POLITIQUE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Quels effectifs dans l’enseignement supérieur à la rentrée 2022 ?

Des étudiants de l’université Lyon 3 sur le site de la Manufacture des tabacs (Photo : Université Lyon 3)

Après deux années exceptionnelles de réussite au bac, un semblant de normalité devrait commencer à apparaitre en 2022-23. Résultat : les effectifs de néo-bacheliers vont peu à peu baisser pour retrouver leur étiage de 2019. Si 59 400 étudiants supplémentaires sont entrés dans l’enseignement supérieur en 2021 (+2,1%) à la rentrée 2022, la hausse ne devrait ainsi plus être que de 0,6 %, soit 17 100 étudiants de plus selon la note du SIES sur les Prévisions des effectifs dans l’enseignement supérieur – Rentrées 2021 et 2022. Dans ce cadre les effectifs de l’enseignement supérieur privé connaissent une hausse des effectifs près de quatre fois plus élevée que le public selon une autre note du SIES.

Un moindre taux de réussite du bac. L’hypothèse que retient le SIES est celle d’un nouveau recul du taux de réussite au bac après déjà une baisse en 2021 de 1,9 point par rapport à la session 2020 à 93,8% de réussite, soit 5,7 points de plus qu’en 2019. Le SIES estime également que la hausse des taux de passage des étudiants déjà en formation dans le supérieur serait pérenne.

Stagnation des effectifs universitaires. À l’université hors IUT, le nombre d’inscriptions serait en légère hausse – 0,3 % – en 2021 (4 200 étudiants de plus), puis à nouveau de 0,3 % en 2022 (4 600 étudiants). Après un repli à la rentrée 2020, dû à l’afflux de bacheliers, le taux de poursuite des néo-bacheliers à l’université hors IUT retrouverait ainsi la progression observée depuis 2017.

Le nombre d’étudiants en licence n’en devrait pas moins légèrement diminuer lors des deux prochaines rentrées, l’effet du pic de naissance de l’an 2000 s’estompant (respectivement -0,1 % et -0,4 % aux rentrées 2021 et 2022).

Par discipline, la réforme de l’accès aux études de santé mise en place à la rentrée 2020 a des effets sur la répartition des effectifs en 2021 : l’impossibilité de
redoubler en 1ère année conduit à une baisse importante des étudiants en Parcours Accès Santé Spécifique – PASS (-30 %) et à une hausse dans les autres disciplines, où les étudiants non admis en 2ème année poursuivraient leurs
études. En 2022, les effectifs n’augmenteraient qu’en sciences (0,4 %). Ils baisseraient en PASS (-3,7 %) et STAPS -1,9 %) et évolueraient peu dans les autres grandes disciplines.

Les Grande écoles continuent leur progression. Selon la note du SIES, les étudiants sont beaucoup plus nombreux à la rentrée 2021 par rapport à la rentrée 2020 que ce soir en écoles de commerce, gestion et vente (+7,1%), dans les établissements d’enseignement universitaire privés (+5,4%) et dans les écoles d’ingénieurs (+3,2%). Ces trois filières accueilleraient 21 800 étudiants de plus à la rentrée 2021.

Cette évolution positive se poursuivrait en 2022 sur un rythme soutenu mais inférieur à celui de 2021 (13 300 étudiants de plus) soit une hausse de 3,5 % pour les écoles de commerce et de 2,7 % dans les établissements d’enseignement universitaire privés comme dans les formations d’ingénieurs. Là comme ailleurs la baisse du nombre de bacheliers se fera en effet sentir.

Filières courtes : de fortes variations à prévoir. Beaucoup plus dépendantes que les autres des évolutions démographiques et de la réussite au baccalauréat, les filières courtes verraient leurs effectifs fortement varier aux rentrées 2021 et 2022.
Ainsi, en sections de technicien supérieur (STS), si les effectifs ont augmenté significativement à la rentrée 2021 (19,5 % pour étudiants apprentis(soit 21 300 étudiants de plus et +2,5 % pour ceux sous statut scolaire), leurs effectifs diminueraient de, respectivement de 0,3 % et 1,4 % en 2022.
Dans les CPGE (classe préparatoire aux grandes écoles) et les instituts universitaire de technologie (IUT), les baisses du taux de poursuite constatées ces dernières années entraîneraient une baisse notable des effectifs à la rentrée 2021 (respectivement de 0,6% et 0,7%). À la rentrée 2022, cette baisse s’accentuerait dans les CPGE : -1,1 % soir 900 étudiants de moins alors
qu’un rebond serait observé dans les IUT (+0,3 %), filière dans laquelle les étudiants entreront en 3ème année pour la 1ère fois à la rentrée 2023 pour obtenir leur bachelor universitaire de technologie (BUT).

L’enseignement privé en pointe. En 2020-2021, la progression des effectifs dans
l’enseignement supérieur privé a été de 5,1% quand celle de l’enseignement public n’a été que de 1,3%. L’enseignement supérieur privé accueille ainsi 592 600 étudiants, soit 21% des effectifs du supérieur (une part en hausse de 0,6 point par rapport à 2019).

La part de l’enseignement supérieur privé est très variable d’une académie à l’autre, comprise entre 1,4% (Mayotte) et 32% (Paris). À la rentrée 2020, elle augmente sensiblement dans les académies de Lyon, Rennes et Reims. Au moins un quart des étudiants sont inscrits dans le secteur privé dans les académies de Paris, Nantes, Lyon, Lille et Versailles et moins de 10 % dans celles de Corse, Besançon, Strasbourg, Limoges, Orléans-Tours, Clermont-Ferrand et des DROM, à l’exception de la Martinique (10,9 %).

 

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Olivier Rollot est directeur du pôle Information & Data de HEADway Advisory depuis 2012. Il est rédacteur en chef de "l’Essentiel du Sup" (newsletter hebdomadaire), de "l’Essentiel Prépas" (webzine mensuel) et de "Espace Prépas". Ancien directeur de la rédaction de l’Etudiant, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, Olivier Rollot est également l'un des experts français de la Génération Y à laquelle il a consacré un livre : "La Génération Y" (PUF, 2012).

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