Lors de sa conférence de presse de rentrée du 23 septembre , Philippe Boutry, le président de Paris I, principale composante du PRES (et pas encore Comue) Hesam n’y est pas allé par quatre chemins pour stigmatiser « l’irresponsabilité » des quatre écoles (EHESS-École des hautes études en sciences sociales, EPHE-École pratique des hautes étude, EFEO-École française d’Extrême Orient et FMSH-Fondation maison des sciences de l’Homme) qui ont brusquement décidé de quitter le PRES Hesam le 18 septembre, jour où devait (enfin) être voté les statuts de la Comue. L’École des Chartes annonçait vouloir suivre ce mouvement et on soupçonne l’ENA d’être dans les mêmes dispositions. « Nous continuons à dix mais nous ne sommes pas fermés à l’accueil de nouveaux membres », explique encore Philippe Boutry, qui exclut pour autant tout rapprochement avec ses voisins de Paris II toujours orphelins de Comue.
Pourquoi ils sont partis
Sur le site de la Fondation maison des sciences de l’homme, les quatre institutions (EHESS, EPHE, EFEO, FMSH) qui ont décidé de quitter l’Hesam le 18 septembre sont depuis revenues sur les raisons de leur décision : « L’élément initiateur de la discorde a été la décision de l’université Paris 1 de refuser de discuter les statuts proposés par une commission [de travail sur les statuts] et de prétendre imposer dès lors une série de conditions que nos quatre établissements, et d’autres aussi très certainement, ont perçue comme une manière de manifester la prééminence symbolique et juridique de cette université – la seule du PRES heSam – sur les autres partenaires ». Ce refus et ces conditions posées sont également apparus comme dictés par l’idée de « soumettre heSam à un modèle universitaire disciplinaire et centralisé, à l’encontre du modèle d’“université d’un type nouveau”, décentralisé et donnant toute leur place aux études interdisciplinaires et internationales, qui constituait le projet initial, scientifique plus encore qu’institutionnel ».
Dans ces conditions, insistent les quatre institutions, « la décision de quitter heSam s’est imposée comme inévitable, et nous avons veillé à l’annoncer clairement et simultanément à toutes les parties concernées. Si le moment a pu constituer une surprise pour certains, la possibilité, voire la probabilité de cette décision était bien connue des principaux acteurs depuis longtemps, même s’ils ont pu préférer se voiler la face ou penser que nulle autre solution ne pouvait être préférable pour nos établissements que celle qui consistait à rester dans heSam ».
Une construction qui a toujours été fragile
La question de l’avenir même de la Comue Hesam est maintenant clairement posée alors que l’obtention d’un Idex paraît totalement compromise faute d’une gouvernance stable. Il y a deux semaines, l’administrateur général d’une des principales composantes d’Hesam qu’est le Cnam, Olivier Faron, estimait déjà (entretien à l’AEF) que « si le scénario devait être de ne pas avoir d’Idex et que les besoins énormes du Cnam en matière d’immobilier ne soient pas reconnus à travers le CPER attribué à la Comue, il sera légitime pour le Cnam de se demander à quoi sert la Comue Hesam ». Déjà il avait fallu tout l’entregent de Jean-Richard Cytermann, le chef du service de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, et Jacques Bourdon, ancien président de l’université d’Aix-Marseille-III et conseiller de Paris I, pour parvenir – de haute lutte ! – à rédiger des statuts qui n’ont finalement pas pu être votés.
Mais les problèmes d’Hesam remontent à bien plus longtemps : à toujours même ! Dès le départ le rapprochement entre une grande université (Paris I), une école d’ingénieurs (Arts et Métiers ParisTech), une grande école de management (ESCP Europe), le « poids lourd » de la formation continue qu’est le Cnam d’un côté, des écoles ancrées dans la recherche comme l’EHESS de l’autre, semblait à beaucoup le mariage de la « carpe et du lapin ». « La fragilité d’Hesam était identifiée car le projet reposait initialement sur de grandes personnalités comme François Forestier (Cnam) ou François Weil (Ehess) dont les départs ont rapidement fragilisé un ensemble dans lequel l’équilibre entre une seule de université et des écoles n’était pas bien établi », commente Geneviève Fioraso, La question de la dévolution du doctorat à la Comue semble avoir été le point de rupture sur lequel s’est fracassé Hesam. Ce serait d’ailleurs vers le pôle plus homogène – mais pas exempt de problèmes avec la démission de sa présidente – qu’est PSL que se dirigeraient les quatre (ou cinq et même six) écoles partantes d’Hesam. Pour autant, Philippe Boutry veut toujours créer une « université de recherche d’un nouveau type ». Oui mais avec qui ?