ECOLE D’INGÉNIEURS, ECOLES DE MANAGEMENT

Hybrides dès le bac : la montée en puissance des formations tech et management

Le DVIC, centre d’innovation du Pôle Léonard de Vinci, est ouvert aux étudiants de ses écoles d’ingénieurs, de management et du digital

Paris School of Technology and Business, EPITA IA Institut, BBA Big Data & Management d’Audencia et Centrale Nantes ou encore AIvancity, ces derniers mois les écoles et programmes hybrides se sont multipliés dans l’enseignement supérieur. Mais le mouvement d’hybridation ne date pas d’hier : Tema pour Neoma, Iteem pour Centrale Lille et Skema sont des programme déjà bien ancrés dans l’enseignement supérieur. Sans oublier une multitude de parcours qui peuvent parfois déboucher sur un double diplôme. A la rencontre d’un monde hybride…

Des écoles 100% hybrides. Le plus simple pour faire travailler des écoles ensemble est encore qu’elles dépendent du même groupe. Le groupe Ionis ouvre ainsi à la rentrée 2022 l’EPITA IA Institut, école post-bac centrée sur le data engineering et l’intelligence artificielle. « Nous voulons apporter aux étudiants de cette nouvelle école une compétence pluridisciplinaire : l’expertise en IA de l’EPITA associée à celles de l’ESME et de l’ISG pour en couvrir toutes les dimensions », explique Marc Sellma, le président du groupe Ionis. A l’issue d’un parcours en six ans, les étudiants bénéficieront d’un double diplôme : le Master of Engineering de l’EPITA IA Institut et, selon le parcours retenu et après admission par les écoles concernées, le titre d’Ingénieur de l’EPITA ou de l’ESME ou le diplôme de l’ISG.

Toujours à la rentrée 2022 le groupe Galileo lancera quant à lui la Paris School of Technology and Business (PST&B). « Nous voulons former des diplômés aussi agiles en Tech qu’en Business, pour répondre aux enjeux de la transformation digitale des entreprises et organisations », résume son directeur Armand Derhy, qui entend recevoir 800 étudiants en France en 2025 dans six campus en France et deux à l’international. PST&B proposera des programmes Bachelor, Mastère et MBA permettant une hybridation progressive, en présentiel mais aussi à 100% en distanciel. Les étudiants se verront tous délivrer deux diplômes complémentaires d’écoles membres du réseau Galileo Global Education selon les parcours choisi. De plus, des doubles diplômes au niveau national avec l’université Paris Est Créteil, EFREI ou Paris School of Business sont proposés ainsi que des doubles diplômes internationaux avec des établissements tels que Mc Gill University, Regent’s U, Griffith University…

Depuis la rentrée 2021 aivancity School for Technology, Business & Society Paris-Cachan a ouvert ses portes. « Ni école de commerce, ni école d’ingénieurs, aivancity est une école pour la technologie, le business et la société. Nous préparons des futurs IAgénieurs® », explique Tawhid Chtioui, le fondateur de l’école, qui insiste : « Les entreprises qui réussissent ce ne sont pas seulement celles qui ont la meilleure technologie, ce sont d’abord celles qui ont le meilleurs business model telle Google. Il faut avoir une vision globale de l’écosystème pour y réussir ».

Mais l’hybridation n’est pas née d’hier. Alliant TEchnologie et MAnagement TEMA propose depuis 1999 un programme postbac en 5 ans amenant ses étudiants vers une triple compétence autour du management, du digital et de la créativité. « TEMA inclut un semestre d’échange hors management, en deuxième année, dédié à la tech ou à la créativité, qui favorise la fertilisation croisée et développe l’habitude des étudiants à travailler avec des spécialistes de ces domaines », explique la directrice générale de Neoma, la maison mère de Tema, Delphine Manceau. Les étudiants peuvent par exemple passer un semestre au sein de l’Université de Technologie de Troyes (UTT) ou du CESI pour les technologies et l’ingénierie ou encore à l’Ecole de design de Y schools pour un échange plus orienté créativité.

Des programmes 100% hybrides. Nés de la rencontre de plusieurs établissements, les programmes de doubles, voire triples compétences, fleurissent depuis longtemps. Mais ils étaient jusqu’ici plutôt accessibles dans le cadre de parcours de master ou de mastères spécialisés. Dans ce cadre de l’Alliance qui lie Audencia et Centrale Nantes, le BBA Big Data & Management délivré conjointement par les deux écoles est devenu en 2021 le premier programme en France qui a obtenu la double reconnaissance (visa et grade) de la Commission des titres d’ingénieur (CTI) et de la Cefdg (Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion). « Nous voulons renforcer et augmenter l’hybridation des compétences chez nos étudiants. L’étudiant d’Audencia de demain, l’ »Homo Audenciens », devra posséder trois types de compétences : des compétences sociétales, des compétences professionnelles et des compétences comportementales validés par un passeport keys. Depuis 10 ans grâce à l’Alliance avec Centrale Nantes et l’ensa, nous avons été des pionniers dans ce domaine », explique Christophe Germain le directeur d’Audencia. Seul souci : le programme est tellement innovant qu’il n’entre dans aucune case du Parcoursup. Il a été finalement répertorié du côté des bachelors des écoles de commerce en attendant – peut-être en 2023 – que soir créée une entrée « hybride ».

