ECOLES DE MANAGEMENT

Y Schools : l’école d’un territoire

En 2022 le groupe Y Schools fêtait ses 30 ans et se posait une question : comment le définir ? Comme une école de commerce ? Certes la South Champagne Business School reste son navire amiral mais Y Schools c’est aussi une école de design, une autre de tourisme, des écoles Pigier et même des Écoles de la deuxième chance. Une conjonction d’écoles qu’on ne trouve nulle part ailleurs en France et qui s’est développée sous la houlette de Francis Bécard, son directeur emblématique depuis 1997, qui vient de prendre sa retraite mais reste encore en soutien en tant que directeur général honoraire. La parole à son successeur, Julien Renoult, qui se félicite de l’appui de son prédécesseur  : « Nous sommes une équipe qui travaille ensemble depuis 10 ans et nous amorçons donc une transition dans la continuité ».

« Un groupe singulier dans sa diversité »

Mais comment Julien Renoult définit-il alors l’ADN du groupe dont il vient de prendre la direction ? Un groupe dont il était déjà directeur adjoint depuis 2021 après y avoir fait son entrée en 2012 et dont il est lui-même diplômé : « Y Schools est un groupe singulier dans sa diversité, ancré dans son territoire dont l’activité est équilibrée entre la formation initiale et la formation professionnelle. Nous touchons un public très large avec aussi bien des étudiants que des décrocheurs que nous remettons sur la voie de l’emploi. Et bien avant le développement de l’apprentissage le groupe a investi dans des Écoles Pigier, trois aujourd’hui, qui dispensent des BTS comme des formations inscrites au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). »

En résumé : un groupe pas banal ! Y Schools est un établissement au « positionnement original bénéficiant d’un fort ancrage territorial » avaient ainsi analysé les experts du Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) venus établir leur rapport en 2023.

« Ancré dans son territoire »

Chambre de commerce et d’industrie Troyes et Aube, département de l’Aube, Région Grand Est, métropole Troyes Champagne, depuis 30 ans les acteurs locaux soutiennent l’ESC Troyes puis, depuis 2017, le groupe Y Schools (le Y pour TroYes). Une action visionnaire qui a permis de surmonter le traumatisme qu’a connu la région avec le déclin de l’industrie textile. « Aujourd’hui la métropole compte ainsi plus de 12 000 étudiants pour une population de 140 000 avec bien sûr Y Schools mais aussi une antenne de l’université Reims Champagne-Ardenne, l’Université technologique de Troyes, l’EPF et la petite dernière, l’ESTP et son bâtiment futuriste en forme de vague », décrit Séverine Nomdedeu, la directrice des formations initiales du groupe.

Y Schools est ainsi installée aussi bien à Troyes qu’à Chaumont, Charleville-Mézières, Saint-Dizier ou encore Metz et Romilly-sur-Seine. Et chut : elle pourrait bien sortir de ses frontières pour s’implanter dans une autre ville de taille moyenne… Et puis, ne l’oublions pas, Y Schools possède également deux campus au Cameroun : à Yaoundé et Douala. « Notre deuxième axe de développement, après notre territoire, c’est l’international avec l’ouverture en septembre 2023 de notre campus à Douala », reprend Julien Renoult, qui compte également beaucoup sur l’hybridation des savoirs avec tous les établissements de la métropole. Le Hcéres estime ainsi que le positionnement original choisi par Y SCHOOLS est « pertinent au regard des valeurs qui animent l’établissement, de son implantation territoriale et des moyens dont il dispose ».

SCBS : le navire amiral de la flotte Y Schools

Y Schools c’est toute une galaxie d’écoles à commencer par la plus connue qu’est la South Shampagne Business School (SCBS), qui recrute ses élèves aussi bien après le bac – avec deux bachelors – qu’en prépa ou en admission sur titre (AST) pour son programme Grande école ou encore à bac+4/5 pour un MSc. « En PGE nous proposons un parcours progressif avec une première année consacrée aux « fondations », qui comprend un stage de quatre à cinq mois, suivie du cycle master en deux ans et ses six spécialisations qui sont dispensées en anglais à l’exception de la spécialisation audit-contrôle. En troisième année 60% de nos étudiants sont apprentis », décrit Matar Mbaye, le directeur académique et des programmes.

SCBS reçoit aujourd’hui 600 étudiants, dont 40% d’internationaux. Elle est en cours de réaccréditation par l’EFMD (European Foundation For Management Development). SCBS propose également deux bachelor – en trois et quatre ans après le bac – et un MSc Innovation, Creativity and Entrepreneurship co-dispensé avec l’EPF Graduate School of Engineering, qui est implantée à Troyes.

Une école de tourisme voulue par les professionnels

La deuxième école créée par l’ESC Troyes, c’était en 2004, se consacre au tourisme et reçoit 120 étudiants – à 80% des femmes – sur ses campus de Troyes et Metz. L’Ecole supérieure du tourisme Troyes-Metz fait aujourd’hui partie des quatre écoles de tourisme reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), réunies au sein de la Top Hospitality and Tourism Schools. « C’est une école créée à la demande des professionnels du secteur qui est aujourd’hui la plus cotée dans le Grand Est », explique sa directrice des programmes, Catherine Leon-Suberbielle.

