ECOLES DE MANAGEMENT, PORTRAIT / ENTRETIENS

«L’Institut Mines-Télécom Business School est né pour concilier management et technologie»: entretien avec Herbert Castéran

Herbert Castéran

Elle vient d’être classée en tête des écoles pour son ouverture sociale par Challenges et Article 1. Publique, seule école de management au milieu des huit écoles d’ingénieurs de l’Institut Mines Télécom (IMT), étroitement liée à Télécom Paris, l’Institut Mines Télécom business school est une école de management atypique, étroitement liée aux nouvelles technologies. Rencontre avec son directeur, Herbert Castéran.

Olivier Rollot : Aujourd’hui vous définissez plus que jamais l’Institut Mines Télécom business school comme l’école de management des technologies

Herbert Castéran : Tout le monde parle d’Intelligence artificielle (IA) dans les écoles de management françaises mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L’Institut Mines-Télécom Business School est né pour concilier management et technologie et partage toujours son campus avec Télécom ParisSud. Nous entendons plus que jamais en faire une école à la pointe de l’intelligence digitale.

Chacun de nos étudiants primo-entrant est initié à l’IA générative dans le cadre d’un atelier intégré à la semaine de rentrée. L’initiation est axée sur le potentiel des différents outils appliqués à la formation, avec une sensibilisation aux biais et une invitation à un usage éthique. Des compétences qui se développent depuis deux ans avec par exemple un « IA fake festival » pour amener les étudiants de deuxième année du PGE des deux écoles à créer des contenus générés par IA ce qui leur assure à la fois une maîtrise technique mais surtout développe leur esprit critique par rapport à d’autres contenus.

O. R : A l’IMT BS on ne parle pas seulement d’Intelligence artificielle (IA) ou d’intelligences artificielles génératives (IAG) mais plus largement d’intelligence digitale. Quelle différence cela fait-il ?

H. C : Nous formons des profils vraiment hybrides, un nouveau type de manager de l’intelligence digitale en délivrant des cours en commun avec Télécom ParisSud et en créant des projets hybrides depuis 2000. Des projets qui vont souvent jusqu’à la création d’entreprise au sein d’un incubateur qui connait un taux record de survie à 5 ans de 80%. Parce que ce sont ensemble des ingénieurs et des managers des deux écoles qui sont à la manœuvre et marient leurs compétences.

C’est notamment le cas dans le Challenge Projets d’Entreprendre qui réunit chaque année des équipes mixtes ingénieurs et managers des deux écoles de l’IMT et de l’Ensiie. Pendant une semaine ces trois populations d’étudiants travaillent ensemble pour présenter ensuite leur projet à un jury composés de professionnels et d’académiques. Les lauréats obtiennent un financement pour lancer leur concept.

Le campus de l’Institut Mines Télécom Business School à Evry

O. R : On le sait, les tensions sont fortes dans le recrutement des étudiants, particulièrement après une classe préparatoire dont les élèves comme leurs professeurs veulent tous se positionner dans le top 10, mais aussi des enseignants-chercheurs. Quel est l’état de vos recrutements cette année ?

H. C : Au global la rentrée 2024 est satisfaisante avec une croissance de 35% de nos effectifs recrutés en formation initiale et même de 75% en master 1 avec 166 étudiants dont les 40% d’un titulaire d’un bachelor de l’IMT qui poursuivent leur cursus en programme. En tout 410 nouveaux étudiants, soit 28% de plus par rapport à l’année dernière, ont intégré IMT-BS.

Même si nous n’avons pas fait le plein en classes préparatoires économiques et commerciales, nous progressons de 29% toutes prépas confondues en recrutant 15 élèves issus de maths spé dans le cadre du Concours Mines Télécom. Ce n’est plus une exception et beaucoup viennent chercher chez nous la possibilité d’obtenir un double diplôme. Nous maintenons ainsi une sélectivité forte en classe préparatoire tout en augmentant notre recrutement en prépas EC de 29 à 34 élèves et nous espérons encore progresser de 4 à 5% l’année prochaine alors que 50 places leur seront ouvertes.

Quant aux professeurs, il faut en recruter chaque année 3% de nouveaux alors que la France n’en forme que la moitié. Cela pose un problème de soutenabilité financière pour les écoles et de pérennité. Cette question de pérennité est moins prégnante pour nous du fait de notre statut public protecteur.

O. R : Institut Mines Télécom business school reste l’école de management la moins chère. Cela ne va pas changer ?

H. C : Notre « value for money » – retour sur investissement – nous classe au premier rang des écoles de management françaises et au 21ème mondial selon le dernier Classement des masters in management du Financial Times. A 7 750€ par an notre PGE est effectivement à un prix imbattable. De plus 60% de nos étudiants sont boursiers et ne payent aucun frais de scolarité et que la moitié des étudiants de troisième année sont apprentis et donc rémunérés.

Même si nos tarifs pourraient variés à l’avenir, nous avons à cœur de rester l’école avec la meilleure « value for money ».

O. R : Parmi les points forts de l’Institut Mines Télécom business school il y a votre capacité à loger vos étudiants dans le contexte de pénurie que l’on connait.

H. C : Disposer de logements pour tous nos étudiants primo-entrants, en bachelor et en Programme Grande école, est un élément d’attractivité. Cela rassure les parents de savoir que leurs enfants seront logés dans l’un des 900 logements dont nous disposons, des studios ou des surfaces plus importantes pour les couples, tous sur le campus ou tout proches. La sécurité de nos étudiants est également un élément important. Nous sommes propriétaires des lieux qui sont gérés par l’association La Maisel.

Une fois en 2ème ou 3ème année de PGE nous constatons que beaucoup de nos étudiants préfèrent trouver un autre logement, ou une co-location, ce qui permet un roulement.

J’ajoute que nous disposons également de courts de tennis, d’une salle de musculation et d’un immense gymnase. Être étudiant à l’Institut Mines Télécom business school c’est vivre sur un véritable campus !

O. R : Beaucoup de vos étudiants se forment-ils en apprentissage ? Comment considérez-vous l’évolution de son financement et donc de son attractivité pour les entreprises et les écoles ?

H. C : Le développement de l’apprentissage fait partie de nos axes de développement avec la création d’un bachelor 3 entièrement en apprentissage. L’apprentissage est également possible dans les années M1 et M2 du PGE et en MSc. Quelle que soit les évolutions de son financement, je fais le pari que l’apprentissage va rester attractif pour les entreprises qui recherchent des collaborateurs de valeur. De notre côté la baisse des financements n’a pas d’impact immédiat car les niveaux de prise en charge étaient déjà faibles en ce qui nous concernait.

  • Le magazine Challenges et l’association Article 1 publient le premier palmarès de l’ouverture sociale des Grandes écoles. 22 écoles de management post-prépas ont été auscultées par Challenges et l’association Article 1 et en s’appuyant sur les fiches de la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion) et un questionnaire. Les résultats sont dévoilés le 6 décembre 2024, lors du Salon des Grandes Écoles organisé par Major Prépa, avec une remise de prix pour les établissements les plus exemplaires. L’Institut Mines-Télécom domine le classement avec des taux records de boursiers CROUS (46%) et un budget dédié à l’ouverture sociale. emlyon reçoit quant à elle le Prix de la stratégie globale d’ouverture sociale. De son côté, l’Edhec obtient le Prix coup de cœur du jury grâce à son initiative de « double barre d’admissibilité » qui a permis à une cinquantaine de jeunes boursiers d’intégrer son PGE.
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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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