Evaluations : UniLasalle a une croissance « rapide, cohérente » que souligne le Hcéres

by Olivier Rollot

Le rapport d’évaluation de l’Institut polytechnique UniLasalle que publie le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) met en lumière une institution en transformation continue depuis près d’une décennie. Porté par une série de fusions successives — EME Rennes en 2018, ESIEE Amiens en 2020 — et par l’ouverture en 2022 de la première formation vétérinaire privée de France, l’établissement a doublé de taille en sept ans pour atteindre plus de 4 000 étudiants et 538 salariés. Une croissance « rapide, cohérente » avec un projet stratégique axé sur les transitions environnementale, numérique et énergétique, mais qui « impose désormais une refonte en profondeur de l’organisation interne ».

Une intégration des écoles réussie et un projet académique clair. Le comité d’experts salue une trajectoire d’intégration particulièrement fluide : fusion des associations alumni (désormais 22 000 membres), harmonisation des diplômes, structuration des cursus d’ingénieurs autour de majeures et mineures permettant des mobilités internes. Le projet pédagogique repose sur trois piliers — approche par compétences, approche par programme et “learning by doing” — et bénéficie d’un appui fort d’équipes dédiées, comme la cellule d’innovation pédagogique ou les Labs de Beauvais et Amiens, présentés en détail dans le rapport.

Le taux d’insertion, compris entre 83 % et 94 % selon les parcours, témoigne d’une formation adaptée au marché. L’internationalisation progresse également grâce au dispositif GoLaSalle, qui impose une mobilité sortante à 100 % des étudiants ingénieurs, et au master européen EM-PLANT+.

Une vie étudiante particulièrement structurée. La vie sur les quatre campus (Beauvais, Rouen, Rennes, Amiens) occupe une place centrale dans le projet lasallien, comme le documenté au chapitre dédié. Avec 164 associations étudiantes et un budget annuel de 1,58 M€, UniLaSalle encourage massivement l’engagement, notamment via un module légitimant 21 heures de service ou un engagement solidaire chaque année. L’école affiche également des dispositifs avancés en matière de handicap (299 étudiants accompagnés) et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Une organisation interne devenue trop complexe. La croissance rapide du périmètre a conduit à une superposition de structures : services centraux d’un côté, services hérités des écoles intégrées de l’autre. Le rapport relève un fonctionnement « très peu lisible », générateur de lourdeurs administratives, de blocages opérationnels et d’un sentiment de surcharge exprimé lors de l’enquête interne sur la qualité de vie au travail.

Le HCERES recommande une refonte urgente de l’organisation : clarification des responsabilités entre niveau central et campus, simplification des processus, meilleure articulation entre les équipes. Une étape jugée essentielle pour stabiliser le fonctionnement au quotidien et soutenir l’ambition académique.

Des fragilités RH susceptibles d’affecter la recherche. Avec un turnover annuel d’environ 6 % et des difficultés de recrutement dans plusieurs disciplines — numérique, génie des procédés, médecine vétérinaire — l’institut peine à attirer et fidéliser les enseignants-chercheurs. Le comité note l’absence de politique RH structurée, notamment en matière d’évolution de carrière, et une faible reconnaissance institutionnelle de l’activité de recherche, ce qui limite l’implication dans les projets nationaux et internationaux.

Ces fragilités « pourraient affaiblir la capacité de l’établissement à maintenir son niveau scientifique », d’autant que l’école vétérinaire nécessite des recrutements importants dans les prochaines années.

Une trajectoire financière encore mal anticipée. Le rapport pointe un « déficit d’analyse de la trajectoire financière ». Alors que la baisse démographique du vivier étudiant va peser sur les recettes issues des frais d’inscription, UniLaSalle ne dispose pas encore de scénarios pluriannuels consolidés pour sécuriser son modèle économique. Si l’établissement utilise une comptabilité analytique, celle-ci reste peu intégrée aux arbitrages stratégiques.

L’institut est donc invité à renforcer les compétences de pilotage financier, à affiner sa vision de moyen terme et à articuler plus étroitement stratégie, budgets et investissements.

Des partenariats à homogénéiser et une attractivité internationale insuffisante. Le rapport fait état d’une politique de partenariats très hétérogène selon les sites. Les collaborations académiques sont solides dans les Hauts-de-France et en Normandie, mais encore limitées en Bretagne, notamment autour du campus rennais. Par ailleurs, l’objectif stratégique d’atteindre 10 % d’étudiants internationaux n’a pas été rempli : l’école plafonne à 7,6 %, malgré des formations anglophones et une stratégie affichée d’ouverture.

  • En conclusion, le HCERES confirme que l’institut remplit les critères du statut EESPIG. Mais il identifie des priorités majeures : sécuriser le modèle financier, réformer l’organisation interne, structurer la stratégie de recherche, renforcer les partenariats académiques et professionnaliser la formation continue. Autant de chantiers qui conditionneront la capacité d’UniLaSalle à consolider son développement.

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