Rentrée mouvementée pour une université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en déficit

by Olivier Rollot

« Tout s’est bien passé pour cette rentrée mais des faits tout à fait extérieurs à l’université nous ont bouleversé. Nous serons intransigeants sur tous les propos portant atteinte  » exprime Christine Neau-Leduc, la présidente de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui a exclu une de ses étudiantes suite à des propos antisémites tenus sur les réseaux sociaux. Une rentrée qui s’est sinon bien déroulée même si « nous sommes à la limite du soutenable financièrement comme en nombre d’enseignants-chercheurs » souligne la présidente qui va ouvrir cette année son nouveau centre de La Chapelle.

Christine Neau-Leduc lors de sa conférence de presse de rentrée.

Un programme de prévention de l’antisémitisme. Alors que c’est « maintenant à la section disciplinaire de l’université et à la justice d’agir » tout un nouveau travail d’explication sur les questions d’antisémitisme va maintenant être mis en œuvre. Même si ce sont sur des groupes privés comme WhatsApp l’université poursuit ses étudiants depuis maintenant plusieurs années en cas de propos litigieux. Une possibilité de signalement de ces propos sur le site de l’université a été ouverte cette année. « Nous sommes tous présidents d’université inquiets des outrances de plus en plus fortes dans les propos tenus sur les campus », souligne la présidente.

Le nouveau site de La Chapelle. En janvier 2026 ce sont 3 500 étudiants de licence qui vont quitter le site de Tolbiac pour le nouveau site de La Chapelle, tout près du Campus Condorcet qui reçoit plusieurs de ses laboratoires. « Ce site sera un vrai progrès pour nos étudiants avec une nouvelle bibliothèque et de nouveaux espaces de restauration, mais, il faut aussi l’admettre, nous amène une vraie complexité en passant à 25 sites partout dans Paris. »

Un budget plus qu’« à l’os ». « Il y a trois ans je disais que nous étions « à, l’os ». Nous en sommes maintenant à la moëlle épinière avec les 13 millions d’euros d’économies que ns avons dû faire cette année», signifie la présidente en parlant d’un « exercice devenu intenable » : « Les présidents d’université sont comptables des deniers de la France mais aussi d’un accueil public de qualité. Nous allons effectuer un budget d’économie en 2026 mais pas dans les mêmes valeurs. Ou alors il faudrait fermer l’université un mois ! » Un budget adopté sous administration provisoire alors que les élections universitaires avaient été annulées. Les bibliothèques ont été particulièrement touchées avec des abonnements annulés et des achats reportés. Alors que le seuil d’alerte est à 83% du budget l’université atteint les 81% avec une augmentation « artificielle » de la masse salariale liée au CAS pension que l’université n’a fait que gérer en 2025.

En tout pour « revenir dans une trajectoire d’équilibre » Paris 1 aurait besoin de 20 millions d’euros supplémentaires : « Avec 25 nous sortons la tête de l’eau, avec 30 millions nous pouvons investir soit 15% de notre budget ».

Développer ses ressources propres. L’université n’en entend pas moins également développer ses ressources propres. « Apprentissage, formations courtes, universités d’été, appels à projets, nous avançons mais la part des appels à projet est devenue trop importante par rapport aux ressources pérennes. Il faut trouver un meilleur équilibre ! », regrette la présidente. Quant à la question de la hausse des frais de scolarité, elle « est politique et dépasse les choix des présidents d’université ».

9 et 10 millions d’euros par an proviennent de l’apprentissage. Les formations se développent énormément, essentiellement en master 2, et dans toutes les disciplines même en archéologie. « Nous transformons nos formations pour permettre à nos étudiants de toujours mieux s’intégrer sur le marché du travail. Nous sommes largement au niveau des Grandes écoles », souligne la présidente qui n’a « pas encore perçu de baisse de la motivation des entreprises »

La fondation Paris 1 va quant à elle vivre une nouvelle étape. Alors qu’elle est chargée principalement du portage de chaires de recherche aujourd’hui, elle va développer une stratégie beaucoup plus complète couplée à une stratégie alumni de l’université. « Nous menons un travail considérable avec nos 350 000 alumni que nous devons mobiliser au-delà des groupes de master qui sont un peu en vase clos. Nous avons ainsi mis en place une plateforme pour tous les alumni pour leur offrir des conférences, les mettre au contact avec nos étudiants, faire vivre une communauté au-delà des dons. »

L’université lance une « école interne des compétences » pour former tous ses personnels. « Notre objectif est d’intensifier cet effort grâce aux fonds non négligeables que nous avons reçus dans le cadre du PIA4. Cela contribue également à notre attractivité vis-à-vis des personnels au sein du vivier parisien », explique Soraya Messaï-Bahri, vice-présidente du conseil d’administration en charge des ressources humaines, du dialogue social et de la qualité de vie au travail.

En mars 2026 vont être organisées des « Assises de la pédagogie » qui se consacreront notamment sur les impacts de l’IA. Par ailleurs un observatoire et un institut de l’IA ont été créés pour éclairer les questions de recherche.

Internationalisation. A l’international Paris 1 va ouvrir un double diplôme en gestion au Brésil, avec l’université de Sao-Paulo et un autre en Moldavie. « Nous travaillons beaucoup à notre internationalisation en ouvrant en cette rentrée un « international track » dans le cadre de notre licence d’économie qui a attiré beaucoup d’étudiants internationaux et français avec 300 inscrits », explique Rémi Bazillier, vice-président en charge des relations internationales.

Membre de l’alliance Una Europa, Paris 1 participe à la création d’un diplôme joint européen en développement durable. Dans le cadre de ce bachelor les enseignants-chercheurs vont enseigner dans les différentes universités de l’alliance où les étudiants partiront selon le track choisi.

  • Toute une série d’événements est organisée par Paris 1 à l’occasion des entrées cette année et en 2026 de Robert Badinter et Marc Bloch au Panthéon.

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