L’Istec Paris fait partie des quelques quarante écoles de commerce « mastérisées » (lire les indicateurs de la Cefdg) qui peuvent ainsi prétendre faire partie de la « première division » des écoles de commerce françaises. Son directeur, Benoît Herbert, nous explique quel rôle particulier jouent les grandes écoles postbac.
Olivier Rollot : Pourquoi intégrer une école de commerce post bac comme l’Istec ?
Benoît Herbert : D’abord parce que ce sont des études intéressantes qui vous permettent d’entrer dès votre bac dans une démarche axée sur l’entreprise. Ce sont aussi des cursus qui vous permettent de réaliser chaque année un stage et de réaliser plusieurs séjours à l’international. Nos étudiants partent obligatoirement un semestre en Europe pendant leur deuxième année, peuvent passer un semestre à Londres en 3ème année et partent un semestre en 4ème année.
J’ajoute qu’entrer à l’Istec c’est entrer dans une famille avec seulement 1000 étudiants dont 800 dans le programme grande école. Enfin des études que vous pouvez réaliser en cinq ans sans jamais vous demander si vous pourrez ou non rester dans l’établissement.
O. R : Etre directement opérationnel ce n’est pas se couper trop vite d’une démarche universitaire fondée par exemple sur la recherche ?
B. H : Nous tenons à ce que nos étudiants fassent également cette démarche et ils doivent réaliser pendant leur cinquième année un véritable mémoire de recherche appliquée avec un enseignant-chercheur. Pour cela ils doivent réalise huit entretiens approfondis avec des professionnels dans huit entreprises différentes. C’est pour eux le véritable aboutissement de cinq ans d’études – dès leur première année ils travaillent sur une étude sectorielle – avec au final une soutenance devant un jury.
O. R : Quelle différence fondamentale y a-t-il entre une école post bac et l’autre post prépa ?
B. H : La formation en gestion management est forcément plus poussée dans une école en cinq ans que dans une école post prépa où on ne suit que trois ans d’études. Et puis pensez à ce que c’est de faire une prépa quand on envisage seulement d’intégrer une très bonne école et qu’on n’y parvient pas. Tenir deux ans en prépa son on n’intègre pas HEC cela en vaut-il vraiment la peine ?
O. R : Mais les diplômés de vos écoles se placent-ils toujours aussi bien dans les entreprises avec la crise ?
B. H : A la sortie de l’Istec on trouve un emploi parce que notre cursus s’effectue en interaction avec des professionnels tout en proposant une large palette de matières au-delà des maths et du droit. De plus nos étudiants ont accès dès leur première année au réseau des diplômés. Une école de management c’est d’abord un réseau qu’il faut constituer pendant son cursus.
O. R : Et beaucoup de stages…
B. H : Nos étudiants suivent effectivement entre 16 et 18 mois de stage mais on surtout la possibilité de suivre leurs deux dernières années en alternance, que ce soit en contrat d’apprentissage, de professionnalisation ou de stages alternés. Aujourd’hui ce sont les deux tiers des étudiants qui font son choix quand le dernier tiers préfère partir à l’international.
O. R : C’est facile de trouve des contrats d’alternance aujourd’hui ?
B. H : La demande des entreprises est forte en région parisienne et nos étudiants trouvent facilement des employeurs. Il n’en reste pas moins que c’est un vrai travail pour une école d’aider ses étudiants à bien rédiger leur CV pour trouver de bons contrats. Notre career center emploie cinq personnes à plein temps pour placer tous nos étudiants en alternance.
O. R : Quelle est la spécialité de l’Istec ?
B. H : Le cœur de notre formation c’est le marketing même si nous avons également des spécialisations en finance ou en commerce international.
O. R : Quel profil recrutez-vous principalement ?
B. H : Dans le cadre du concours Team nous recrutons majoritairement des bacheliers ES mais aussi 40% de S et très peu de L et de STMG. Ces derniers progressent d’ailleurs beaucoup.
O. R : On peut intégrer l’Istec autrement qu’après le bac ?
B. H : 80 élèves titulaires de BTS ou de DUT intègrent chaque année l’Istec et nos promotions passent alors de 120 à 200 élèves. L’intégration se fait bien grâce aux travaux en groupe où nous mêlons systématiquement les nouveaux arrivants aux plus anciens.
O. R : On travaille beaucoup en groupes à l’Istec ?
B. H : Enormément mais avec toujours une notation individuelle pour éviter les « passagers clandestins ». Il y a toute une culture à développer chez les étudiants pour apprendre à travailler en groupe comme dans les entreprises. Grâce aux travaux personnels encadrés qu’ils font au lycée, les bacheliers ont de plus en plus cet esprit de groupe et de partage de l’information.
O. R : Et du côté des défauts de vos étudiants ?
B. H : Il y a un vrai problème de maîtrise du français et nous sommes partenaires du projet Voltaire que nos étudiants suivent chaque année systématiquement. Mais ce n’est plus vécu aujourd’hui comme une contrainte. Au contraire nos étudiants nous remercient de les faire ainsi progresser.
O. R : Vous êtes implantés dans des pays étrangers ?
B. H : Implantés non mais nous sous traitons nos programmes bachelors et executive MBA en Afrique, que ce soit en Algérie, au Sénégal ou au Maroc, partout où la classe moyenne progresse. A chaque fois nos professeurs sont impliqués.