PROGRAMMES, UNIVERSITES

PSL veut entrer dans le top 10 mondial des universités à l’horizon 2035

El Mouhoub Mouhoud présente son plan stratégique (Photo : © Frederic Albert – Université PSL)

« Nous sommes un joyau de l’enseignement supérieur français qui doit se positionner comme une des dix meilleures universités de recherche mondiales en 2035. » Pour sa première conférence de presse en tant que président de PSL, El Mouhoub Mouhoud a voulu réaffirmer les ambitions de PSL dans le cadre d’une « gouvernance collégiale avec un PSL « ensemblier » » capable de « financer des innovations de rupture grâce à sa bi disciplinarité ». Il se dit « en phase » avec le récent rapport du Hcéres (lire plus bas) qui insiste notamment sur la nécessité de créer des ressources propres à PSL.

Une stratégie 2030 et 2035. El Mouhoub Mouhoud lance aujourd’hui une stratégie en deux temps aux horizons 2030 et 2035. Plus de 50% des enseignants-chercheurs comme des étudiants devraient alors être internationaux. Mais encore faut-il déjà consolider la trajectoire alors que les financements par projets se tarissent, que les financements de l’Etat sont tendanciellement en baisse alors que la compétition salariale est de plus en plus rude pour embaucher les meilleurs enseignants-chercheurs et qu’on assiste à une baisse tendancielle du nombre d’étudiants.

Pour y parvenir ce sont dix actions stratégiques qui vont maintenant être menées pour « conforter les fondations de PSL » et devenir une « université européenne globale dans le top 10 mondial ». Pour cela il entend notamment s’appuyer sur la bi-disciplinarité avec l’ensemble de ses établissements. Une PSL – Paris School of Arts va ainsi être créée en s’appuyant sur l’ensemble des écoles d’art membres et partenaires de PSL en relation avec l’ensemble des autres composantes.

A l’exemple de Berkeley aux Etats-Unis, PSL doit devenir une « université d’avant-garde » avec un programme « change makers » pour « former des leaders capables de transformer la société ». Pour le président le défi principal est alors « d’attirer les meilleurs enseignants-chercheurs et de les retenir » en travaillent avec les organismes de recherche comme en recrutant de manière conjointe entre deux établissements. Le tout en augmentant ses effectifs de 10 à 15% grâce à la création de nouvelle filières. PSL sera également un partenaire privilégié des pays du Sud en faveur de leur développement.

Un nouveau modèle économique. Le budget consolidé de PSL à l’échelle de l’université (y compris ses établissements-composantes) était en 2021 de 504 M€ en crédits de paiement, dont 326 M€ de masse salariale, 129 M€ de fonctionnement et 49 M€ d’investissement. Le budget de PSL proprement dit s’établissait durant la même période à 39 M€ (basés à 90% sur les appels à projets), dont 6,8 M€ de masse salariale, 32 M€ de fonctionnement et 0,1 M€ d’investissement. Il s’agit aujourd’hui de « diversifier le modèle économique de PSL » afin de conserver globalement « 50% de ressources propres » en développant de nouvelles sources de financement en recherche, en formation continue ou encore en coopération internationale. Les formations nouvelles se feront ainsi avec des droits progressifs – en ne dépassant pas les 10 000€ par an pour les plus favorisés – à l’image de ce que pratique depuis longtemps Paris-Dauphine. « Mais il ne faut pas que l’Etat considère que les ressources propres se substituent aux subventions pour charge de service public. Au contraire il doit abonder ces ressources », insiste le président

Une stratégie immobilière doit être conçue avec l’ensemble des établissements alors que PSL devrait être logée dans un établissement ou dans des locaux d’Etat pour ne plus « payer de loyers qui sont de la perte » comme l’ensemble des autres Idex. « Je ne veux pas que les personnels de gouvernance soient déconnectés de la vie des établissements » insiste le président. Dans l’incertitude actuelle, El Mouhoub Mouhoud s’interroge sur l’extension du PariSanté Campus qui doit voir le jour sur le site de l’ancien Hôpital des Armées du Val-de-Grâce, boulevard du Port-Royal, à Paris 5e.

Le rayonnement de PSL aux niveaux national et international est « tout à fait remarquable » mais « la pérennité des projets incertain, : le Hcéres pointe la réussite mais aussi les faiblesses de PSL. « L’Université PSL est parvenue en très peu de temps à créer les conditions lui permettant de fédérer efficacement les établissements-composantes et les établissements associés qui la constituent autour d’un projet commun cohérent et ambitieux, tant en formation qu’en recherche », expliquent les experts du Hcéres dans leur rapport d’évaluation de l’université Paris Sciences et Lettres tout en établissant que « le rayonnement de l’établissement aux niveaux national et international est tout à fait remarquable, tant en recherche qu’en formation ».

Pourtant « le pilotage opérationnel des politiques de la recherche et de la formation repose sur des instruments et sur des cadres d’action qui ne permettent pas encore un soutien optimal de l’activité ». De même le « domaine de la recherche, malgré son rayonnement effectif, soulève le paradoxe d’une cohésion par trop fragmentée, porteuse d’un manque de visibilité et d’homogénéité du pilotage, qui pourrait fragiliser à terme l’Université ».

Surtout « le modèle de financement des politiques de la recherche et des politiques de formation que porte l’établissement repose presque exclusivement sur les succès obtenus aux AAP du Programme Investissements d’Avenir – PIA et de France 2030. En résulte une allocation interne de moyens essentiellement additionnelle, qui conditionne la mise en œuvre de la stratégie à ces succès et qui rend la pérennité des projets incertaine ». D’où la préconisation des experts de « faire évoluer le modèle de financement des politiques de formation et de recherche afin qu’il ne repose pas seulement sur les crédits de l’Idex et sur des AAP, en accentuant notamment les retours financiers vers l’établissement provenant des partenariats avec les entreprises, en développant des activités de mécénat ou de formation continue et en engageant une réflexion stratégique sur l’intérêt d’un financement interne et contributif des actions de formation et de recherche portées en commun ».

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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