Chaque jour la tension semble monter un peu plus dans les universités françaises sans qu’on sache s’il s’agit d’un mouvement de grande ampleur ou si ce ne sont que quelques militants d’extrême gauche – parfois en guerre avec d’autres d’extrême droite – qui tentent par tous les moyens d’empêcher le bon fonctionnement de l’année universitaire. S’y joignent une poignée d’étudiants qui espèrent bien, dans le chaos ambiant, obtenir un 10/20 salvateur…
Des motifs plus ou moins clairs. Si c’est l’opposition a la sélection qu’instaurerait Parcoursup qui focalise le plus les revendications, les bloqueurs dénoncent également pêle-mêle la fin programmée des rattrapages et des compensations entre les notes dont rien ne dit aujourd’hui qu’elles seraient menacées. Dans une tribune publiée sur le site de France Info, 425 professeurs dénoncent une « sélection hypocrite: « D’un côté, les responsables gouvernementaux refusent catégoriquement d’utiliser ce mot. Mais, de l’autre, on nous demande de classer les candidatures de sorte qu’un couperet tombera une fois les capacités d’accueil des filières saturées ». Pour les signataires de la tribune, « le gouvernement préfère la sélection au financement des universités à la hauteur des besoins ». Un refus de toute forme de sélection qui rappelle celui, en décembre dernier, du conseil d’administration de l’Université de Poitiers qui, dans a un courrier adressé à Frédérique Vidal, s’était prononcé pour « le libre accès à l’université » et a fait le choix de ne pas mettre en place d’attendus locaux.
« En bloquant l’université, on bloque l’ascenseur social, leur répond le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, qui a déjà deux fois fait appel aux forces de l’ordre, sur France Info : « Moi, j’ai vu des étudiants qui ne sont pas plus riches que ceux qui manifestent, peut-être même moins, repartir en pleurs parce qu’ils ont préparé des examens qu’ils ne pourront pas passer. Donc la dictature d’un petit nombre qui prétend libérer les gens qui sont ignorants, c’est une vue de l’esprit. »
Eviter des ZAD universitaires. C’est la grande crainte du président de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Georges Haddad : que son antenne de Tolbiac devienne une sorte de « Notre Dame des Landes » urbain. Ce qui semble d’ailleurs déjà le cas à Toulouse Jean-Jaurès (Le Mirail). Et il est vrai que l’ambiance qui règne à Tolbiac est bien la même avec, en plus, une mystérieuse agression par des militants d’extrême droite. Mais ce qui a motivé Georges Haddad à demander une intervention des forces de l’ordre c’est la découverte de cinq cocktails molotov par ses agents de sécurité. Loin des tweets bon enfant du chien fétiche de ceux qui se revendiquent de la « commune de Tolbiac » (lire ci-contre).
Auparavant c’est au sein de l’emblématique Paris-Nanterre que les forces de l’ordre étaient intervenues au grand dam de beaucoup d’enseignants présents. Ce que son président, Jean-François Balaudé a justifié ainsi : « Il y avait un fort risque qu’une occupation du type de celles ayant cours à Tolbiac, à Nantes ou encore à Paris 8, se déploie à Nanterre » et c’est pour cette raison qu’il a décidé de recourir « à un moyen exceptionnel dont je n’aurais jamais pensé avoir à user : la réquisition des forces de police pour procéder à l’évacuation de cette occupation ».
10/20 ! Comment amener une majorité d’étudiants à suivre un mouvement qui l’intéresse finalement assez peu ? Mais en lui promettant ma moyenne aux examens. Ce à quoi se refusent absolument les présidents d’université. Et que faire alors ? Et bien casser ! La salle des serveurs de l’Université Paul Valéry de Montpellier a ainsi été vandalisée. « Le fonctionnement informatique de l’Université est désormais à l’arrêt et la connexion Internet de l’université est suspendue. Cette action vise indéniablement à empêcher les étudiants de l’Université de passer leurs examens du second semestre », dénonce Frédérique Vidal qui réfléchissait par ailleurs à faire passer les examens sur Internet. Comme se préparait justement à la faire l’Université Paul Valéry de Montpellier…