PORTRAIT / ENTRETIENS

HEADway Advisory fête ses 10 ans. Entretien avec Sébastien Vivier-Lirimont, son fondateur et président : « J’avais acquis la conviction que les institutions de l’enseignement supérieur étaient à la veille de transformations massives »

Après une longue carrière dans l’enseignement supérieur, Sébastien Vivier-Lirimont fonde le cabinet de conseil HEADway Advisory en 2011 sur une intuition : le secteur est au début de mutations importantes qu’il va falloir accompagner. Onze ans plus tard, l’enseignement supérieur a bien évolué et le cabinet HEADway Advisory s’est imposé comme le cabinet leader de l’enseignement supérieur.

Parlez-nous de votre vie professionnelle avant de créer HEADway Advisory. Vous avez toujours eu un regard affirmé sur les questions d’enseignement supérieur !

Sébastien Vivier-Lirimont : J’ai été professeur de finances à Neoma, directeur académique de l’Institut supérieur de gestion puis directeur des programmes académiques de l’EDHEC. J’ai vécu de l’intérieur le double jeu de contraintes auquel sont soumis les entreprises académiques. Ce sont des entreprises « comme les autres » qui doivent avoir leur propre stratégie, positionnement, identité, mais aussi leurs règles de fonctionnement, leur budget… Et ce sont aussi des institutions de l’enseignement supérieur soumises à des règles et à des réglementations complexes et parfois non écrites. Elles doivent donc dans le même temps répondre aux exigences de l’entreprise classique et du monde académique.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer HEADway Advisory ?

S.V-L. : J’avais acquis la conviction que les institutions de l’enseignement supérieur étaient à la veille de transformations massives par rapport à leur modèle économique, les règles d’évaluation, les modalités de fonctionnement (je pense notamment au digital), au champ concurrentiel… Mais, j’étais loin d’imaginer à l’époque que ces évolutions seraient aussi importantes. Et ce n’est qu’un début. J’ai créé HEADway Advisory pour aider l’enseignement supérieur à répondre à ces nouveaux défis, devenir leur partenaire de confiance, sur le long terme, et leur offrir une boite à idées et à outils.

Quels ont été les premiers services que vous avez proposés ? Et ceux qui ont suivi ?

S.V-L. : Le premier service que nous avons proposé – nous étions deux à l’époque -, c’est le conseil en stratégie. Mais, très vite, la question de la qualité de l’information – son exactitude, la capacité à l’avoir avant les autres et à savoir la traiter – s’est imposée à nous. Dès 2012, nous avons ajouté un autre service autour de l’information et des données. Par la suite, d’autres services se sont ajoutés en réponse aux besoins de nos clients, tel que la chasse de tête ou les démarches qualité et accréditations. Nos clients sont des écoles, des universités, des labos de recherche, des entreprises de formation… Aujourd’hui, nous comptons 22 salariés (nous serons probablement 25 d’ici la fin de l’année), nous réalisons 70% de notre chiffre d’affaires en France et 30% à l’international.

Comment se répartit le chiffre d’affaires selon les pôles ?

S.V-L. : Le pôle stratégie représente 50% de notre chiffre d’affaires – l’intuition de départ s’est avérée être la bonne -, la chasse de tête, 35%, l’information et la data, 5%, la qualité et les accréditations, 10%. Et tout est entremêlé car pour établir un plan stratégique, on a besoin de prendre du recul, une démarche qui fait émerger de nouveaux besoins. Et nos clients sont rassurés à l’idée de solliciter pour une mission de recrutement qui découle de leurs évolutions stratégiques un cabinet qui les connait si bien de l’intérieur. Nous pouvons leur apporter une réponse globale car une école, c’est à la fois une pédagogie, une marque employeur, une marque école, des programmes, des partenariats. Notre valeur ajoutée : traiter un sujet dans toutes les réalités d’un établissement d’enseignement supérieur.

Comment vous positionnez-vous à l’international ?