Hybridé le Pôle Léonard-de-Vinci l’est par nature et ce sont même 20% des cours qui sont communs aux trois écoles qui le composent : d’ingénieurs avec l’Esilv, de management avec l’EMLV et de digital avec l’IIM. L’Esilv et l’EMLV ont ainsi créé conjointement un bachelor Technologie & Management et l’EMLV un bachelor Digital & International Business avec l’IIM. « Cette hybridation on la voit au quotidien et dans la vie associative. Les 58 associations du Pôle mélangent tous les étudiants. De même le De Vinci Innovation Center est ouvert à tous les profils. Sans oublier les « semaines transverses » pendant lesquelles ils travaillent ensemble en équipes projet pluridisciplinaires. Au bout de quelques mois les étudiants ne font plus vraiment de différence entre eux », assure Pascal Pinot, le directeur de l’Esilv qui.

Des universités forcément hybrides. Ce qui est vrai dans l’enseignement privé l’est aussi dans le public et particulièrement dans les nouvelles universités expérimentales, paar nature hybrides. En créant l’université Gustave Eiffel, son président, Gilles Roussel, a pu rapprocher une université, celle de Marne-la-Vallée, et des Grande école d’ingénieurs, EIVP et Esiie. Maintenant totalement intégrée dans la nouvelle université, l’Esiee a lancé à la dernière rentrée un bachelor pluridisciplinaire en trois ans en Economie, Sciences et technologies multimédia. Ses titulaires pourront ensuite intégrer le cycle ingénieur en deuxième année dans un format 3+2.

Hybride le Bachelor of Arts and Sciences (BASc) de Sciences Po l’est également dès le postbac. Délivré depuis 2020 à l’issue d’un double cursus d’une durée de quatre ans, il associe les sciences et les sciences humaines et sociales. « A travers l’étude des grands thèmes transversaux de notre siècle dont la transition écologique, l’intelligence artificielle et les big data ou encore la manipulation du vivant et ses enjeux éthiques nous bâtissons des ponts entre les disciplines », définit Nicolas Benvegnu, qui dirige le programme « METIS » de Sciences Po. Les deux premières années s’appuient à la fois sur les enseignements de premier cycle de Sciences Po et ceux en sciences dispensés par l’université partenaire. Sur le campus de Reims il est ainsi dispensé avec l’université de Reims et sur celui de Paris avec l’université de Paris. La troisième année s’effectue à l’international et la quatrième à l’approfondissement des enseignements scientifiques chez les établissements partenaires, complétés par des cours interdisciplinaires proposés par les institutions respectives.

Hybrider tous les enseignements. Au sein du Pôle Léonard de Vinci, de nouveaux mastères spécialisés, MSc, MBA et bachelors hybrides vont maintenant voir le jour L’objectif est qu’un quart des étudiants soient inscrits dans des doubles diplômes ou des programmes hybrides. Même volonté de renforcer l’hybridation du côté du groupe Ionis comme l’explique Marc Sellam : « Cette capacité à mixer les écoles, les expériences, est au cœur de notre projet. Les étudiants de nos écoles sont amenés à travailler dans des groupes pluridisciplinaires. Les étudiants de Supbiotech et de l’ESME travaillent ensemble sur les questions de santé. De l’Ipsa et de de l’ESME sur l’informatique embarquée, etc. Et tous les projets de création d’entreprise peuvent être suivis dans le Ionis 361 Incubateur ».

C’est toute la force des groupes pluridisciplinaires que de permettre facilement ces rapprochements. Témoin une autre école du groupe Galileo, PSB, comme l’explique son directeur, Philippe Jamet : « Nous entendons plus que jamais nous appuyer sur l’expertise des écoles françaises et internationales du réseau Galileo Global Education. Nous allons ainsi permettre à nos étudiants de construire leur propre parcours augmenté et individualisé ». Pour ce faire PSB rejoindra un nouveau campus à la rentrée 2024. Installé au cœur dans le 5ème arrondissement de Paris, ce campus de 20 000m2 sera « conçu comme une véritable plateforme d’hybridation et de créativité avec les autres écoles du groupe ».

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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