Sous son impulsion les instituts d’administration des entreprises (IAE) voient leur impact s’amplifier. Président d’IAE France et directeur de l’IAE Paris-Sorbonne Business School Eric Lamarque fait le bilan de son action.
Olivier Rollot : Après presque deux ans à la présidence d’IAE France quel bilan pouvez-vous tirer de votre action ?
Eric Lamarque : Il y a deux ans nous n’étions pas très visibles vu de la Dgesip (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle) du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ou de la Conférence des présidents d’université (CPU). Nous avions en effet consacré le plus clair de nos efforts en externe pour être aussi crédibles que les écoles de management. Parfois des décisions étaient prises dans les universités comme si les IAE n’existaient pas. Nous avons travaillé à faire mieux prendre nos intérêts en compte.
Aujourd’hui quand une décision concernant le management doit être prise la Dgesip nous sollicite. De même les IAE qui recrutent dès le bac sont maintenant présents sur Parcoursup au même titre que les instituts universitaires de technologie (IUT) ou les écoles de commerce. La directrice de la Dgesip, Anne-Sophie Barthez a aussi bien en tête les inquiétudes des IAE quant à l’arrivée d’écoles privées dans les nouveaux regroupements d’université.
C’est le message que nous faisons passer auprès de la CPU, de son président Gilles Roussel, du président de sa commission formation et insertion professionnelle, Guillaume Gellé : s’il y a une politique de site dans le management au sein des regroupements, pensez à privilégier les IAE ! Nous travaillons d’ailleurs à la rédaction d’un Livre blanc où nous détaillerons les problématiques de site dans les IAE. Et là où il n’y a pas d’IAE il faut faire très attention à la façon dont on accepte des écoles privées qui veulent arborer le label d’universités.
O. R : Il y a un véritable effet « Réseau IAE » ?
E. L : Nous voulons réunir les étudiants plutôt que de les classer. Une autre initiative que nous avons prise est ainsi de réunir chaque année les présidents d’IAE – sur le modèle des IUT – pour montrer que les milieux économiques nous suivent. Nous allons également signer une convention avec le réseau des IUT pour organiser intelligemment le développement de nos bachelors.
Pour développer la lisibilité et la visibilité des différentes associations des IAE nous avons également créé en juillet dernier le label IAE FRANCE PARTNER.
A l’international nous avons signé une convention de partenariat avec Campus France pour renforcer la visibilité du réseau IAE dans le monde et faciliter le développement de partenariats à fort rayonnement international. Dans un contexte hyperconcurrentiel, c’est un levier prioritaire à développer et à pousser. Mais attention, il n’est pas question d’oublier les territoires au profit de l’international. Les IAE resteront territoriaux avant tout.
O. R : Aujourd’hui tous les IAE font partie du réseau ? Avec tous le même statut ?
E. L : Ils sont 35 à l’avoir rejoint. Seul Saint-Etienne est encore en dehors alors que l’IAE de Nouvelle Calédonie va nous rejoindre. Partout où la gestion est mise en avant il faut mettre en avant l’IAE alors que beaucoup de facultés de gestion sont diluées avec le droit et l’économie.
Nos étudiants adhèrent tellement à cette notion de marque globale que de des diplômés mettent même en avant leur appartenance à IAE France plutôt qu’à tel ou tel IAE dans leur CV.
Quant au statut 30 IAE sont régis par l’article 713-9 du Code de l’Education qui leur confère une grande autonomie. Pour autant tous n’en utilisent pas forcément toutes les prérogatives avec notamment un budget propre intégré. Trois IAE (Tours, Orléans et La Rochelle) sont des départements d’université alors que l’IAE Gustave-Eiffel est inter universitaire. Enfin l’IAE Paris est un établissement public à caractère administratif (EPA) avec encore un degré d’autonomie supplémentaire.
O. R : Ce qui signifie qu’ils font tous passer l’examen IAE Message ?
E. L : C’est le cas partout sauf à Toulouse qui conserve le Tage de la Fnege.
O. R : Le recrutement dès le bac progresse-t-il ?
E. L : Cela dépend des contingences locales mais cela se développe avec aujourd’hui 13 à 14 IAE qui recrutent dès la première année de licence.
O. R : On parle depuis longtemps de l’entrée des IAE dans la Conférence des grandes écoles comme certains Sciences Po et Polytech. Où en est ce dossier ?
E. L : La Conférence des grandes écoles a signifié un moratoire sur l’entrée de nouvelles écoles internes à des universités.
O. R : Les IAE, et notamment celui que vous dirigez à Paris pour lequel cela représente 80% de son activité, sont particulièrement impactés par la réforme de la formation professionnelle. Comment la vivez-vous ?
E. L : Notre principal souci concerne certaines modalités de mise en œuvre du compte personnel de formation (CPF) et son application. Aujourd’hui on ne peut payer pour une formation qu’en une seule fois alors que beaucoup de nos étudiants préfèrent échelonner leurs paiements. C’est compréhensible quand on s’engage dans une formation qui coûte plus 10 000€ mais cela n’avait pas été pris en compte par les concepteurs de la plateforme. Pour nous à Paris cela signifie déjà une quinzaine d’abandons et 200 000€ de perdus. Nous espérons que le problème sera bientôt résolu.
O. R : Parlons plus spécifiquement de l’IAE Paris-Sorbonne Business School que vous dirigez. Que vous apporte votre association avec l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne ?
E. L : Nous sommes associé par convention à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne pour la délivrance des diplômes. En 2018, nous avons décidé de réunir nos forces avec l’École de Management de la Sorbonne et de créer un groupement d’intérêt scientifique qui associe les centres de recherche des deux écoles : « Sorbonne Recherche en Management » (SRM). SRM a pour ambition de devenir un leader de référence tant à Paris, qu’aux niveaux national ou international dans le domaine de la recherche en sciences de gestion.
O. R : La nécessité de lutter contre le changement climatique est au cœur des exigences des jeunes générations. Comment la gérez-vous ?
E. L : Des actions ont déjà été mises en place pour réduire l’empreinte carbone et faire disparaître le plastique. Depuis février 2020 nous avons développéun programme de compensation carbone des émissions liées à ses missions à l’étranger. Il sera labellisé par le label Bas- Carbone (LBC) du ministère de la Transition écologique et solidaire et devrait permettre de compenser un peu plus de 1000 tonnes de CO2 par des projets de boisements et reboisement en Gironde. Il s’agit d’une étape qui accélère la prise de conscience de l’impact du carbone et l’élaboration d’un modèle de fonctionnement alternatif.
O. R : Vous venez de lancer une nouvelle campagne de communication.
E. L : Pour la première fois nous avons choisi d’imprimer une signature, « Une grande histoire de management », pour réaffirmer notre lien avec la Sorbonne et notre caractère singulier et hybride en tant qu’école universitaire de management. Dans le même esprit, notre sa première campagne de communication s’intitule « Il était une fois, VOUS » et prend la forme d’une saga sur de multiples supports, déclinée tout au long des temps forts de l’école pendant l’année 2020. Enfin, au-delà d’un film institutionnel, nous avons réalisé un fil de marque qui raconte une histoire que tout le monde peut s’approprier qui raconte ce moment de recul, cet « instant d’avant » où tout est possible, où tout dépend d’une seule décision, où il suffit de faire le premier pas, d’avancer droit devant pour écrire son histoire, sa « grande histoire »…