S.V-L. : Le cercle vertueux que je viens de décrire attire de plus en plus de clients étrangers, des établissements situés au Québec, au Maroc, en Chine, en Allemagne. C’est pour nous une belle reconnaissance de nos compétences et la preuve de notre capacité à gagner des appels d’offre. Nos activités à l’international vont s’accroître car nos clients français nous demandent d’accompagner la croissance de leurs écoles implantées à l’étranger en les aidant à collaborer avec des acteurs locaux, à être plus visibles, à attirer des étudiants dans leurs programmes internationaux, etc. Nous envisageons par ailleurs d’installer des bureaux en Espagne, en Allemagne et aux États-Unis. Notre souhait : après être devenu le leader français en conseil stratégique pour l’éducation, nous ambitionnons de devenir le leader européen.

Plus de dix ans après la création du cabinet, quel bilan dressez-vous ?

S.V-L. : Je suis fier du chemin parcouru. On a gagné la confiance des acteurs du secteur, nous avons noué des liens sur le long terme, nous sommes impliqués à leur côté, à leur écoute… tout en gardant notre capacité à les challenger, à apporter des idées nouvelles et à les accompagner dans leur mise en œuvre. Une immense majorité de nos clients nous ont passé une deuxième commande. Je suis aussi fier de ça, tout comme je le suis de l’équipe. Nous sommes tous au service de l’enseignement supérieur, soucieux de la réussite des établissements et du développement de leur distinction.

Quel regard portez-vous sur le marché que constitue aujourd’hui l’enseignement supérieur ?

S.V-L. : Nous sommes au début de la vague de transformations évoquées au début de cet entretien. Un exemple parmi d’autres : le désengagement de l’État sur le plan financier va se poursuivre obligeant les établissements à repenser leur modèle économique. Une réflexion d’autant plus fondamentale que dans les années à venir ils vont devoir faire face à un mur d’investissements. La transformation digitale, dont on a vu que des prémices, l’exige. Mais ce n’est pas le seul changement à l’œuvre : il y a aussi la transformation industrielle qui nécessite des rapprochements entre établissements nationaux et internationaux.

Une tendance qui me réjouit, c’est que l’étudiant est à nouveau au cœur des plans stratégiques. Ses attentes – être accompagné dans ses études et dans sa vie -, ses comportements – la pédagogie descendante, ça ne fonctionne plus aujourd’hui – évoluent et il faut s’y adapter. Or, plus de services, c’est plus de personnel, plus de digital et donc plus d’investissements. Même les campus se transforment. On est loin des amphis auxquels on ne touche plus pendant 300 ans…

Comment répondez-vous à tous ces bouleversements aujourd’hui et demain ?

S.V-L. : Nous aidons nos clients à y voir clair, à mieux se comprendre, à mieux comprendre leurs différences par rapport au marché, à hiérarchiser les choix, à construire un chemin stratégique unique et impactant. Le tout dans un contexte où la concurrence fait rage et où le marché va de plus en plus vite. Nous allons faire de même pour proposer des réponses rapides et des transformations accélérées afin de positionner les institutions en amont de ces changements. En deux ans, nous sommes passés de 12 salariés à 22 et nous devions être 40 dans peu de temps. Des recrutements qui nous permettent d’être dimensionné pour être à la hauteur des enjeux de nos clients.

Autre de nos priorités : apporter du sens et notre compréhension du secteur au grand public. Pour une famille, c’est très compliqué de s’y retrouver dans les filières de l’enseignement supérieur et de faire les bons choix. Le site Mon bac et moi, la seule activité b to c du cabinet, est un moteur d’accompagnement à la réflexion sur l’orientation que nous avons mise en place il y a un an et demi et que nous souhaitons développer. Pour ce faire, nous allons chercher des investisseurs.

Bref, tous ensemble, nous avons construit une magnifique histoire, qui se poursuit. Nous allons ainsi nous transformer en société à mission. Toute l’équipe travaille à ce projet qui nous correspond en tout point. HEADway Advisory est une entreprise utile et c’est pour moi une grande satisfaction.

Propos recueillis par Anne Dhoquois

 

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