Sur son campus rennais, Rennes School of Business déroule une stratégie 2028 centrée sur trois piliers – étudiants, entreprises, international – avec l’ambition de faire de l’école un lieu où « l’intelligence artificielle reste au service de l’intelligence humaine ». Junior COMEX, appli étudiante, centre anti-fake news, nouveaux bachelors et masters, école d’entrepreneuriat, maisons multiculturelles… tour d’horizon d’une transformation accélérée.
Un campus rénové pour réconcilier nature, savoirs et technologies. Fraîchement rénové, le bâtiment B2 et son Learning Center servent désormais de vitrine à la vision de l’école. « Loin d’être un simple décor, ce nouvel espace est pensé comme un lieu de lien entre savoir académique, nature et technologies » explique Adilson Borges. Entre bibliothèque, grandes baies vitrées et arbres à l’extérieur, il revendique un endroit « magique » qui « reconnecte à «l’intelligence naturelle » : celle des humains, de leur esprit critique, de leur effort, de leur capacité à apprendre et à coopérer ».

C’est dans ce cadre que le directeur rappelle le plan stratégique 2028, articulé autour de trois chapitres assumés comme la « signature » de l’école : des étudiants au cœur, l’entreprise au centre, l’international dans les veines. Une structure simple mais revendiquée comme stable : « on dit ce qu’on fait et on fait ce qu’on dit ». Un an après une première présentation à Paris, il s’agit cette fois de dresser un point d’étape, de partager les résultats obtenus, les arbitrages réalisés et les nouveautés à venir.
Mettre réellement les étudiants « au cœur » : du « Junior COMEX » à l’appli PUMAP. Rennes SB est la première école à avoir créé un « Junior Comex », il y a deux ans, pour réfléchir avec la direction sur l’avenir de l’école et améliorer l’expérience d’apprentissage. Dès la première année plus de 100 étudiants se sont portés candidats. Étudiante en deuxième année de master, Pauline Gantzer a été « profondément inspirée » par sa participation.
La première réalisation issue de ce Comex concerne le besoin de lien entre les différentes promotions et programmes. Le constat était partagé : les étudiants se côtoient au sein d’une cohorte, rarement au-delà. De là est née l’idée d’une grande « rentrée 2025 » sur deux jours, réunissant tous les étudiants du post-bac au master, répartis en groupes aléatoires mêlant les programmes. Défis à relever, rencontres inattendues, nouveaux cercles amicaux : pour Pauline comme pour ses camarades, l’événement a « créé des connexions qui perdurent ».
La deuxième réalisation est numérique : face aux demandes récurrentes (« je n’accède pas à mon emploi du temps », « je ne connais pas le menu du jour », « je ne trouve pas le bon service »), le Junior COMEX a proposé la création d’une application unique, PUMAP. Elle centralise désormais planning, menus, prise de rendez-vous avec les services, informations pratiques.
L’application intègre déjà des briques d’intelligence artificielle – notamment une carte d’IA répondant aux questions sur les règlements de l’école. À la rentrée prochaine, un « coach IA » plus sophistiqué doit voir le jour capable de croiser parcours, compétences, résultats et contenus pédagogiques pour suggérer capsules de cours, vidéos ou révisions personnalisées en fonction des objectifs de l’étudiant (par exemple, une spécialisation en marketing du luxe).
En parallèle, chaque étudiant fait l’objet d’un « mapping » de compétences, dérivées des trois « C » de l’école (Create, Connect, Change). Sous forme de toile d’araignée, ce profil évolutif est nourri par les feedbacks des professeurs, équipes d’accompagnement et pairs. L’objectif : développer à la fois les compétences techniques et le « mindset » recherché par les entreprises.
Résultat chiffré mis en avant : l’augmentation de 40 % de l’« eNPS » (Employee / ici Student Net Promoter Score), l’indicateur de recommandation étudiants, en un an, avec un passage net en zone positive.

Un nouvel espace « anti-fake news ». Ouest France et Rennes SB lancent en janvier 2026 un espace « anti-fake news » pour mettre notamment les étudiants en garde contre les effets des IA en invitant des journalistes. « C’est un sujet majeur pour booster l’intelligence naturelle alors que nous sommes à quelques mois d’une invasion de fake news avant les élections municipales », souligne Adilson Borges. « Nous voulons être des étudiants réfléchis, capables de voter en pleines consciences », se félicite Adam Cabanas, étudiant en deuxième année de master.
De nouveaux programmes ancrés dans les besoins des marchés. Sur le plan académique, Rennes SB annonce une série de nouveautés, élaborées à partir des attentes des étudiants et des besoins en compétences exprimés par les entreprises.
Dans les bachelors :
- une majeure luxe ouverte dès la première année, soutenue par un projet de recherche sur « l’héritage de la marque », en lien avec les grands acteurs du secteur ;
- une spécialisation renforcée en entrepreneuriat ;
- le déploiement à Paris, en anglais, du Bachelor en affaires et relations internationales (BIA), initialement lancé à Rennes, pour répondre à la demande croissante sur les enjeux géopolitiques.
Dans les masters et le Programme Grande École :
- une majeure en cybersécurité et risk management, s’appuyant sur la position de la Bretagne comme deuxième bassin de cyber en France, sur des projets de recherche européens et sur des partenariats avec des responsables cyber de grands groupes ;
- un master « music business » centré sur les nouveaux modèles économiques de la musique (festivals, concerts, événementiel) et sur un marché européen annoncé en forte croissance.
