13% en 2013, 7% en 2014 et encore 1% cette année, même symbolique le désengagement financier de l’Etat vis à vis de l’enseignement supérieur privé se poursuit cette année comme le déplorent la CDEFI, la CGE et les quatre fédérations d’établissements d’enseignement supérieur privés contractualisés (Fesic, Udesca, Ugei et l’UNFL) dans un communiqué commun. Alors que le montant des ressources tirées de la collecte de la taxe d’apprentissage a chuté de 32% cette année et que les chambres de commerce se désengagent c’est tout l’enseignement supérieur privé qui s’inquiète de son avenir.
Le désengagement de l’Etat est d’autant plus incompréhensible pour les établissements d’enseignement supérieur privés que, dans le même temps, le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, Thierry Mandon, a publiquement semblé se préoccuper de leur situation au lendemain de la publication des rapports plutôt positifs de l’IGAENR et StraNES sur leur action. Au-delà d’un appel à la puissance publique pour les soutenir, quelles ressources les établissements d’enseignement supérieur privés peuvent aujourd’hui développer pour assurer leur avenir ? Et quels dangers courent-ils en s’opposant les uns aux autres au moment où le groupe Studialis passe sous pavillon américain.
« Faudra-t-il augmenter les frais de scolarité ? J’en ai bien peur. »
Face à ce désengagement, les établissements d’enseignement supérieur privés n’ont guère de marge de manœuvre. Tout juste parti de la direction d’HEC, Bernard Ramanantsoa publie un livre, Apprendre à oser, dont EducPros publie des extraits, dans lequel il s’interroge : « Faudra-t-il augmenter les frais de scolarité ? J’en ai bien peur, même si une telle mesure ne manquerait pas de susciter des réactions en France ». Et d’appuyer là où ça fait mal : « L’État français, quelle que soit la couleur des gouvernements, échoue depuis plusieurs années à mettre en place des politiques incitatives favorables à notre système éducatif ». Violemment attaqué cet été pour l’augmentation de ses frais de scolarité, Olivier Oger, le directeur général de l’Edhec, estime de son côté « être arrivé à un palier » et « compenser cette augmentation par une augmentation des bourses ». Moins chères que leurs homologues de management, les école d’ingénieurs ont sans doute également des marges de manœuvre.
Objectif bachelors
L’Edhec a doublé les inscrits dans son bachelor cette année et les école d’ingénieurs travaillent à la création de bachelors après la création de ceux des Arts et Métiers ParisTech et de l’EPF. Pour les écoles de management ils sont déjà devenus des relais de croissance indispensables sur lesquels lorgnent maintenant les écoles d’ingénieurs. Mais d’un côté les écoles privées, pour la plupart postbac, devront alors faire cohabiter leur cycle principal avec des bachelors recrutant au même niveau, quand les post prépa, plutôt publiques, devront trouver de nouveaux financements auprès d’un gouvernement pas forcément généreux. Pas facile !
ESC contre ESC ?
Quand l’Edhec ou l’EMLyon augmentent leurs effectifs en prépas ou en bachelors les ESC moins puissantes souffrent. Cette année l’Inseec ou l’ESC Pau ont ainsi vu largement le nombre de leurs élèves issus de prépas diminuer. Une forme d’« autorégulation » du système sous l’égide des chambres de commerce et d’industrie et, singulièrement, de la CCI Paris Ile-de-France semble ainsi en voie de s’éteindre au profit d’une concurrence exacerbée qui pourrait bien détruire les plus faibles.
EESPIG contre lucratifs ?
Face à ces tensions financières de plus en plus marquées, la tentation est grande du côté des écoles privées non lucratives, notamment celles de la Fesic, de présenter le statut d’EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) comme un label de qualité. Une perspective qui révolte les établissements privés à but lucratifs pour lesquels l’EESPIG n’est justement que la preuve d’une « non lucrativité » et pas un label de qualité. Le risque est que les établissements privés se déchirent autour de ce statut qui… leur apporte de moins en moins financièrement parlant.