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Quel impact ont les étudiants internationaux en France?

La France comptait en 2021-22 un nombre « historiquement haut » d’étudiants étrangers selon une note du SIES. « Qu’est-ce que le rayonnement de la France, quelle contribution économique ont les étudiants internationaux, comment la pandémie a bouleversé la vie des étudiants internationaux, comment nous situons-nous ? » Donatienne Hissard, la directrice générale de Campus France, publie justement une étude sur « L’impact économique des étudiants internationaux en France ». L’Institut Kantar a interrogé pour cela près de 10 000 étudiants internationaux. Il en résulte que les 400 000 étudiants internationaux venus en France en 2021-2022 ont un impact positif de 1,3 milliards d’euros par an pour le pays. « Notre objectif est avant tout d’attirer les meilleurs étudiants et chercheurs, pas de capter leurs revenus. De plus une fois revenus chez eux les étudiants internationaux souhaitent conserver des relations privilégiées avec la France », insiste la directrice.

Un impact positif de 1,3 milliards d’euros par an. Les 400 000 étudiants internationaux – dont 300 000 en mobilité internationale en ayant franchi une frontière quand 100 000 étaient déjà en France – restent généralement en France 10,8 mois par an. Ils dépensent pendant leur séjour en moyenne 867€ par mois (dont presque la moitié pour le logement). Au total ces dépenses représentent plus de 2,8 milliards d’euros. S’y ajoutent les droits d’inscription (873 millions d’euros), les transports (461 millions), les cotisations sociales (372 millions), et même la visite des proches (392 millions) pour atteindre un impact de plus de cinq milliards d’euros par an.

Côté dépenses ces étudiants coûtent 3,1 milliards d’euros à l’État, les aides au logement 206 millions ou encore la Sécurité sociale 247 millions pour un total de 3,7 milliards d’euros. L’impact positif des étudiants internationaux pour la France est donc de 1,3 milliards d’euros par an.

Très loin de l’impact des pays anglo-saxons… Des études portant sur l’impact économique des étudiants étrangers sont régulièrement réalisées depuis la fin des années 1990 et montrent des impacts économiques considérablement plus élevés que pour la France :

  • en Australie le cabinet de conseil Deloitte Access Economics a évalué en 2015 l’impact total des étudiants internationaux à 18,8 milliards de dollars avec 130 700 emplois en équivalent temps plein ;
  • aux États-Unis, la dernière enquête annuelle, menée depuis 2003 par la National Association of Foreign Student Advisers (NAFSA), porte sur l’année 2020-2021 et estime l’apport des étudiants internationaux à 28,4 milliards de dollars et 306 308 emplois créés ;
  • au Royaume-Uni le dernier rapport a été publié en septembre 2021 par le cabinet de conseil London Economics à la demande du Higher Education Policy Institute (HEPI) et de Universities UK. Il estime l’impact économique des étudiants étrangers à 29,6 milliards d’euros ;
  • le Canada a estimé en 2009 l’impact à 12 milliards de dollars et que l’activité génère 158 300 emplois ;
  • en Nouvelle-Zélande, l’étude The Economic Impact of Export Education (2008) a été menée par Education New Zealand pour le ministère de l’Éducation. L’impact économique est estimé à 2,1 milliards de
    dollars ;
  • l’Espagne estime l’apport des étudiants internationaux ) à 3,8 milliards d’euros (dont près de la moitié pour les programmes de langue).

Comment vivent les étudiants internationaux en France ? La famille pourvoit à 53% aux revenus des étudiants internationaux en France. Ils sont 48% à avoir occupé un emploi rémunéré en France durant leurs études qui leur a apporté 23% de leurs revenus. Autre apport majeur : 31% des étudiants ont bénéficié d’une bourse ou d’un contrat de financement doctoral (11% de l’Union européenne, 9% du pays d’origine, 5% du gouvernement français, 2% d’un organisme privé, 4% un autre type de bourses). 4% ont bénéficié d’un contrat de financement doctoral.

En termes de logement les étudiants internationaux se partagent assez équitablement entre les résidences collectives et privées. La location en meublé est le premier choix des étudiants internationaux ayant opté de loger dans un logement indépendant ou chez un particulier. La colocation (17%), la location non meublée (16%) et un logement gratuit chez des proches ou de la famille (9%) sont les modalités de réponse suivantes, en ordre d’importance.

L’impact de l’épidémie de Covid a été réel mais pas majeur : 78% des étudiants internationaux présents en France n’ont ni écourté ni allongé leur séjour. Les 22% restant ont à peu près à parité dû écourter ou allonger leur séjour. Quasiment la totalité de ces derniers ont même dû rester au moins trois mois supplémentaires en France.

Un nombre « historiquement haut » d’étudiants étrangers. Dans sa note Les effectifs d’étudiants étrangers en mobilité internationale pendant la pandémie et un an après, le Système d’information et études statistiques (SIES) établit qu’après une année de baisse du nombre de mobilités internationales marquée par la crise sanitaire, la rentrée 2021 enregistre un retour à un nombre « historiquement haut » d’étudiants en mobilité internationale, dépassant pour la première fois la barre des 300 000 étudiants, soit 11% des effectifs totaux.

La moitié des étudiants étrangers en mobilité internationale en France sont originaires du continent africain. Les étudiants asiatiques représentent 22% de l’ensemble, suivis des européens (19% dont 15% de l’UE) et des américains (9%).

Le rebond de ses inscriptions est plus marqué pour les étudiants provenant
des Etats-Unis (+58%) ou du Canada (+30%). Elle est également forte parmi les étudiants espagnols, anglais (+27%), allemands (+21%), italiens (+18%) et turcs (+17%). Ce rebond concerne la quasi-totalité des étudiants étrangers à l’exception des vietnamiens (-4%), des gabonais (-2%), des chinois (-1%) et des colombiens.

À la rentrée 2021, les universités accueillaient deux tiers des étudiants étrangers en mobilité internationale, soit 202 400 étudiants. 15% s’inscrivent en écoles de commerce, gestion et vente, 8% en écoles d’ingénieurs et 3% dans d’autres établissements.

En 2021-2022, 21 % des étudiants étrangers en mobilité internationale sont inscrits dans les établissements du secteur privé. Ils sont majoritairement inscrits dans les écoles de commerce (72%) puis dans les écoles d’ingénieurs (8%), les écoles supérieures artistiques (7%) et les autre établissements (5%).

Des chiffres qui varient beaucoup selon le pays d’origine des étudiants. Mes étudiants asiatiques sont ainsi moins nombreux à l’université en moyenne (55%) mais plus présents dans les écoles de commerce, gestion et vente (25% contre 15% de l’ensemble des étudiants étrangers en mobilité internationale) et les écoles d’ingénieurs (9% contre 8%). Les étudiants africains étudient quant à eux en très large majorité dans les universités (75 % d’entre eux), qu’ils proviennent d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb.

Photo : Neoma BS

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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