Pour différents qu’ils soient dans leurs modèles, secteurs privés et secteurs publics, Ecoles et Universités ont en partage le douloureux défi de l’équilibrage de plus en plus périlleux de leurs comptes.
La fin d’un modèle de financement
Pour les Universités et les Ecoles, les financements publics seront au mieux stables dans les prochaines années – et plus probablement en baisse face aux impérieuses nécessités de réduction des déficits-. Le passage aux Responsabilités et Compétences Elargies rend les établissements responsables de la totalité de leurs emplois de ressources. Les établissements consulaires peuvent de moins en moins compter sur les chambres de commerce pour assurer leurs fins de mois.
Pour ceux qui peuvent en facturer, les frais de scolarité semblent avoir atteint un plafond. Après avoir fortement augmenté au cours des dernières années, ces derniers ont atteint un tel niveau, tant de façon absolue qu’en comparaison avec de nombreux autres pays, qu’il est irréaliste de vouloir les faire encore progresser sauf à réduire sensiblement le nombre de ceux qui peuvent ainsi opter pour des systèmes payants. Même le moteur du crédit bancaire peut finir par caler : les durées de remboursements des prêts étudiants s’allongent parfois au-delà du raisonnable, les niveaux de salaires de première embauche, quand celle-ci ne se fait pas trop attendre, ne croissent plus.
La croissance quantitative, qu’elle soit réalisée en interne ou par le biais de fusions ou de rapprochement entre établissements, pose les défis de l’encadrement, des effets de seuils, et bute sur la contrainte de capacité des infrastructures.Quant à l’apprentissage, si l’on en croit les débats actuels, il serait appeler à se développer d’abord sur les niveaux antérieurs au bac.
L’entreprise, un relais financier ?
Equilibrer un budget dans l’enseignement supérieur relève donc de plus en plus de la quadrature du cercle financier. L’entreprise apparaît aux yeux de bien des managers académiques, si ce n’est comme une solution au moins comme une source de financements complémentaires, un gisement encore peu exploité.
C’est bien là que se trouve l’erreur.
Au-delà de cette dimension financière, la finalité première des Ecoles et des Universités reste de former des étudiants qui, pour la plupart, seront recrutés par des entreprises. Le succès de ces recrutements passe autant par l’adéquation entre les formations dispensées et les besoins des entreprises que par la construction et le développement de relations structurées et durables entre les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur.
Les relations entreprises relèvent d’une dimension stratégique et pour réussir doivent se bâtir à long terme et en intensité. Il est vrai que la tradition française n’est guère à la coopération entre enseignement et entreprise. De fait un fossé s’est creusé entre deux mondes pourtant complémentaires et interdépendants, fossé qui se comble progressivement comme en témoigne encore cette année la nouvelle édition des RUE (Rencontres Universités Entreprise).
L’entreprise est un partenaire pédagogique avant d’être un relais financier. C’est un partenaire stratégique qu’il faut traiter comme tel. Malheureusement, les relations entreprises reposent encore trop souvent sur trois méprises que nous développerons dans notre prochain article.
Dominique Denis d.denis@headway-advisory.com
Sébastien Vivier-Lirimont lirimont@headway-advisory.com