ECOLE D’INGÉNIEURS, POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Elections présidentielles : ce que demandent les écoles d’ingénieurs

Pour prendre sa part dans les élections présidentielles à venir, la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) a présenté ses propositions dans un environnement qui reste très porteur pour la formation des ingénieurs. « La France ne forme toujours pas assez d’ingénieurs : le déficit d’ingénieurs diplômés en France est estimé chaque année à plus de 5 000 », spécifie le président de la Cdefi et directeur de Télécom Saint-Etienne, Jacques Fayolle, qui, comme France Universités, demande qu’une « loi de programmation de l’enseignement supérieur soit votée ». Quant aux propos d’Emmanuel Macro,n appelant l’université à prendre une place leader dans l’enseignement supérieur, Jacques Fayolle y répond que la « force de l’enseignement supérieur français c’est sa diversité ».

Donner plus de moyens. Les écoles d’ingénieurs publiques sont face à un curieux paradoxe : leur succès est important mais chaque étudiant recruté en plus est un coût que l’Etat ne compense pas à coût complet. L’enseignement supérieur privé a pris le relais mais, là aussi, les baisses de subventions de l’Etat sont constantes pour les établissements sous statut d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG). La Cdefi demande donc plus de moyens pour l’ensemble des écoles. D’un côté par un accroissement de la dotation et les effectifs des personnels des écoles d’ingénieurs. De l’autre en « multipliant par deux en dix ans la dotation aux écoles EESPIG, pour compenser sa division par 2 en 10 ans. Cela permettrait de passer en moyenne de 600 à 1500€ par étudiant et par an », exprime Jean-Michel Nicolle, vice-président de la Cdefi et directeur de l’EPF.

Dans cette optique il faut également préserver le développement de l’apprentissage. « Nous souhaiterions notamment atteindre 25% de diplômés en apprentissage. Pas en passant d’un système à l’autre mais en recrutant plus sur former plus. Mais encore faut-il que l’Etat finance France Compétences à la hauteur », insiste Jacques Fayolle qui demande à ce que les établissements d’enseignement supérieur « soient présents au conseil d’administration de France Compétences ».

Soutenir l’enseignement des sciences. La Cdefi entend soutenir l’enseignement des sciences « dès le plus jeune âge » ce qui peut passer par un « accompagnement des enseignants » mais aussi une démarche volontariste vis-à-vis du profil de jeunes qui n’entrent pas tous dans le cadre classique. « Nous demandons l’ouverture d’une discussion en primaire ou même au collège pour que toutes les sortes d’intelligence soient respectées », signifie Emmanuel Duflos, directeur de Centrale Lille et vice-président de la Cdefi.

La Cdefi propose également d’encourager davantage les jeunes femmes à embrasser des carrières d’ingénieur alors que leur pourcentage stagne aux alentours des 28%. « Il faut sensibiliser l’ensemble des acteurs, entreprises, enseignement supérieur à l’importance de la parité pour l’économie », demande Emmanuel Duflos. Un « observateur des choix disciplinaires » pourrait être créer pour favoriser la diversité.

La recherche essentielle dans les écoles d’ingénieurs. « Les écoles d’ingénieurs ne sont pas aujourd’hui des acteurs à part entière de l’écosystème français de recherche, encore très concentré dans les établissements publics type CNRS et dans les universités Elles doivent prendre pleinement leur place notamment dans les laboratoires sous multi-tutelles », demande Sophie Mougard, vice-présidente de la Cdefi et directrice des Ponts.

La directrice demande aussi que le doctorat soit plus valorisé et que les thèses Cifre soient plus largement financées, à hauteur de 20% : « Un plus grand nombre de doctorants doivent travailler en entreprises tout en étant encadrés par nos chercheurs dans nos laboratoires ». Les appels à projet finançant des enjeux économiques assez immédiats, elle demande que les « établissements puissent également financer des thèses sur des sujets plus fondamentaux ».

Développer la recherche contractuelle. Pour rapprocher la recherche contractuelle des écoles avec les entreprises la Cdefi propose notamment la création d’une « contribution partenariale scientifique » sur le même principe que la taxe d’apprentissage (détermination de son montant en pourcentage de la masse salariale1 et affectation libre par décision de l’entreprise directement aux bénéficiaires). Cette nouvelle contribution serait dévolue au financement des fondations partenariales ou équivalentes2 des établissements d’enseignement supérieur et de recherche publics ou privés à but non lucratif. « Cette contribution permettrait de donner aux établissements d’enseignement supérieur les moyens financiers nécessaires au développement des activités de recherche et d’innovation, mais aussi de renforcer durablement le lien entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et les entreprises », explique Christian Leminiaux, vice-président de la Cdefi et directeur de Chimie Paris.

Mais encore faudrait-il que les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur se rapprochent plus dans leurs personnels mêmes. « Il n’y a pas assez de professionnels qui passent des entreprises à l’enseignement supérieur. Il faudrait peut-être créer une filière dédiée », propose Christian Leminiaux.

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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