L’école dispense un bachelor visé qui peut être suivi par une spécialité dédiée du master Grande école de SCBS 100% en anglais : Innovation in Tourisme. La troisième année du bachelor s’effectue en apprentissage après un semestre passé à l’international.

L’Ecole supérieure de design de Troyes occupe les bâtiments d’une ancienne abbaye

Une école de design proche des entreprises

Toujours en 2004, le groupe ESC Troyes intègre une école de design, aujourd’hui appelée Ecole supérieure de design de Troyes, qui délivre des formations à bac+1,+ 2 et +5. « A la différence d’un artiste nous formons des professionnels qui s’intéressent à la visibilité économique comme au processus de production des objets et process qu’ils créent », définit Céline Levy, la directrice de l’école. Le premier cycle du diplôme bac+5 est destiné à développer la créativité alors que le second cycle se consacre plus au processus d’innovation. Comme l’Ecole supérieure de tourisme, l’école fait partie des quatre écoles dont le diplôme est visé par le MESR.

Les entreprises sont proches des étudiants avec lesquels ils réalisent des projet qui seront mis en œuvre. « Ils ont aussi bien travaillé ces dernières années sur la dynamique de l’espace autour du marché de Troyes que sur le mobilier urbain ou encore la question de l’avenir des vérandas dans un contexte de réchauffement climatique », établit encore la directrice qui demande par exemple à ses étudiants de démonter des objets pour en estimer le coût de revient.

Les écoles de la 2ème chance : une deuxième chance à saisir

La moitié des activités du groupe Y Schools est consacrée à la formation professionnelle. Un ensemble que dirige Francis Boudin et dont font notamment partie trois Écoles de la deuxième chance à Troyes, Saint-Dizier et Romilly-sur-Seine. Des écoles qui font partie d’un Réseau e2c France plus large qui compte 146 sites. « Nous recevons chaque année une centaine de jeunes de 16 à 25 ans qui sont sortis du système scolaire auxquels nous proposons des activités qui les poussent à établir des raisonnements. Par exemple combien faut-il de ciment et d’eau pour construire un « pas japonais » dans un jardin ? Ainsi ils comprennent qu’ils possèdent des compétences qu’ils ignorent avoir », explique Françoise Bastien, la coordinatrice de l’école troyenne. Ils suivent une formation rémunérée – 200€ par mois pour les mineurs et 500€ pour les majeurs – sur un rythme de trois semaines en centre et deux semaines en entreprise. Des entreprises choisies parmi un réseau de 200 dans la région en fonction des idées professionnelles que se font les jeunes en en changeant plusieurs fois pour leur faire bien découvrir la réalité des métiers.

Si 40% des apprenants viennent d’eux-mêmes dans les e2c les autres doivent être convaincus. C’est le rôle de Nicolas Vauthier, chargé de recrutement et formateur, qui va à leur rencontre : « Dans les missions de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) comme dans les foyers d’urgence, je leur dis d’abord que nous ne sommes pas une école. Ce que nous cherchons c’est essentiellement de la motivation. Ensuite nous les accompagnons de façon à ce qu’ils se sentent considérés. Ils ont un grand besoin d’écoute ! » Au bout d’un processus qui dure un an les trois quart des jeunes suivent ensuite une formation.

Y Schools et la Technopole de l’Aube main dans la main

Elle ne fait pas partie du groupe Y Schools mais y est fortement liée de par la double casquette de direction qu’a eue longtemps Francis Bécard en dirigeant également la Technopole de l’Aube en Champagne. « Notre rôle est de mettre en réseau des compétences pour faire venir des entreprises à Troyes. Nous les accompagnons pendant plusieurs années puis la plupart grandissent et s’éloignent », structure Michaël Noblot, le directeur délégué de la Technopole. 12 500 m2 de plateaux industriels modulables sont ainsi mis à la disposition des entreprises et des start up. Ces dernières le plus souvent accostées au travers de l’événement annuel qu’organise la Technopole : le « Plug & Start » au cours duquel les créateurs viennent présenter leurs projets. « Pour chaque start up il peut y avoir dix structures d’accueil. Il y a une vraie concurrence pour les attirer. Pour notre part nous les sélectionnons de façon à avoir un taux de réussite à cinq ans de 90% alors que la moyenne est de 67% », stipule Tony Thuiller, le responsable de la communication et du marketing territorial. « Le plus important c’est le porteur de projet. Mieux vaut accompagner un mauvais projet avec une très bonne équipe qu’un bon projet avec une bonne équipe ! » assure Michaël Noblot.

La moyenne des créateurs reçus à Troyes et de 35 à 40 ans, souvent des cadres expérimentés qui veulent se mettre à leur compte que la Technopole aide à se financer sans prendre elle-même de participation. « Sur notre site elles bénéficient de loyers qui peuvent être pris en charge jusqu’à 30% – une norme européenne – par le conseil départemental. Au démarrage cela peut revenir à 20€ par mois pour 20 m2 », précise Michaël Noblot. Ensuite les entreprises peuvent aller jusqu’à 1 000 m2 et réduire la taille si ce n’est plus nécessaire. Le tout au plus pendant neuf ans. Neuf ans au plus pendant lesquels toute l’équipe de la Technopole forme les créateurs, les conseille, les fait rencontrer d’autres professionnels et évoluer dans leur démarche entrepreneuriale.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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