Ce fut un passage en douceur cet été entre la directrice générale depuis 2013, Françoise Roudier, et son directeur général adjoint et nouveau directeur, Richard Soparnot. Ensemble ils viennent de présenter le nouveau plan stratégique de l’ESC Clermont BS: « REVEAL 2022-2027 » sur lequel Richard Soparnot revient avec nous.
Olivier Rollot : Quelles sont aujourd’hui vos grandes ambitions dans le cadre du plan stratégique de « REVEAL 2022-2027 » que vous venez de présenter ?
Richard Soparnot : Sans en faire un cheval de batailles absolu nous voulons passer à 2 400 étudiants d’ici à 2027. Plutôt que de privilégier la taille critique nous souhaitons faire valoir notre modèle qui privilégie la dimension humaine dans le paysage des Grandes écoles. Nous voulons donc croitre en installant l’école dans différents campus en régions – peu probablement Paris ou alors uniquement en formation continue – où nous pourrons dupliquer notre modèle.
O. R : Des implantations qui peuvent également voir le jour en dehors de France ?
R. S : Nous prévoyons de nous implanter à Pékin en septembre 2024. Nous y recevrons des étudiants chinois souhaitant suivre nos cours en partenariat avec la Beijing Language and Culture University. Nous travaillons déjà avec elle depuis 4 ans et avons créé ensemble un MSc en Business Analytics qui est accrédité par le gouvernement chinois. Toujours en Chine nous possédons déjà un campus délocalisé à Zhuhai, près de Canton où nous délivrons un bachelor 2+ 2 – deux années en Chine, deux années en France – en partenariat avec le Guandong Polytechnics of Science and Technology.
Nous sommes également en cours d’implantation à Marrakech sur un campus qui nous appartient à 100%. Nous y recevons à la fois des étudiant français dans le cadre de leur cursus à l’étranger et des étudiants de nos partenaires internationaux qui n’ont pas toujours les moyens financiers pour venir étudier en France. De même des étudiants marocains de très bon niveau, mais qui n’ont pas les moyens de venir en France suivre leur scolarité, peuvent être intéressés de suivre notre cursus là-bas.
Sur cette dimension internationale j’ajouterai que 33% de nos étudiants à Clermont même sont aujourd’hui internationaux issus de 60 pays différents. L’Inde, la Chine et le Maroc sont les trois pays les plus représentés.
O. R : Le fait que le siège de Michelin soit à Clermont-Ferrand joue-t-il dans l’attractivité de l’école ?
S : Effectivement quand nous présentons l’école, expliquer que le siège mondial de Michelin est à Clermont-Ferrand permet de montrer toute l’attractivité de notre territoire. Mais c’est d’abord la marque « France » que nous mettons en valeur puis la qualité de la vie à Clermont-Ferrand, sa dimension humaine, la campagne toute proche ou encore la sécurité qui y règne. Nous nous définissons ainsi comme une Grande école glocale, globale et locale.
O. R : Le « modèle » ESC Clermont BS c’est la proximité avec ses étudiants ?
R. S : C’est effectivement d’être une école à taille humaine dont la taille des groupes pédagogiques permet un accompagnement personnalisé des étudiants. Etre étudiant à Clermont ce n’est pas être un numéro tout en bénéficiant de droits de scolarité accessibles dans une école qui connait une progression spectaculaire dans les classements depuis trois ans. Nous y travaillons tous les jours et progressons avec constance.
O. R : Après une année 2021 très difficile le recrutement en classes préparatoires économiques et commerciales générales (ECG) semble se stabiliser. Quel regard portez-vous sur le recrutement en classes préparatoires ?
R. S : Le recrutement en classes préparatoires reste un marqueur fort de ce qu’est une Grande école. Nous sommes bien conscients que nous ne pouvons plus prétendre recruter 150 élèves de classes préparatoires chaque année mais nous tenons à maintenir un objectif de 70 élèves en 2023 même si nous n’en avons recruté que 41 en 2022. Même si le marché est baissier nous avons un rôle à y jouer.
O. R : Et quel conseil donneriez-vous aux classes préparatoires pour renforcer leur attractivité ?
R. S : Elles peuvent sans doute faire un exercice de réinvention pédagogique pour que les deux années soient un moment de vie agréable. Un parcours d’excellence où on apprend autrement.
O. R : Au-delà du programme Grande école comment se portent vos autres programmes, et notamment le bachelor ?
R. S : Notre principal bachelor, en Management international, compte 600 étudiants et nous en avons ouvert un second il y a deux ans en Communication digitale et e-business. Aujourd’hui le master Grande école et les bachelors sont d’une importance égale dans nos développements.
Quant aux MSc ils sont une voie de croissance pour de petits programmes que nous pouvons développer dans d’autres régions du monde. Aujourd’hui nous recevons 130 étudiants dans six à sept MSc. Notre MSc en Business Intelligence and Analytics reçoit ainsi 22 étudiants à Clermont et déjà 79 à Pékin où la concurrence est pourtant très importante.
O. R : L’ESC Clermont va bientôt inaugurer un nouveau bâtiment. Qu’en attendez-vous ?
R. S : Nous allons prendre livraison en 2024 d’une extension de nos bâtiments de 3000 m2 qui vont venir compléter les 11 000 m2 que nous possédons déjà à Clermont. C’est nécessaire pour offrir à nos étudiants de meilleures conditions d’apprentissage. Cette extension est subventionnée par la région, la métropole et le département à hauteur de 8 ou 9 millions d’euros. Ensemble ces collectivités souhaitent que nous renforcions notre école dans le territoire.
O. R : Il y eu des projets de fusion de l’ESC Clermont avec les deux autres écoles de la région Auvergne-Rhône Alpes, emlyon et Grenoble EM. Ces projets sont-ils totalement oubliés aujourd’hui ?
R. S : Une fusion non d’autant que l’histoire des écoles a rendu les choses de plus en plus compliquées. Les salariés souhaitent que l’école souhaite son autonomie. Mais des rapprochements pourquoi pas si le projet est motivant. Nous avons par exemple monté un institut de l’Innovation responsable pour Michelin avec emlyon et Grenoble EM. Ccopérer oui mais la fusion n’est pas la solution.
O. R : L’apprentissage connait un essor exponentiel dans les écoles de management. Que représente-t-il pour l’ESC Clermont ?
R. S : Aujourd’hui 30% de nos étudiants sont des apprentis avec un important développement. Mais nous ne pouvons pas tout miser sur le dispositif alors que l’Etat va probablement arrêter de donner des subventions aux entreprises qui recrutent des apprentis. Si on estime que 15 à 20% des entreprises ont misé sur l’apprentissage uniquement grâce à ces aides d’autres ont découvert ses avantages et vont peut-être pérenniser le dispositif même sans subventions.