« La question que nous posons avec ce nouveau certificat est de comment s’assurer que les titulaires d’un diplôme vont agir de façon responsable. » En 2007 Jean-Christophe Carteron prenait la direction RSE de Kedge à un moment où on parlait encore très peu de durabilité et d’inclusion. En 2012, l’idée du Sulitest émerge lors de la conférence sur le développement durable des Nations Unies de Rio. L’association Sulitest voit le jour et se développe jusqu’en 2021, où la création d’une entreprise de l’économie sociale, Sulitest Impact, permet le changement d’échelle. Le 1er mars 2023, nouvelle étape avec le lancement du certificat le TASK™ by Sulitest. The Assessment of Sustainability Knowledge a l’ambition de « transformer l’éducation en faisant de la durabilité un langage commun ».
Créer le TOEFL du développement durable. Lancé en 2013 leur test de sensibilisation a été passé à ce jour par plus de 270 000 personnes – dont 40% en Europe -, le TASK entend aller plus loin. « Notre objectif avec le TASK ? Créer l’équivalent du TOEFL pour la mondialisation ou du PIX pour le digital ! », définit Jean-Christophe Carteron quand Aurélien Decamps, cofondateur et associé, s’exclame : « On ne devrait pas diplômer des étudiants qui n’ont pas consciences des conséquences de leurs actes ». Ensemble Ils ont monté une société par actions simplifiée (SAS) de l’économie sociale et solidaire Sulitest Impact avec six établissements d’enseignement supérieur (CY University, Essec, EM Normandie, Excelia, Kedge Business School, Université Paris Saclay) et plusieurs business angels et ont levé 1,5 millions d’euros.
La « théorie du donut ». Comme le test de sensibilisation le TASK™ valide des connaissances basées sur les objectifs de développement durable (ODD) de l’Onu. Des ODD qui ne se limitent pas aux seules transitions écologiques mais ont un spectre beaucoup plus large en prenant aussi en compte des problématiques sociétales. « Nous avons une vision systémique au-delà des seules questions de climat et d’énergie. On l’a bien vu, se limiter aux questions environnementales sans prendre en compte les questions de société cela débouche sur des crises comme celle des Gilets jaunes », insistent Jean-Christophe Carteron et Aurélien Decamps, s’inspirant de la « Théorie du donut » de l’économiste anglaise Kate Raworth, qui entend repenser l’économie pour « parvenir à répondre aux besoins humains de base et la préservation de l’environnement ».
Une norme internationale. Composé de 112 questions à passer en 80 minutes TASK est le fruit d’un long travail avec les établissements partenaires, France Université, la Conférence des Grandes écoles (CGE), l’EFMD ou les organisations étudiante. Du 31 octobre au 20 novembre 2022, 1 400 personnes ont participé à sa version pilote de TASK « Le Sulitest est un bon outil de sensibilisation. Le TASK doit devenir une norme internationale qui se plugge dans les cursus. Il s’agit de mesurer le niveau de chaque étudiant pour déceler l’effet réel qu’ont eu les cours, stages ou encore activités associatives dédiés au développement durable », détaille Jean-Christophe Carteron quand Aurélien Decamps insiste : « C’est un outil robuste que nous avons testé. Nous avons ainsi pu constater que beaucoup avaient des connaissances sur le climat aujourd’hui mais peu sur les liens entre biodiversité et pauvreté ».
21 établissements se sont engagés. S’il est destiné à une communauté plus large – particuliers comme entreprises – le TASK sera d’abord passé dans plus de 20 établissements « change leaders » (CY Université, ECE, Ecole des Ponts ParisTech, EM Normandie, ENSEA, ENSG, ENTPE, ESCE, ESME, ESSEC Business School, Excelia, Grenoble Ecole de Management, HEC Montréal, IESEG, IMT Business School, KEDGE Business School, Paris Saclay University, School of Business-University of Cairo, Sup de Vente Paris/ESSYM, UniLasalle, YNOV) qui se sont engagés à le faire passer à 75% de leurs étudiants d’ici 3 ans.
Chaque certificat sera facturé aux alentours de 50€ selon le nombre de passages. Dans sa première version le TASK sera généraliste puis pourra être complété par des modules thématiques. Les établissements pourront partager leurs résultats avec les organismes d’accréditation et des classements afin de leur fournit des données « pertinentes, solides et comparables sur les résultats des connaissances en matière de durabilité ».
- Vers le socle commun. La création du TASK rejoint la réflexion en cours sur la création du « bloc commun de connaissances et de compétences socles des enjeux de la transition écologique » que souhaite déployer la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, dès la rentrée 2023 en premier cycle. « Nous devons donner les clefs de la compréhension à chaque étudiant durant ses premières années d’études. À partir de ce socle commun, les diverses opinions peuvent ensuite s’exprimer pour enrichir les débats et les textes », résumait elle ainsi en octobre 2022 à l’université de Bordeaux lors du colloque consacré à la formation et à la recherche sur la transition écologique.
