Université centrée sur le droit, l’économie et la gestion l’université Toulouse 1 Capitole vient d’ouvrir une École européenne du droit (la European School of Law in Toulouse). Bruno Sire, président de l’université depuis 2008, veut ainsi promouvoir une modèle de grande école au sein de l’université. Il revient également sur la mise en place de la loi Fioraso sur l’enseignement supérieur.
Olivier Rollot (@O_Rollot) : Vous venez de créer la première “grande école” du droit dans une université avec l’Ecole européenne de droit de Toulouse (ESLT). Comment est née cette idée qui vient bousculer les lignes ?
Bruno Sire : Nous délivrions déjà 14 doubles diplômes en droit avec des universités dont 12 en Europe et nous avons eu envie d’aller plus loin en pérennisant ces accords dans le cadre d’une école. Dans trois ou quatre ans nous aurons une vraie grande école du droit avec des étudiants qui se déplacent dans toute l’Europe, et une marque déclinée selon les pays : European School of Law de Toulouse, de Londres ou encore de Maastricht.
O. R : Vous vous appuyez sur une importante faculté de droit : plus de 10 000 étudiants.
B. S : Nous avons déjà beaucoup de juristes bilingues espagnol ou anglais et même des cursus dispensées à 100% en anglais. Cela nous donne la taille critique nécessaire pour créer un réseau européen. Les ECTS [crédits européens que donnent les universités européennes et qui sont transférables de l’une à l’autre] nous permettent de travailler ensemble et si le processus de Bologne a du sens c’est à ce travail en réseau qu’il doit nous conduire. Il est clair pour notre université que, dans le domaine du Droit, il est plus pertinent pour nous aujourd’hui de nous mettre en réseau avec les grandes universités européennes que de nous associer aux universités qui nous entourent.
O. R : Un exemple ?
B. S : L’université d’Essex est si contente de recevoir nos étudiants que nous allons doubler les flux. Dans le cadre d’un double diplôme ils pourront passer deux ans à Londres puis deux ans à Toulouse pour obtenir deux masters 1 et finaliseront leur M2 dans l’université de leur choix. Parce que pour être diplômé de l’École européenne du droit il faudra obligatoirement posséder un master 2, la licence ne suffira pas, et en plus valider un tronc commun de connaissance que nous mettons en place qui est important et constituera la valeur ajouté de l’école.
O. R : C’est une École européenne de droit et donc pas une école de droit européen ?
B. S : C’est bien pour cela que nous l’avons baptisée en anglais European School of Law et non pas School of European Law. Nous ne diplômerons pas des experts en droit européen mais bien des experts de plusieurs droits européens. Ils seront capables d’articuler différents environnements juridiques et de résoudre des problèmes comme ceux que rencontrent, par exemple, les juristes d’Airbus à Toulouse quand un salarié allemand détaché entend garder la même protection sociale tout en payant ses impôts en France. C’est toute la spécificité du droit que la cohabitation d’autant de droits que de pays en Europe. Même s’ils ont des racines communes les droits espagnols, italiens et français sont très différents.
O. R : Votre recrutement va privilégier des candidats bilingues ?
B. S : Il faut absolument pouvoir travailler dans la langue dans laquelle le droit a été écrit pour bien en comprendre les concepts et la doctrine. Il faudra donc au minimum être bilingue voire trilingue car nous allons inciter nos étudiants à maîtriser deux langues et à faire deux mobilités dans des pays différents durant leur cursus.
O. R : Le développement de l’international est une marque de fabrique de Toulouse 1 Capitole, et pas seulement en droit.
B. S : Plus de 20% de nos étudiants sont étrangers ce qui est très au-dessus de la moyenne qui s’établit à 12%. En économie et dans les cursus en anglais de gestion nos masters 2 sont à 60% composés d’étrangers et cela monte à 80% en doctorat d’économie. C’est une vraie fierté pour moi de pouvoir entendre des langues venues de partout quand je suis dans les couloirs de l’université.
O. R : La loi sur l’enseignement supérieur donne jusqu’au 24 juillet aux universités qui vont fusionner, se marier dans des ComUE (communautés d’universités et d’établissements) ou encore créer de simples associations pour finaliser leurs statuts. La secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche vient d’annoncer que des délais pourront être accordés aux retardataires. Vous serez prêts à Toulouse ?
B. S : C’est possible mais il reste à définir le statut du Centre universitaire Champollion d’Albi. Si le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et à la Recherche exige qu’il fasse partie des membres fondateurs il faudra aussi y mettre l’institut d’études politiques (IEP) et au moins une école d’ingénieurs (ENI de Tarbes) qui ont le même statut. Mais alors ce ne sera plus le même projet et il faudra discuter d’une nouvelle gouvernance. Peut-être faudra-t-il alors reporter le vote à octobre ? En tout cas il ne faut pas agir dans la précipitation.
