L’EM Normandie a accueilli en décembre 2016 le congrès annuel de l’ADEPPT (Association de promotion des classes préparatoires option technologique) qui réunit les professeurs des classes préparatoires économiques commerciales réservées aux bacheliers STMG (plus certaines aux bacheliers professionnels). Entretien avec celui qui la préside depuis 8 ans et vient d’être réélu à sa tête, Jean-Luc Koehl.
Olivier Rollot : C’est la période des vœux. Qu’est-ce que vous espérez pour 2017 ?
Jean-Luc Koehl : L’ouverture d’une ou deux classes préparatoires option technologique nouvelles peut être ? Nos 43 classes (39 en métropole et 4 dans les DOM-TOM) présentent plus de 1 000 étudiants chaque année aux concours (contre 800 il y a cinq ans). La progression est de 5% par an depuis cinq ans ce qui représente aujourd’hui un peu plus de 12% des candidats. La voie technologique est la seule en progression aujourd’hui grâce à l’ouverture régulière de classes. Comme par exemple cette année à Niort dans la voie professionnelle. Le potentiel est considérable quand on sait que 15% des bacheliers généraux suivent une classe prépa quand ils ne sont que 3% en STMG.
O. R : Pourquoi ne sont-ils pas plus nombreux ?
J-L. K : Les élèves de STMG ont beaucoup de scrupules à aller en prépa. Ils s’autocensurent énormément parce qu’ils ne se voient pas poursuivre des études pendant cinq ans après le bac. Ils sont en effet le plus souvent issus de milieux familiaux qui ne les poussent pas vers des études longues. 40% sont boursiers contre 15% dans les autres prépas EC. Nous devons leur montrer qu’ils peuvent réussir. Nous allons donc à leur rencontre dans les lycées pour les convaincre de la réussite qui les attend et ainsi surmonter l’absence de diplômes après la prépa qui gêne parfois leurs parents.
O. R : Vos élèves passent exactement les mêmes épreuves que les élèves des autres prépas ?
J-L. K : En liaison avec leur filière du bac, ils passent quatre épreuves spécifiques sur les sept (mathématiques-informatique, économie, droit et thème de veille juridique, management et sciences de gestion) et les mêmes épreuves en langues, culture générale et philosophie). Les langues sont d’ailleurs l’épreuve dans laquelle nos élèves sont les plus handicapés et qui les empêchent d’intégrer les « parisiennes ». Résultat, ils s’inscrivent rarement dans ces écoles pour ne pas avoir à payer les droits d’inscription (3 fois 170€ pour HEC, l’Essec et ESCP Europe c’est une grosse somme pour eux) s’ils ne sont pas boursiers.
O. R : En 2010 vous avez eu l’idée de créer la première classe prépa destinée aux bacheliers professionnels au sein du lycée René-Cassin de Strasbourg. Elles sont trois aujourd’hui. Quels résultats obtiennent-elles ?
J-L. K : Avant de donner des cours en prépa j’étais professeur en BTS et j’y rencontrais des titulaires de bacs pros qui y réussissaient très bien. J’ai proposé l’idée au lycée René-Cassin de Strasbourg et nous avons convaincu le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de nous suivre. Depuis des prépas similaires ont vu le jour à Marseille et, en 2016, à Niort. Ces prépas durent une année de plus, une sorte d’année de remise à niveau, notamment car les bacheliers professionnels ne suivaient pas de deuxième langue vivante à l’époque où nous l’avons créé.
Au bout de ces trois ans, ils passent exactement les mêmes concours que les autres élèves et entrent chaque année dans de très bonnes écoles comme Audencia BS, Grenoble EM ou encore Toulouse BS.
O. R : Il existe un autre dispositif pour intégrer les écoles de management : les prépas ATS.
J-L. K : Là aussi c’est une création récente (2015) et il en existe douze en France. Elles proposent de suivre une année de cours après un bac+2 (le plus souvent un BTS) à la fois à l’université et au lycée. Nous les préparons à la fois à obtenir une licence en économie-gestion et à passer les concours pour entrer en 2ème année du programme grande école. Nous voudrions en ouvrir une dans chaque académie à terme.