Le Triathlon Audencia fêtait sa 30ème édition le week-end du 16 septembre. Plus important évènement français de la discipline il reçoit chaque année plus de 6000 participants, dont une « Poursuite
élite » internationale qui réunit les tous meilleurs triathlètes du monde. et plus de 150 000 spectateurs, le tout encadré par 400 étudiants de l’école. « Chaque année nous laissons les clés de La Baule à Audencia et nous ne pouvons que nous en féliciter », se réjouit le maire de la ville, Yves Métaireau, venu remettre quelques uns des trophées. Course Croisière Edhec, Jumping International de l’Ecole polytechnique, 4L Trophy, Altigliss… les événements étudiants prennent une place de plus en plus importante dans les cursus et pas seulement dans les écoles de management. Mais qu’apportent-ils
vraiment ?
Apprentissage par la pratique
« Diriger une association c’est un véritable apprentissage du management par la pratique avec une équipe de 24 étudiants qu’il faut gérer de novembre à septembre pendant 2 h à 2 h 30 par jour », confie Jérémy Paillusson, qui dirige l’association Triathlon Audencia La Baule. « Nous sommes soixante étudiants mobilisés pendant un an pour préparer l’événement », explique de son côté Marvin Blandin, qui présidait en 2016 l’association étudiante de Grenoble EM organisatrice d’Altigliss, la Coupe du monde étudiante de ski qui regroupe chaque année 1000 étudiants, 45 établissements et 10 pays autour de 20 épreuves sportives à Val d’Isère.
L’un comme l’autre ont « mis leur vie de côté pendant presque un an pour préparer l’événement ». Tout juste sortis de prépas les responsables des postes clés (président, trésorier, responsable communication,…) doivent en effet gérer un budget qui dépasse les 1,3 M€ pour le Triathlon Audencia La Baule et 750 000€ pour Altigliss. Les deux tiers du budget d’Altigliss proviennent des étudiants participants et un tiers de sponsors chaque année plus nombreux, KPMG, Société Générale, Lidl, etc., venus se présenter aux étudiants. Du côté du Triathlon Audencia il s’agit d’abord pour les entreprises présentes de fédérer leur personnel en envoyant des équipes qui peuvent se relayer (le premier nage, le deuxième pédale, le troisième court) lors de triathlons « tri-relais ».
Pour les deux responsables associatifs la bonne gestion des relations avec ces sponsors est primordiale. « Je prends personnellement en charge la recherche des partenaires (SNCF, Airbus, Cap Gemini, etc.) sachant que certaines ne font que faire participer leurs personnels quand d’autres sont présentes tous les jours, comme Huewei, pour nouer des contacts avec les étudiants », remarque Jérémy Paillusson.
A charge également pour leurs équipes d’étudiants de nouer les contacts avec les agents municipaux des deux mairies qui prennent en charge la sécurité de l’événement. « Nous nous assurons chaque nuit que tous les étudiants ont bien réintégré leurs chambres et faisons des patrouilles avec la police municipale », rappelle Marvin Blandin. A La Baule les 400 bénévoles de l’école donnent un coup de main décisif pendant les trois jours que dure l’événement.
Quel encadrement de l’école ?
Ces associations sont plus ou moins autonomes. « Pendant l’année, nous leur demandons juste de valider régulièrement leurs comptes mais sinon nous n’intervenons pas. C’est leur projet, leur responsabilité », explique Jean-François Fiorina, le directeur adjoint de Grenoble EM, très « fier » de ses étudiants et de leur « maturité ». L’encadrement est plus important à Audencia où le responsable de la « discipline sport », Hervé Delaunay, forme chaque année la nouvelle équipe : « C’est l’équipe de l’année précédente qui choisir la nouvelle et je n’interviens qu’en bout de course, en novembre quand il faut élire le président, les deux secrétaires et le trésorier. Ce sont tous des passionnés qui ont été bénévoles que je vois très régulièrement jusqu’en janvier où ils sont totalement opérationnels ».
Hervé Delaunay l’a noté, les étudiants ont « souvent un problème d’anticipation » face à un événement très lourd à mettre en oeuvre, avec beaucoup de détails à anticiper et il faut parfois « calmer leur dynamisme ». A charge pour lui de leur apprendre à gérer les relations avec les partenaires – mairie de la Baule, entreprises, etc. -, avec lesquels il faut savoir « faire preuve de diplomatie ».
A la clé une expérience à valoriser
Passionné de triathlon qui compte même « faire carrière dans l’organisation d’événements sportifs » Jérémy Paillusson a largement choisi Audencia dans l’espoir de l’organiser. Lui comme pour tous les autres membres des associations « savent que sur un CV cela fait la différence d’avoir participé à un événement d’une telle ampleur » selon les mots d’Hervé Delaunay. « C’est un projet très formateur. L’organisation du Triathlon nous permet de mettre en application des notions qu’on aborde en cours. Au niveau «management» il faut veiller à ce que chacun assure sa mission et maintenir une bonne ambiance de travail », confirme Etienne Leconte, le président de l’association organisatrice du triathlon en 2016.
Sauf pendant et dix jours qui précèdent l’événement, les étudiants d’Audencia ne bénéficient impliqués dans l’association ne bénéficient d’aucune décharge de cours mais chacun peut valider jusqu’à 6 crédits (sur les 60 crédits qu’on peut obtenir par an dans son cursus) via un dossier de valorisation des acquis intra-scolaires. A Grenoble EM l’expérience entre dans le cadre d’un « parcours entrepreneur associatif » qui permet aux membres clés des différentes associations de l’école de consacrer, pendant un semestre, tous leurs après-midis à la réalisation d’un projet. En amont, ils suivent une formation de 15 jours au moment de leur prise de fonction pour devenir de « véritables managers opérationnels » sur des compétences essentielles (trésorerie, gestion de conflits, coaching, harcèlement, etc.).
Fédérer les étudiants
« Le triathlon un événement unique parce qu’organisé chaque année par des étudiants pour lesquels ce sera une expérience hors du commun dont ils se souviendront toute leur vie », commente Emeric Peyredieu du Charlat, le directeur général d’Audencia. Une expérience fédératrice de promotions qu’ils auront eu toute une année à préparer. Dans les jours qui suivent ils vont d’ailleurs commencer à passer le relais à ceux qui viennent d’intégrer l’école à la sortie de leur prépa ou en admission sur titre. Une sorte de sas intégrateur également. « Les étudiants sortis de prépas sont très performants car concentrés sur leurs études avec une formation assez large qui leur donne également de la profondeur. Ils doivent juste apprendre à être plus collaboratifs et moins individuels et à acquérir une dimension critique », remarque Frank Bostyn, l’ancien directeur de Neoma BS, qui a longtemps exercé dans des business schools en Europe et aux Etats-Unis et en conclut : « C’est aussi pour cela que la vie associative est si importante dans les écoles de management françaises – très au-delà de ce qu’on voit dans les autres pays -, parce qu’elle donne une culture managériale dans une autre relation avec ses amis et collègues ».