Sciences Po bien dans son modèle face aux IA

by Olivier Rollot

« 10% des étudiants qui ont obtenu une mention très bien et les félicitations du jury en France ont intégré Sciences Po cette année ! » Un an après son arrivée à la direction de Sciences Po, Luis Vassy fait un premier bilan de l’évolution de son concours postbac et de son action : « L’ambiance sur le campus est excellente en cette rentrée ! »

Un concours stable. Devant le succès de son recrutement postbac, Luis Vassy prend une première décision : ne pas revenir aux écrits contrairement à ce qu’il avait un temps annoncé. La renonciation aux dissertations personnelles réalisées chez soi et la pondération du contrôle continu par les notes du bac français semblent lui suffire pour la sélection de ses étudiants. D’autant que le retour d’une épreuve de mathématiques en première va donner de nouvelles indications aux jurys en 2027 sans qu’on sache encore avec quelle pondération.

Il y a maintenant un an que Luis Vassy est à la tête de Sciences Po

Des finances saines mais impactées. Côté financier Luis Vassy se réfère au rapport plutôt positif de la Cour des Comptes publié cette année : « La vraie question est de savoir comment financer notre développement alors que la compétition internationale est de plus en plus forte et que nous souhaitons rester largement ouverts à la diversité sociale. La politique sociale de Sciences Po c’est un coût de 80 millions d’euros par an. Si on ne veut pas faire exploser les frais de scolarité, il faut des moyens supplémentaires et le soutien de l’État qui est aujourd’hui de 72 millions soit moins que notre politique sociale ».

Si Luis Vassy se félicite du retour des entreprises dans son financement et de ses succès aux ERC (European Research Program) il est bien obligé de constater que sa subvention pour charge de service public est en baisse. Pourtant il souhaite « éviter de monter les frais de scolarité ».

Les relations avec les Etats-Unis. En juillet Luis Vassy est allé à la rencontre de ses grands partenaires universitaires américains : « Nous avons reçu un excellent accueil. A Harvard comme à Stanford on souhaite avoir plus d’échanges avec nous ». Après la suspension un temps de tous les visas pour les étudiants internationaux, l’ensemble des étudiants de Sciences Po qui souhaitaient partir aux Etats-Unis les a finalement obtenus. La hausse des candidatures venues des Etats-Unis est quant à elle de 25% dans la moyenne. Côté professeurs l’école « recrute largement aux Etats-Unis cette année de très hauts profils ».

Liberté d’expression mais pas d’intimidation. « La liberté d’expression est garantie à Sciences Po. En revanche on ne doit intimider personne ni occuper les locaux. Nous devons protéger notre cadre particulier qui garantit des espaces de liberté ! », insiste Luis Vassy alors que Sciences Po a voté de « manière démocratique » par son conseil la charte de « bonnes conduites » de la région Ile-de-France en la matière.

Alors que cinq étudiants palestiniens sont aujourd’hui présents sur ses campus, Sciences Po entend continuer à en accueillir d’autres dès que la suspension des visas pour les étudiants palestiniens sera levée.

Bien armés face aux IA ! Les étudiants de Sciences Po ont réfléchi cette année à comment utiliser les IA et produit des conseils qu’on retrouve sur une affiche qui clame qu’il faut « être l’auteur de ses idées ». C’est dans cette optique que Luis Vassy estime que, « s’il faut bien évidemment inculquer à nos étudiants comment utiliser les IA dans tous les domaines » il faut surtout « savoir quelles formations cognitives nous voulons apporter à des étudiant qui vont, peu à peu, avoir utilisé les IA depuis le collège et le lycée » : « Comment leur donne le sens de l’effort, comment leur montrer que le prompt est le début de leur travail et pas la fin ».

A cet effet Sciences Po effectue des tests aujourd’hui pour voir comment les étudiants produisent avec les IA. Des collaborations sont également engagées avec ses partenaires internationaux : un séminaire a eu lieu avec le programme Alliance à Columbia, notamment sur les méthodologies de recherche, comme avec l’alliance universitaire CIVICA.

«  La question est aussi de s’interroger sur le type d’esprit qu’on veut former. Ce qui reste de proprement humain c’est le jugement fondé sur des questions d’interdisciplinarité notamment et c’est au centre du projet de Sciences Po », reprend Luis Vassy qui estime que son institution aborde ce virage « bien armée » : « L’expert purement expert pourra être une IA. La capacité à connecter l’histoire, le droit, la géopolitique c’est ce que nous apportons et que l’IA aura le plus de mal à chercher. Notre projet est conforté par cette rupture de l’IA ! »

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