Entrepreneuriat : de l’étudiant-entrepreneur à la future école GEN(E). Rennes SB est aujourd’hui, selon une étude de l’Étudiant, « numéro un en France en pourcentage de diplômés créant leur entreprise (environ 8 %). Pour illustrer cet ADN entrepreneurial, Rennes SB lance une nouvelle structure : l’école GEN(E), « génération d’entrepreneurs ». Ni simple programme de formation, ni simple incubateur, GEN(E) se positionne comme un dispositif hybride, centré sur le projet entrepreneurial comme moteur principal.
Trois publics sont ciblés :
- les étudiants qui veulent faire de leur projet le cœur de leur parcours ;
- des entrepreneurs déjà en activité, parfois sans diplôme ou sans bac, souhaitant se remettre en mouvement, lancer un nouveau projet ou changer d’échelle ;
- des salariés concernés par des plans sociaux ou des reconversions, pour lesquels l’entrepreneuriat constitue une piste de rebond.
Dans tous les cas, le projet est placé au centre, les cours viennent en support, et la validation des acquis peut permettre d’obtenir, en plus, un diplôme. « Nous y voyons également un levier pour renforcer son rôle dans la transformation économique et sociale, en lien avec son centre de recherche (CET) et plusieurs projets européens, notamment sur l’entrepreneuriat social », commente Adilson Borges.
L’entreprise « au centre » : executive education et santé des leaders. Le lien avec les entreprises ne se limite pas à l’entrepreneuriat étudiant. RSB met en avant sa montée en puissance en formation continue, avec une croissance de plus de 30 % de l’activité et l’objectif de doubler d’ici 2028.
Un premier exemple est le programme exécutif « Next Chief Learning Officer », coconstruit avec une vingtaine de grands groupes (Danone, Total, Decathlon…) pour transformer les responsables formation en véritables agents de transformation plutôt qu’en simples fournisseurs de catalogue.
Autre nouveauté : le programme « LeaderFit », développé avec la start-up médicale Zoe que définit ainsi Adilson Borges : « Il combine bilan de santé individuel, coaching et formation, avec un angle assumé : aider les dirigeants et managers à gérer non seulement leurs équipes et leurs enjeux business, mais aussi leur propre équilibre physique et mental, alors que le stress des leaders est identifié comme l’une des principales préoccupations des entreprises bretonnes interrogées ».
Enfin, l’école multiplie les liens directs avec des dirigeants en nommant des « clinical professors » issus du monde économique (responsable cybersécurité de Booking, patron de la transformation d’Engie, etc.) et en donnant à chaque programme un parrain ou une marraine de haut niveau.
Un international vécu au quotidien, sans campus à l’étranger. Troisième pilier stratégique : l’international. L’école revendique une identité profondément cosmopolite : 40 % d’étudiants internationaux, 90 % de professeurs eux-mêmes internationaux et plus de 100 nationalités sur le campus. « Faire un tour du campus, c’est faire un tour du monde », résume Stéphane, étudiant français en master de négociation.
Rennes SB a fait un choix stratégique : ne pas ouvrir de campus à l’étranger, mais s’appuyer sur un réseau de plus de 330 partenaires académiques dans le monde. « Nous n’avons pas un campus à l’étranger mais 330 », commente le directeur.
Trois nouvelles initiatives renforcent ce positionnement :
- un « Joint Institute » en Chine, dont la signature est annoncée comme imminente, pour déployer marque et savoir-faire de l’école sur place ;
- un Bachelor intercontinental porté par Rennes SB avec une université colombienne et une Brésilienne, permettant un triple diplôme (une année dans chaque pays) ;
- et surtout, un effort accru sur l’accueil des étudiants internationaux.
Des « Houses » pour transformer la diversité en inclusion. La diversité ne garantit pas l’inclusion. C’est le constat partagé par Fabia, étudiante équatorienne, arrivée il y a trois ans. Longtemps, elle « ignorait l’existence même de certaines associations ou activités, freinée par la langue et par sa méconnaissance des codes locaux ».
Pour y répondre, l’école a lancé un système de « Houses » – Aeris, Ignis, Aqua, Terra – inspiré des universités anglo-saxonnes. Tous les étudiants, mais aussi le staff et les professeurs, sont répartis dans ces maisons. L’objectif : casser les silos entre programmes, nationalités et niveaux d’études, et créer des communautés transversales autour de défis sportifs, solidaires ou pédagogiques. « Notre House a organisé des actions pour Octobre Rose, qui m’a permis d’intégrer une équipe de cheerleading et de tisser des liens avec des étudiants français », reprend Fabia. Chaque action rapporte des points à la House, créant une émulation constante. Pour Stéphane, qui a vu l’école évoluer sur quatre ans, la différence est nette : « Les étudiants internationaux sont désormais visibles et actifs dans les équipes sportives, les fanfares, les événements inter-écoles ».
Logement, services et vie sur campus : un « pack » à la manière américaine. Dernier chantier, essentiel pour l’international comme pour les Français : le logement. Dans un contexte de tension immobilière, l’école développe 520 nouveaux logements directement sur le campus, avec une ouverture prévue à la rentrée prochaine. L’ambition est d’y adosser une offre de services packagée (assurances, mobilité, alimentation, accompagnement administratif), inspirée des campus nord-américains, afin de rassurer familles et étudiants et d’améliorer l’expérience globale.