O. R : Quel visage voulez-vous qu’ait la Comue de Toulouse ?
B. S : Celle d’une fédération qui ne préfigure pas une fusion et possède une gouvernance resserrée et efficace. Une fédération qui gère en commun ce qui a du sens, c’est-à-dire ce qui a une valeur ajoutée certaine (le numérique, les relations internationales, des équipements, des abonnements,…) et pas plus. Ainsi chacun restera libre et nous conserverons « les marques » des membres qui ont souvent été longues à construire et sont bien connues à l’international. Une marque, c’est un capital précieux sur lequel il faut capitaliser.
O. R : Ce sera bien une Comue, pas une association ?
B. S : Ce n’est pas encore totalement défini. Comme le permet la loi nous souhaitons voir naître une Comue avec des membres et des associés, et nous souhaitons plusieurs niveaux d’association. Maintenant tout dépend de la gouvernance que prendra l’ensemble et nous choisirons peut être finalement une simple association.
Pour notre part nous ne voulons en aucun cas nous faire imposer des décisions en matière de recherche, de formation et de recrutement. Ce dernier point est central car notre cœur de métier est de délivrer des savoirs et des recherches qui passent par des recrutements judicieux. Nous souhaitons le plus possible nous affranchir des instances nationales dans la gestion des recrutements et des carrières car nous pensons être suffisamment matures pour le faire nous même ! Si le mot autonomie a du sens c’est dans la GRH des enseignants-chercheurs qu’il s’incarne.
O. R : Quel sera le nom de la Comue ?
B. S : Nous tenons à ce qu’elle prenne le nom d’Université Fédérale de Toulouse-Midi-Pyrénées et non pas « Université de Toulouse », car c’est bien la réalité qu’incarnera cette COMUE. Le nom doit clairement refléter la structure, une Université ce n’est pas une Ecole et une fédération d’université et d’écoles ce n’est pas une Université.
O. R : C’est quand même spectaculaire de voir à quel point les grandes écoles veulent aujourd’hui s’appeler université. Qui aurait imaginé cela il y a dix ou quinze ans ?
B. S : Oui, elles se sont bien rendu compte que c’était comme cela qu’elles devaient se présenter à l’étranger où nos distinctions franco-françaises sont difficilement lisibles. Mais n’ajoutons pas de la confusion à la confusion et faisons plutôt de la pédagogie en expliquant que les universités et les écoles sont fédérées pour traiter un certain nombre de questions.
O. R : De la même façon vous n’avez pas non plus peur de dire que vous créer des grandes écoles dans votre université !
B. S : Nous voulons conjuguer le meilleur des deux mondes. Les grandes écoles ont fait leurs preuves et les Français y sont très attachés car elles permettent d’étudier dans un bon environnement de travail, possèdent de bons réseaux d’anciens et d’excellentes relations avec les milieux professionnels. Nous en créons dans l’université avec en plus la qualité d’un corps enseignant et des moyens de recherche que, bien souvent, n’ont pas les écoles, en particulier les UMR (équipes de recherche communes avec les organismes de recherche) et les écoles doctorales.
Les Comue sont un moyen de rapprocher ces deux mondes, créer des grandes écoles dans les universités en est un autre et nous en avons maintenant trois : la Toulouse School of Economics (TSE), l’IAE et notre toute nouvelle École européenne de droit.
O. R : Notamment en économie-gestion il est difficile de recruter les meilleurs enseignants-chercheurs. Y parvenez-vous toujours ?
B. S : Dans nos domaines, en France nous nous situons dans un environnement concurrentiel qui compte peu d’acteurs – la Paris School of Economics, Sciences Po Paris, Dauphine, HEC et Paris 2 – qui essayent tous d’attirer les meilleurs enseignants mais aussi les meilleurs étudiants en master recherche et en doctorat. Pour cela il n’y pas que l’argent qui compte mais aussi les conditions de travail et la qualité des équipes de recherche.
O. R : Au-delà des options que donne la loi, quel est le système le plus efficace pour gérer les universités selon vous ?
B. S : Le réseau. Les systèmes intégrés n’ont d’intérêt que quand il y a de forts investissements matériels, comme par exemple dans l’industrie. Notre métier c’est d’articuler des individus dans des réseaux et pas de favoriser un système monolithique de prise de décision. Il faut inciter les institutions à travailler en réseau et surtout pas empiler des couches de décision qui ralentissent et finissent pas étouffer les institutions. À Toulouse Capitole nous gérons selon un principe « bottom up » pour encourager les initiatives.
