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Petit état des lieux des MOOCs à la française

«100% des étudiants doivent pouvoir avoir accès à des cours en ligne en 2017», tel est l’un des objectifs affichés de Geneviève Fioraso qui a présenté la semaine dernière son projet France Université Numérique (FUN). Il était temps comme le démontre un sondage d’Opinion Way qui indique que 65 % des étudiants et 78 % des enseignants du supérieur pensent que la France est en retard en la matière. Alors que seulement 5% des étudiants et 18% des enseignants disent savoir ce que sont les MOOC, il n’y a en tout cas pas de débat sémantique pour la ministre: «On veut nous vendre le terme « CLOM » mais je crois qu’aujourd’hui les MOOC se sont déjà tellement inscrits dans le paysage qu’on va continuer à les appeler comme cela », dit-elle, prononçant «mouk» quand certains en France rêvent de «moque» pour se différencier des Américains.

Une plate-forme dédiée

Mais le plus important est qu’une vraie plate-forme, www.france-universite-numerique-mooc.fr, va permettre aux étudiants de suivre des cours dès janvier 2014 (les inscriptions seront-elles ouvertes le 28 octobre prochain). À ses débuts on y trouvera une vingtaine de contributions d’universités et de grandes écoles comme de Panthéon-Assas, Montpellier 2, l’École Polytechnique ou encore l’institut Mines-Télécom. Ensuite beaucoup d’autres devraient venir s’agréger à une initiative totalement désintéressée économiquement mais qui doit pouvoir contribuer à assurer le rayonnement de la France, notamment sur le continent africain. Le tout financé par une subvention de 12 millions d’euros. Sera-ce suffisant pour résister aux bulldozers Coursera ou edX ?

  • Regarder la vidéo de présentation du numérique présentée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Des initiatives multiples

Comme le montre le schéma ci-dessous réalisé par le site d’enseignement à distance HelloMentor, le paysage des MOOCs à la française est en perpétuel développement et on attend avec particulièrement d’impatience l’initiative annoncée avant l’été par Orange. En attendant, les écoles d’ingénieurs ont été les plus dynamiques.


Le président de Paris Ouest Nanterre La Défense lance un MOOC philo. Jean-François Balaudé est le premier président d’université à non seulement créer un MOOC mais aussi à y participer. Son cours « Philosophie et modes de vie : de Socrate à Pierre Hadot et Michel Foucault » sera accessible sur la plate-forme FUN à partir du 1er janvier en compagnie d’un autre MOOC développé par l’université intitulé «La Première Guerre mondiale expliquée à travers ses archives» en cette année du centenaire de son déclenchement.

HEC aura ses MOOCs. Alors que présence sur la plateforme FUN a été confirmée par la ministre, HEC va également lancer ses MOOCs sur Coursera. Accessibles début 2014, ces deux premiers cours seront dédiés au droit européen et à la finance d’entreprise et prodigués pour l’un en anglais, pour l’autre en français. Rejoignant ainsi l’École Polytechnique, HEC se place en leader des MOOCs pour les écoles de management et choisit la technologie de Coursera

Lille 1 crée un MOOC consacré à la cryptographie. Les initiatives se multiplient sur la route des MOOC et Lille 1 lance «Arithmétique : en route vers la cryptographie» sur la plateforme Canvas, l’un des premiers MOOC en mathématiques en France. Sur six semaines à partir du 7 octobre, ce cours de mathématiques d’un niveau de première année de licence a pour objet de faire comprendre comment sont sécurisées les communications sur internet.

Centrale Paris arrive sur Coursera et FUN. Après l’École Polytechnique c’est au tour de l’École centrale de Paris de se lancer sur Coursera avec trois MOOC en anglais en ligne à partir de janvier prochain. Sur FUN, l’École centrale propose déjà un MOOC consacré au développement durable qui propose 7 semaines de cours avec 1 h de vidéo et des exercices appliqués.

Le groupe Ionis lance un open course sur le marketing et la communication des marques. Un groupe d’enseignement supérieur privé comme Ionis se met aussi de la partie avec un site qui n’est pas un MOOC mais n’en propose pas moins un contenu entièrement gratuit et utile à tous les étudiants en marketing et communication. IONIS Brand Culture présente 50 cas marketing et/ou publicitaires de référence décryptés et analysées: Absolut, Apple, Avis, Axe, Club Med, De Beers, Dove, McDonald’s, Monoprix, Obama 2008, Rolling Stone, Total, Victoria’s Secret… Tous les cas sont expliqués et commentés par de grands publicitaires et experts en communication, qui partagent leur vision et leur jugement dans une vidéo d’une dizaine de minutes.

Un MOOC certificatif sur l’entreprenariat à l’EM Lyon. Développé avec la société UNOW, startup française spécialisée dans le domaine, l’EM Lyon lance un MOOC consacré à l’entreprenariat le 4 novembre. Spécificité par rapport aux autres MOOC, il sera certificatif avec des quizz permettant de valider les acquis. Pour s’inscrire : www.em-lyon.com/mooc-effectuation

  • N’ayez pas peur des MOOC ! explique le directeur du groupe ESC Dijon
  • On attend encore son MOOC sur le management des industries du vin mais Stephan Bourcieu, le directeur du groupe ESC Dijon Bourgogne, associé à Olivier Léon, le directeur adjoint de l’école, en est déjà un expert comme le démontre son article paru dans L’Expansion Management Review. Sous le titre «Les MOOC, alliés ou concurrents des business schools», les deux hommes se révèlent résolument confiants pour les écoles de management dans la mesure où « la complexité du business model des business schools, dans lesquelles la création de valeur ne se réduit pas à la transmission de connaissances, aura sans doute pour effet de limiter l’impact de la vague». Leur conclusion: «Les MOOC sont plus un produit de complément qu’un concurrent direct des business schools».
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

2 Comments

  1. Vous avez écrit: « Sera-ce suffisant pour résister aux bulldozers Coursera ou edX ? », c’est inexact. En fait, Geneviève Fioraso a choisi edX pour construire la plate-forme dédiée du MESR. Outre-atlantique, on sabre le champagne pour edX qui a su convaincre la France. Voir par exemple :
    In France, edX’s open source code will power a national online learning platform that will be available to the country’s more than 100 universities. The platform, announced last week by the French Ministry of Higher Education, will feature 20 courses that will start in January 2014 (http://www.insidehighered.com/quicktakes/2013/10/08/mooc-providers-expanding-abroad).
    Cordialement, Philippe Cassuto

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