelle des diplômés de 2010
Interrogés dans le cadre des enquêtes Génération, les jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2010 subissent logiquement les effets de la crise, explique le Céreq dans une note. Seuls les ingénieurs, les docteurs et les diplômés de la santé et du social sont épargnés par la progression du chômage. Pour tous les autres, la situation après trois ans de vie active s’est aggravée entre 2007 et 2013. Les 369.000 jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2010 sont pourtant plus diplômés que leurs prédécesseurs : en 2010, près d’un jeune sur trois issu de l’enseignement supérieur entre sur le marché du travail avec un diplôme de niveau bac+5 et plus. Et pourtant en 2013, trois ans après leur sortie de l’enseignement supérieur tous niveaux confondus, 13 % des jeunes actifs sont au chômage, soit une hausse de quatre points par rapport à la Génération 2004.
La détérioration est nette pour chaque niveau : au printemps 2013, les diplômés de master de la Génération 2010 connaissent un taux de chômage de 12 %, soit le double de celui observé pour leurs aînés de 2004 (6 %). Selon le Céreq, les diplômés en gestion, en arts, lettres et langues connaissent des « taux de chômage après trois ans de vie active relativement élevés pour ce niveau de formation » (respectivement 15 % et 18 %). En revanche, certaines spécialités font jeu égal avec les écoles de commerce comme le droit et l’économie (9,5%), et les sciences de l’ingénieur (8%), sans rivaliser pour autant avec les écoles d’ingénieurs (3,5 %).
De la même façon, le taux de chômage des BTS/DUT a progressé de 6 points et ceux des licences professionnelles de 5 points. Si les diplômés de licence professionnelle accroissent légèrement leur avantage sur les BTS/DU, ils n’ont jamais affronté un chômage aussi élevé (10 % en 2013). La crise a également impacté de manière spectaculaire le taux de chômage des apprentis titulaires d’un bac+2 dans une spécialité industrielle avec un taux multiplié par cinq entre les deux générations (de 2 % à 10 %).
Un séjour Erasmus a un vrai impact sur l’emploi
The Erasmus Impact Study que vient de publier la Commission européenne explique comment les jeunes partis dans le cadre du programme Erasmus acquièrent non seulement des connaissances dans des disciplines précises mais renforcent aussi des compétences transversales très appréciées par les employeurs. Ils risquent deux fois moins de devenir chômeurs de longue durée par rapport à ceux qui n’ont pas étudié ni suivi de formation à l’étranger et, cinq ans après l’obtention de leur diplôme, leur taux de chômage est inférieur de 23%. Leur mobilité explique peut-être cet écart : 40 % des bénéficiaires ont changé de pays de résidence ou de pays de travail au moins une fois depuis l’obtention de leur diplôme, soit presque deux fois plus que ceux qui n’ont pas été à l’étranger pendant leurs études.
Très dynamiques, les stagiaires se distinguent particulièrement : plus d’un stagiaire sur trois se voit offrir un poste dans son entreprise d’accueil. Ils sont même un sur dix à avoir créé leur propre entreprise et trois sur quatre à projeter ou pouvoir envisager de le faire.
Et l’impact d’Erasmus ne se mesure pas qu’en progression de carrière. « Un million de bébés sont vraisemblablement nés de couples Erasmus depuis 1987 », estime la Commission européenne en notant que 33 % des anciens étudiants Erasmus partagent leur vie avec une personne de nationalité différente, contre 13 % de ceux qui sont restés dans leur pays d’origine pour leurs études.