Lauréates de l’appel à projets PIA 3 consacré aux « nouveaux cursus » les Universités d’Angers et du Mans s’engagent sur 10 ans pour réinventer le cursus licence. Leur projet Thélème (en référence à l’abbaye rabelaisienne et à sa devise « Fais ce que tu voudras ») entend proposer une nouvelle architecture du cursus licence. « Avec le concours de lycées proches de nos deux universités nous voulons réaliser une véritable jonction du bac-3 au bac+3 qui permettre aux lycéens de réaliser une intégration progressive dans l’enseignement supérieur », explique Rachid El Guerjouma, le président de l’université du Mans.
Individualiser les parcours
Lancé en septembre 2018, ce nouveau format de licence concernera à terme plus de 13000 étudiants de licence sur les 32 000 que comptent les deux établissements. Le tout coûtera près de 3 M€ par an en moyenne financés pour l’essentiel par le PIA. L’objectif est maintenant d’améliorer les taux de réussite en 3 ans des deux universités qui atteint déjà le chiffre record de 60% à Angers (et près de 45% au Mans alors que la moyenne nationale est de 42%). En mêlant cours en présentiel et à distance, travail collaboratif ou encore scénarisation les deux universités entendent pour cela individualiser le parcours de chaque primo-étudiant. « Chacun doit pouvoir poursuivre sa licence à son rythme, en trois ans, quatre ans ou même deux ou cinq », assure Didier Boisson, enseignant-chercheur de l’Université d’Angers porteur du projet Thélème.
Dès le lycée
La grande originalité du nouveau projet est d’y associer 11 lycées de la région pour développer le projet professionnel du lycéen dès la seconde mais surtout lui accorder ensuite des ECTS. « Les lycéens pourront valider des compétences transversales, que ce soit l’autonomie, le travail en groupe, la méthodologie ou même l’anglais qui leur permettront de valider des ECTS », précise Pascale Roche, proviseure du Lycée Bergson à Angers, fière que les parcours Avenir soient suivis pas la totalité des lycéens de la région quand ils ne sont 56% en moyenne à la faire en France. Une collaboration lycée / universités quasiment unique. « Nous travaillons depuis longtemps ensemble avec notamment la possibilité pour les lycéens de venir suivre des cours pour découvrir l’université ou de réviser le bac dans notre bibliothèque », relève Christian Roblédo, le président de l’université d’Angers.
Pédagogies innovantes
Toutes ces innovations sont favorisées par un véritable enthousiasme pour les pédagogies innovantes. Le dispositif « Fenêtre sur cours » permet par exemple aux enseignants de l’université d’Angers qui le souhaitent d’ouvrir leurs cours à tous les personnels qui souhaitent y assister et s’en inspirer. « Les expérimentations sont souvent financées par des appels à projet et nous aidons les enseignants à publier leurs recherches en innovations pédagogiques », confie Nathalie Debski, vice-présidente de l’université d’Angers déléguée aux innovations pédagogiques qui s’est d’abord investie dans le développement d’une expérimentation dans le domaine de la sante : PluriPass.
PluriPass révolutionne la PACES
Si ailleurs en France on expérimente des « alter PACES » pour ne laisser aucun étudiant sans solution à l’issue de sa première année de médecine s’il ne peut pas intégrer ensuite une filière de santé, à Angers et au Mans on a souhaité aller plus loin en créant PluriPass qui a remplacé ici la PACES (première année commune aux études de santé). « En plus de leurs cours de santé les étudiants suivent également des cours de droit, économie, sociologie, etc. et peuvent ainsi intégrer de nombreuses deuxièmes années de licence avant de tenter le concours d’entrée dans les cursus de santé pendant leur troisième trimestre et de poursuivre ou pas dans cette voie », explique Sabine Mallet vice-présidente enseignements et vie étudiante.
De plus des étudiants qui ont réussi le concours assurent un tutorat totalement gratuit qui suit la quasi-totalité des plus jeunes. « Nous avons à la fois une mission d’orientation et d’accompagnement des étudiants pour lesquels nous sommes un peu des modèles et auxquels nous proposons des corrigés de cours comme des oraux blancs », confie Guilhem Lavigne, le président de l’Association angevine de tutorat, lui-même en 3ème année de médecine. Dernière particularité : ici les oraux comptent autant que les écrits lors du concours.