«Ensemble, nous serons plus forts pour répondre aux besoins des étudiants»: la conférence des Crous franciliens pose sa feuille de route

by L'Essentiel du Sup

« Ce n’est ni une fusion, ni un pas vers une mutualisation massive : c’est une méthode pour mieux travailler ensemble au service d’étudiants très mobiles », pose d’emblée Thierry Bégué, directeur général du Crous de Paris, qui insiste sur le caractère « inédit et innovant » de la démarche que lancent les Crous parisiens : la création d’une conférence régionale de travail et de coordination entre les Crous de Paris, Créteil et Versailles. Les premières actions démarreront dès la préparation de la prochaine année universitaire 2026-2027.

Une gouvernance de coopération, pas de confusion. Les trois établissements resteront pleinement autonomes et ne créeront « ni budget commun » ni structure juridique dédiée ; l’animation se fera par axes thématiques, avec des chefs de file issus des services, et des financements « par projet » (communication, formation, événements). L’objectif : gagner en lisibilité et en efficacité sans ajouter un « guichet » de plus aux étudiants. « Nous travaillerons ensemble ; l’étudiant, lui, continue de s’adresser au Crous dont relève sa formation », résume Emmanuel Parisis, directeur général du Crous de Versailles.

Les trois directeurs des Crous parisiens actent leur partenariat

Information et accès aux droits, une volonté d’améliorer la lisibilité étudiante. Première urgence affichée : « rendre l’information plus lisible et accessible » pour lutter contre le non-recours, via des actions de communication communes (salons, relais dans les lycées et universités, mobilisation des ambassadeurs et services sociaux). Thierry Bégué appelle cependant à la vigilance : il ne faut pas brouiller l’orientation des usagers entre académies. « Notre objectif principal est la lutte contre le non-recours », rappelle Emmanuel Parisis.

A Paris, « une place en logement Crous fait face à sept demandes ». Un chiffre qui résume à lui seul l’ampleur de la pénurie. La stratégie de mise en commun des Crous francilien s’inscrit dans le plan national de production et de réhabilitation pour 2030, engagée dans une lutte commune pour faciliter l’accès aux logement étudiants.

Sur un marché particulièrement tendu en Île-de-France, la coopération vise à « accélérer l’offre » et à diversifier les modèles (logements sociaux et intermédiaires, construction modulaire, transformation de bureaux, expérimentations fluviales), avec un pilotage concerté en comité régional de suivi et un partage d’ingénierie avec les opérateurs (CDC Habitat, Banque des Territoires). « À trois, notre parole pèse davantage face aux bailleurs » souligne Thierry Bégué. La réalité de terrain reste contrastée mais est globalement saine du côté du patrimoine francilien : réhabilitations en cours à Saint-Denis et à Cachan, opérations programmées aux Ulis et à Cergy, et une forte part de logements gérés pour le compte de bailleurs sociaux. « Nous ne faisons pas le même métier que le privé : notre raison d’être est d’offrir des loyers en moyenne 20–30 % plus bas et un accompagnement social immédiat », insistent les trois directions.

Il faut faire « tomber certaines frontières administratives ». « Il y aura une véritable valeur ajoutée sur la qualité de vie étudiante », assure Virginie Catherine, directrice générale du Crous de Créteil. Parmi les premières mesures envisagées : une billetterie francilienne unique, l’ouverture de la galerie d’art du Crous de Paris à tous les étudiants d’Île-de-France, et l’organisation d’événements inter-Crous dont peut-être un festival. Un jalon est déjà posé : une conférence régionale sur la santé mentale aura lieu le 2 décembre, portée conjointement par les trois directions de la vie étudiante.

Ressources humaines : stabiliser, professionnaliser, attirer. Dans des métiers en tension (restauration, hébergement), la dynamique RH vise à fluidifier les mobilités, cesser la concurrence entre les trois Crous, mutualiser la formation continue (y compris la préparation aux concours) et renforcer l’attractivité des postes par des « pratiques de recrutement harmonisées ». « L’idée n’est pas de rapprocher les budgets, mais de mutualiser nos forces pour sécuriser les équipes et la qualité de service », explique Emmanuel Parisis.

Transition écologique : sensibiliser, fédérer, décarboner. Déjà engagés dans des achats responsables, les trois Crous veulent aller plus loin : sensibiliser les étudiants, créer un événement régional fédérateur et renforcer la décarbonation de leurs activités, du logement à la restauration.

Pourquoi maintenant ? Une réponse pragmatique aux tensions du modèle. La fréquentation des restaurants universitaires continue de croître fortement, +200 à +300 repas/jour dans certains sites par rapport à 2024. Parallèlement le coût complet du repas dépasse 8 € pour un prix payé de 1 € ou 3,30 € selon le statut. « Nous ne coupons pas la file à 13 h : nous sommes un service public, mais cela met notre modèle sous tension », rappelle la direction. D’où l’intérêt d’une coordination francilienne pour soutenir les priorités (restauration sociale, logement abordable, accompagnement) et peser davantage dans les montages économiques avec les partenaires publics et bailleurs.

Lilou Mankouri

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