«Nous voulons que les chercheurs de HEC Montréal soient des acteurs clés du débat public et de l’innovation»: Caroline Aubé, directrice de la recherche et du transfert de HEC Montréal

by Olivier Rollot

En 2024 HEC Montréal a mis à jour son plan stratégique de la recherche et du transfert. Caroline Aubé, directrice de la recherche et du transfert de l’école, revient avec nous sur les grandes orientations de ce plan : consolider la notoriété académique, renforcer les partenariats, soutenir la relève et accroître la visibilité internationale d’une recherche connectée aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux contemporains.

Olivier Rollot : Comment concevez-vous la mission de votre direction ?

Caroline Aubé : La recherche à HEC Montréal doit produire des connaissances nouvelles, innovantes et pertinentes, tout en nourrissant la formation et le transfert. Nous voulons que nos chercheurs soient des acteurs clés du débat public et de l’innovation. La rigueur scientifique demeure la base, mais l’utilité sociale et économique devient un critère de réussite à part entière.

Nous voulons affirmer le rôle de HEC Montréal comme référence, notamment dans les domaines du management, de l’économie appliquée, de la transformation numérique, du développement durable et de la gouvernance. C’est en valorisant la diversité de nos approches et la qualité de nos équipes que nous continuerons à être reconnus comme un acteur scientifique incontournable au niveau international.

O. R : Cela passe par exemple par le développement de chaires de recherche ?

C. A : Cela passe entre autres par la création de chaires – portées par un professeur reconnu pour sa renommée dans un domaine – et la mise en place de différents types d’unités de recherche (institut, centre, pôles, consortium, etc.).HEC Montréal dispose actuellement de 36 chaires de recherche et d’environ 30 autres unités de recherche et pôles de transfert œuvrant sur des enjeux associés à notre quatre grandes priorités, soit l’agilité et la croissance des organisations, la transformation numérique, la transition durable, ainsi que l’économie et les politiques publiques.

Nous montons également des chaires avec des partenaires universitaires comme Polytechnique Montréal et l’université de Montréal sur la transition énergétique. Des partenaires que nous retrouvons également dans le consortium IVADO dans l’Intelligence artificielle.

O. R : L’interdisciplinarité est au cœur de votre modèle ?

C. A : Nous nous appuyons pour cela sur une équipe de 314 professeurs, dans tous les domaines de la gestion et dans des disciplines connexes, comme la sociologie, la psychologie et l’histoire.

Nous valorisons donc les publications dans des revues pouvant être en gestion ou dans d’autres domaines, par exemple en santé, dans une logique d’impact.

O. R : Comment mesurez-vous l’impact sur la société de la recherche ?

C. A : Par des indicateurs précis : nombre et qualité des publications, partenariats actifs, financement obtenu, reconnaissance internationale et retombées sociales ou économiques. Nous avons d’ailleurs été classés troisième dans la francophonie pour notre impact par un classement du Financial Times.

C’est dans cet esprit que, à partir de 2026, les organismes subventionnaires québécois et canadiens vont demander à nos professeurs de remplacer les CV constitués de listes de publications par des CV narratifs pour montrer l’intérêt qu’il y a à les financer.

O. R : Pouvez-vous nous donner une définition du transfert ?

C. A :  Le transfert, c’est la capacité de traduire les résultats de la recherche en outils, recommandations ou solutions concrètes pour les organisations et la société. Cela passe par des partenariats solides, des chaires, des laboratoires collaboratifs et des activités de vulgarisation. Nous voulons multiplier les interactions entre chercheurs et milieux preneurs : entreprises, gouvernements, ONG, acteurs culturels ou territoriaux. C’est un dialogue permanent entre la recherche et la pratique.

Le soutien institutionnel est essentiel avec des conseillers en transfert, des plateformes numériques de diffusion et un accompagnement en communication scientifique. Nous misons aussi sur la recherche contractuelle et sur les programmes de valorisation qui permettent à nos équipes de répondre directement aux besoins des partenaires.

O. R : Quels arguments sont décisifs pour lancer une chaire de recherche ?

C. A : Nous misons d’abord sur un positionnement distinct et stratégique sur la scène nationale et internationale avec un professeur qui l’incarne et idéalement des bailleurs de fonds prêts à contribuer à son financement, tout en conservant notre liberté académique. Les partenaires doivent comprendre la posture de recherche en contexte universitaires.

Nous sommes également soutenus par des fonds gouvernementaux et provinciaux. Huit de nos chaires sont d’ailleurs labellisées « chaires de recherche du Canada », une appellation particulièrement prestigieuse.

O. R : Quelles mesures HEC Montréal prend-elle pour accompagner les chercheurs dans leur parcours ?

C. A : Nous proposons aux chercheurs des dispositifs de soutien tout au long du cycle de la recherche : accompagnement pour les demandes de subventions, appui à la publication, financement d’initiatives interdisciplinaires, formation aux nouvelles pratiques de la recherche ouverte, etc. Nous accordons une attention particulière à la relève : doctorants, postdoctorants et jeunes professeurs doivent trouver un environnement propice à l’expérimentation, au mentorat et à la collaboration.

O. R : Recevez-vous beaucoup de doctorants ?

C. A : Souvententre 30 et 40 chaque année, principalement internationaux, dont le parcours est financé. Leur doctorat dure quatre ans. Pour plusieurs d’entre eux, ils font ensuite un post doc dans d’autres universités.

O. R : Vous parlez de 300 professeurs à HEC Montréal. Comment y devient-on professeur ?

C. A : Il faut passer par plusieurs étapes : professeur adjoint pendant quatre à six ans puis professeur agrégé avec la permanence puis enfin professeur titulaire après encore sept à huit ans. Nous avons également des professeurs associés, souvent d’anciens dirigeants d’entreprises, qui peuvent faire partie des équipes de direction des pôles notamment.

Un consortium canadien pour bâtir une IA. Créé en 2016 IVADO est un consortium interdisciplinaire et intersectoriel de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances qui a pour mission de bâtir et de promouvoir une intelligence artificielle robuste, raisonnante et responsable. Piloté par l’Université de Montréal, avec quatre partenaires universitaires (Polytechnique Montréal, HEC Montréal, Université Laval et Université McGill), IVADO rassemble des centres de recherches, des partenaires gouvernementaux et industriels, pour coconstruire des initiatives intersectorielles ambitieuses favorisant un changement de paradigme de l’IA et de son adoption. »

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