Stratégie Kedge 2030 : pas de révolution, une accélération

by Olivier Rollot

« Kedge cela veut dire quelque chose, c’est être ancré et c’est incarné par notre nom et notre plan stratégique s’appelle donc Kedge 30 », indique Alexandre de Navailles, le directeur général de Kedge, en amont de la présentation de son nouveau plan stratégique avec lequel il entend bien faire monter son école à la 9ème place du Sigem alors qu’elle est classée 34ème au Financial Times et première école en recherche dans la catégorie « business administration » selon le classement de Shanghai. « Dans les années à venir nous allons développer l’école de manière contrôlée pour atteindre d’ici 2030 un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros. Je préfère être réaliste dans un marché international complexe et une démographie chancelante. Ce plan est une accélération de ce que nous faisons déjà. Je ne crois pas qu’on puisse avoir une croissance de 70, 80, 100% dans les prochaines années », se projette le directeur contraint par ailleurs, alors que 3 000 de ses étudiants suivent aujourd’hui leurs cours en apprentissage, de « moins s’y impliquer avec la baisse des aides de l’État ».

Un petit bilan du plan stratégique 2020-2025. Depuis 2020 le chiffre d’affaires est passé de 114 à 154 millions d’euros soit une hausse de 30% en cinq ans en dépit d’un passage difficile en 2022-23. Dans le même temps l’école a su dégager 47 millions d’euros d’autofinancement qu’elle a réinvesti intégralement. « Nous avons de très bons résultats en 2025 sans encore pouvoir les présenter officiellement. 5 000 nouveaux étudiants ont rejoint l’école ce qui n’est pas loin d’être un record. » Dans ces cinq dernières années, Kedge a également développé ses activités en Chine et s’est implantée en Inde.

Toujours pionniers sur la RSE. « Nous voulons continuer à développer la RSE dans tous les programmes. Alors qu’on a souvent mis l’accent sur l’IA ces deux dernières années il faut revenir aux fondamentaux », signifie Alexandre de Navailles alors que son école fait partie de celles qui font passer les tests Sulitest et Task à tous ses étudiants : « La RSE n’est pas une mode et nous serons particulièrement actifs sur les sujets d’inclusion ». Aujourd’hui 2 600 des 7 000 étudiants sont accompagnés par son welness center en particulier pour ses questions de santé mentale. 3 000 étudiants sont soutenus par des bourses et l’objectif est de passer de 7 à 10 millions d’euros d’aides.

Corps professoral et pédagogie. Le premier axe du plan stratégique est consacré à la connaissance et à l’excellence académique et repose sur le renforcement de la recherche et de la faculté. KEDGE vise une recherche à la fois rigoureuse et utile aux entreprises et aux territoires, en développant des pôles d’expertise régionaux (santé à Marseille, vin à Bordeaux, aéronautique et défense). « Nous avons aujourd’hui 223 professeurs permanents et allons en recruter 23 nouveaux en 2026 pour avoir un corps professoral permanent de 270 enseignants-chercheurs en 2030 », explique Isabelle Fagnot, la doyenne de Kedge qui implémente aujourd’hui les nouvelles règles de fonctionnement de sa faculté qui ont fait couler beaucoup d’encre.

Pluridisciplinarité et l’agilité. Le deuxième axe du plan stratégique met l’accent sur la pluridisciplinarité et l’agilité, afin de « préparer des managers capables de conduire les transitions sociétales et technologiques ». Cela se traduit par un décloisonnement entre programmes (PGE, bachelors, schools spécialisées) et une pédagogie immersive. fondée sur l’action. « L’ambition de l’école c’est que chaque étudiant révèle son potentiel avec cette confiance de travailler dans un monde en changement permanent. Nous voulons transformer l’apprentissage avec des approches fondées sur l’étudiant. L’apprentissage expérientiel est au cœur de nos méthodes », reprendIsabelle Fagnot. L’IA devient un outil transversal, intégrée à la formation alors que la plateforme propriétaire Métis, développée avec Amazon Web Services, entend « offrir un environnement sécurisé et éthique d’IA au service des enseignants, étudiants et personnels ».

De nouveaux dispositifs sont lancés : filière géopolitique intégrant diplomates et militaires, semestre entrepreneurial co-construit avec le fondateur d’Ornicar, et projets de transformation environnementale (programme SHIFT).

Le développement international. Le troisième axe affirme l’ancrage international et collectif de l’école. « Nous souhaitons doubler le nombre d’étudiants internationaux en passant à 2 000 » promet Céline Davesne, directrice des programmes et de l’international qui s’appuie pour cela sur ses trois campus de Chine, Afrique (BEM Dakar) et d’Inde pour « former la jeunesse qui fera demain la croissance mondiale ». Kedge proposera également quinze nouvelles opportunités de doubles diplômes internationaux chaque année à ses étudiants. Cette internationalisation toujours plus affirmée passe également par le déploiement de programmes co-construits avec des institutions locales et lancement d’un triple diplôme avec HEC Montréal et BEM Dakar. Un “African track” et un futur “Indian track” associent formation et engagement social dans les ONG locales.

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