Le rapport « Réformer le premier cycle de l’enseignement supérieur et améliorer la réussite des étudiants » fait un certain nombre de propositions que nous résumons ici.
Proposition 1 : « Repenser intégralement le parcours Avenir ». Offert de la sixième à la terminale, le parcours Avenir a notamment pour objectif de permettre à l’élève de comprendre le monde économique et professionnel ainsi que la diversité des métiers et des formations et d’élaborer son projet d’orientation scolaire et professionnelle. De l’avis de tous, son déploiement apparaît très partiel et insuffisant. La commission propose donc
De faire évoluer un de ses outils pour en faire un « carnet personnel des apprentissages et de l’orientation » qui « fournirait à chaque élève un outil pour apprendre à explorer et à s’orienter, à organiser ses informations et ses souvenirs et au final, à construire son parcours ».
Proposition 2 : « Assurer à chaque lycéen un accompagnement personnalisé et responsable ». Selon la commission la « création de dispositifs de formation à l’intention des enseignants, adaptés et évolutifs est un impératif car la mission qui leur serait confiée est majeure ». Plusieurs groupes ont abordé la nécessité d’une plus forte coopération entre structures et acteurs de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur.
Proposition 3 : « Généraliser l’avis du conseil de classe pour toute orientation vers l’enseignement supérieur ». Les parties prenantes de la consultation insistent dans leur grande majorité pour un engagement des conseils de classe à prononcer un avis sur le projet d’orientation de chaque élève. Il pourrait s’agir d’un avis officiel transmis à l’établissement d’enseignement supérieur auprès duquel le jeune lycéen a déposé une candidature. Dans ce cas, l’avis est pris en compte pour son admission sans qu’il « ait pour autant un caractère sanctionnant ».
Proposition 4 : « Apporter une information par des outils et des ressources répondant aux attentes et aux enjeux de l’orientation ». Par exemple sur les métiers du sport et les filières de formation correspondantes, il est demandé de réaliser une plateforme numérique commune aux ministères concernés, constituant de la sorte un dispositif d’information global et décloisonné pour cette filière. Plusieurs groupes ont aussi abordé le sujet des tests d’auto-positionnement, voire d’enseignements préparatoires à distance.
Proposition 5 : « Intégrer la préparation à l’orientation dans une perspective plus large et coordonnée ». Les possibilités d’orientation à l’issue des trois années de lycée doivent être considérées de la façon la plus exhaustive possible. En effet, certains bacheliers empruntent d’autres voies qu’une fiiière d’études comme une première insertion professionnelle, une année de césure ou une première expérience d’engagement. Il faut donc intégrer dans les futures évolutions l’ensemble de ces voies « post bac ».
Proposition 6 : « Construire un modèle d’affectation dans l’enseignement supérieur plus clair et attentif aux situations individuelles ». Alors que l’actuelle procédure APB est « menacée de toute part », les membres de la consultation ont confirmé, à la quasi-unanimité, l’intérêt d’un processus national d’affectation « sous réserve d’amélioration et d’une plus grande transparence ». Plusieurs propositions ont été faites par le groupe en charge de ces questions. Le calendrier actuel d’annonce des résultats d’affectation paraît « peu acceptable, tant il est l’occasion de stress pour les lycéens à la veille des épreuves du baccalauréat ». Il convient donc selon la commission de « revoir ce calendrier en prenant en compte les différents temps de l’élève de terminale et ses préoccupations ».
Proposition 7 : « Mettre en œuvre une prise en charge personnalisée et un accompagnement renforcé des nouveaux étudiants ». Deux pistes ont été discutées. La première vise à assurer dès la classe de terminale et lors des procédures d’affectation une « prise en charge personnalisée des élèves jugés plus fragiles au regard de leur projet d’étude ». La seconde concerne la nécessité de « mettre en œuvre des parcours spécifiques, lorsque les établissements scolaires et/ou supérieurs considèrent indispensable de proposer à certains bacheliers un accompagnement pédagogique adapté à leurs besoins ».
L’organisation pédagogique devra donc évoluer en favorisant la mise en réseau des établissements secondaire/supérieur et celle des filières et établissements entre eux et en desserrant le cadre légal et réglementaire actuel de la licence mais aussi des autres formations de premier cycle, afin de « permettre la mise en œuvre, dès l’accès à l’enseignement supérieur, de parcours différenciés et fluides entre les différentes formations ».
Proposition 8 : « Prendre en compte le profil de l’élève avant son entrée dans l’enseignement supérieur ». La prise en compte du profil de l’élève avant son entrée dans l’enseignement supérieur a « suscité le débat le plus vif au sein de la consultation, à la fois sur le fond et sur les formes que pourraient prendre une affectation éclairée à la lumière de ce profil ». L’étude dresse justement une typologie des systèmes d’admission croisant le rôle des filières et des établissements d’enseignement scolaire et la liberté donnée aux établissements d’enseignement supérieur de fixer tout ou partie de leurs règles d’admission.
Proposition 9 : « Réorganiser le cursus de licence ». Le principe d’une souplesse accrue pour mieux faire réussir les étudiants est largement partagé par l’ensemble des participants qui veulent « faire de ce premier semestre une étape d’un parcours de réussite » grâce à une architecture modulaire, une approche par compétences et des évaluations continues et plus précoces. De tous ces débats émerge un modèle de formation supérieure en premier cycle, « plus personnalisé, adapté à une logique de formation tout au de la vie et assurant la fluidité et la réversibilité des trajectoires ».
Cinq chantiers pourraient en résulter :
- la transition scolaire et supérieure ;
- les parcours et les contrats de réussite ;
- l’évolution des filières adaptées aux différents profils ;
- le renforcement de la professionnalisation intégrant des modèles pédagogiques différenciés (alternance, pédagogie de projet…) ;
- la formation continue en licence et dans tout le premier cycle de l’enseignement supérieur.
Proposition 10 : « Mettre l’étudiant au cœur de la transformation pédagogique ». Sur ce point, il est notamment proposé « d’étendre les démarches d’ingénierie pédagogique visant à assurer la cohérence et l’harmonisation au sein des programmes d’études afin de favoriser l’intégration des apprentissages chez l’étudiant tout au long de son parcours de formation ».
Proposition 11 : « Promouvoir les expérimentations ». Pour cela, un « cadre national très explicite » et permettant de déroger temporairement aux dispositions du code de l’éducation serait utile.
Proposition 12 : « Soutenir l’engagement des professeurs ». La proposition la plus importante concerne la reconnaissance de cet engagement pédagogique dans la carrière de l’universitaire. Plusieurs participants insistent en effet pour que cet investissement pédagogique soit valorisé dans la carrière au même titre que la recherche. Il est donc proposé d’engager rapidement une mission sur ces questions afin de travailler avec les parties concernées sur les orientations visant à promouvoir cet engagement
Les quatre propositions suivantes concernent les conditions de vie des étudiants et vont de « Concevoir un dispositif d’aide aux étudiants au service de l’équité, de l’autonomie et de la réussite » à« Faire de l’emploi étudiant un facteur de réussite » en passant par « Répondre aux enjeux du logement étudiant », « Renforcer la complémentarité entre l’accès aux soins et la prévention » et « Améliorer l’accès aux activités culturelles et sportives ».