O. R : Quel doit être le rôle des régions dans la gouvernance des universités ? Elles ont de toute évidence envie d’être de plus en plus impliquées…
B. S : L’État ne soit pas se défausser sur les régions sous prétexte de difficultés budgétaires. Notre défi est de rester dans la course de la recherche et de l’innovation et c’est un problème mondial qui n’a rien à voir avec les questions d’aménagement du territoire qui sont légitimement la préoccupation des conseils régionaux. La bonne solution c’est de laisser aux universités leur autonomie stratégique !
O. R : Mais il est aussi vrai qu’on a vu quelques universités connaître des problèmes financiers ces dernières années !
B. S : Ce n’est pas pour quelques « moutons noirs » qu’il faut tout jeter à la poubelle. Le pire serait que notre fonctionnement soit aligné sur celui des centres hospitaliers universitaires (CHU) avec des administrateurs nommés qui ne seraient pas des enseignants-chercheurs. Il faut à la tête des universités des présidents qui comprennent ce qu’est la recherche et savent s’entourer de bons directeurs administratifs. Toute autre solution signifierait la mort des universités en tant que lieu de construction des savoirs. Encore une fois il faut nous donner plus d’autonomie et laisser les étudiants arbitrer entre les universités, et si les étudiants quittent une université, celle-ci doit se remettre en question.
O. R : Donc Toulouse 1 Capitole se porte bien ?
B. S : Oui et pourtant nous sommes parmi les plus mal dotées avec seulement 91 millions d’euros pour 21 000 étudiants, soit environ 4 500 € par étudiant quand la moyenne nationale est de 8 000 €. Depuis que nous avons accédé à l’autonomie nous avons toujours eu un excédent d’exploitation et nos comptes ont toujours été certifiés. Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et à la Recherche pourrait nous prendre comme exemple de réussite !
Triste Sire, tout le monde sait que vous êtes incompétent. Cela ne sert à rien d’avoir une si belle moustache!
Déjà , ton élection était sujet à polémique.
http://www.auboutduweb.com/poolp/index.php?post/2008/07/06/Universite-Toulouse-1-%3A-magie-electorale-et-mystere-des-urnes
http://toulouse.blogs.liberation.fr/2007/2008/04/bruno-sire-le-p.html
Puis, chaque année ou presque, on assiste à des problèmes lors du concours d’avocat:
http://www.ladepeche.fr/article/2011/10/15/1193089-du-favoritisme-pour-entrer-a-l-ecole-des-avocats.html
http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/20/1713303-ecole-d-avocat-le-concours-d-entree-degenere.html
Pour le concours d’avocat de 2013, selon le président du jury B. De Lamy, le surveillant a «outrepassé ses prérogatives», «ce qui a créé des troubles et une rupture d’égalité entre les étudiants».
L’ Amphithéâtre Despax contient 700 places (Source: http://www.ut-capitole.fr/medias/fichier/ut1-mag-119_1355240218282-pdf), les étudiants étaient 400 (selon l’université) ou 600 (selon les étudiants).
Sources: http://www.20minutes.fr/toulouse/1226377-20130923-pataques-examen-avocat
http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/24/1715906-a-22-ans-on-peut-se-retenir-d-uriner-non.html
Admettons qu’ils étaient 400, il n’y avait alors qu’une seule place de libre au maximum entre chaque étudiants. D’après vous, étant donné que chaque étudiants avaient des codes, des feuilles de brouillon, leurs copies sur leurs tables, est ce que le principe d’égalité était respecté au départ? Pourquoi l’épreuve a ,alors, été reportée dans trois amphithéâtres différents si il n’y avait aucun problème de places? (Vous êtes gestionnaire de formation en plus; on se demande comment)
Avec un budget de 400000 euros minimum (alors que dans la quasi totalité des universités, l’inscription est de 100 euros en candidat libre pour ce concours mais à Toulouse, c’est 1000 euros obligatoire pour suivre des cours tout pourris dans des amphi trop petits), , un surveillant a été remercié, des étudiants ont été humiliés et vous n’avez rien fait.(« gouverner c’est prévoir », Churchill). Personne n’a démissionné et tout le monde est beau et tout le monde il est gentil dans le monde de Triste Sire!
j’ai aussi passé le concours il a plusieurs années et il est scandaleux que personne n’ait démissionné. Cette histoire a été relatée dans beaucoup de médias et je ne serais pas surpris que quelqu’un parle car ils sont responsables mais préfèrent être solidaires pour le moment pour ne pas perdre leurs avantages. Mais, ils sont tellement surpuissants dans leur esprit, égoïstes, vénaux et petites bites qu’ils vont se crêper le chignon. C’est magouille et compagnie à la fac de droit de toulouse